Entretien d'EuropeLa Russie et l'Europe : enjeux et perspectives
La Russie et l'Europe : enjeux et perspectives

Multilatéralisme

Sergey Yastrzhembsky

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24 septembre 2007

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Invité

Yastrzhembsky Sergey

Sergey Yastrzhembsky

Conseiller du Président russe, représentant spécial du Président russe pour les questions relatives au développement des relations avec l'Union européenne.

1. Le Sommet UE/Russie de Samara en mai 2007 n'a pas permis de rapprocher les positions de la Russie et de l'Union européenne sur de nombreux sujets. Quels sont, selon vous, les différends majeurs actuels entre Moscou et Bruxelles ? Comment réinstaller une atmosphère de confiance réciproque entre les deux ensembles ?

Malgré le pessimisme des médias sur nos relations, nous restons attachés à une coopération de long terme avec l'Union européenne. Nous avons déjà réussi à créer les bases solides du partenariat stratégique et à lancer des projets prometteurs. Toute la structure de notre coopération a été considérablement revue. Les relations politiques, économiques, juridiques et culturelles entre la Russie et l'Union européenne s'inscrivent dans le cadre des quatre espaces communs. La feuille de route de ces espaces constitue la base de l'approfondissement du partenariat stratégique entre la Russie et l'Union européenne qui repose sur les principes d'égalité et d'interdépendance.

En mai 2007, le sommet Russie-UE s'est tenu à Samara. Nous estimons que son bilan est globalement positif. Nous sommes convenus d'actions concrètes pour promouvoir la coopération dans certains domaines. Les responsables russes et européens se sont mis d'accord sur l'intensification du dialogue sur la suppression des visas, le statu quo du régime du transit entre la région de Kaliningrad et le reste de la Russie, et la promotion réciproque des investissements entre la Russie et l'Union européenne.

Nous avons décidé de poursuivre les travaux relatifs à la création d'un mécanisme d'avertissement entre la Russie et l'Union européenne dans le domaine de l'énergie, de lancer sept programmes de coopération frontalière et de procéder à des échanges d'informations sur les marchandises dans le cadre du commerce bilatéral.

Lors de ce sommet, nous avons discuté en détail les obstacles qui nous empêchent d'avancer. Il y a un fossé manifeste entre le potentiel de nos relations et leur réalité, ou celui entre la dynamique des relations entre la Russie et certains Etats membres de l'Union européenne, d'une part, et une certaine inertie des relations avec l'Union européenne, d'autre part. Au cours des dernières années, plusieurs projets ont abouti avec certains Etats membres de l'Union européenne, notamment le gazoduc sous la mer Baltique entre la Russie et l'Allemagne, l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis entre la Russie, la Bulgarie et la Grèce, et le cyclotron de Bratislava en Slovaquie. Malheureusement, je ne peux pas en dire de même sur les projets avec l'Union européenne elle-même. En outre, pour l'opinion publique russe, l'Union européenne est soit source de problèmes, soit exigeante à l'égard de la Russie. Nous avons répété, à plusieurs reprises, que nous ne voulons pas faire éclater l'Union européenne. Ce n'est pas dans notre intérêt. Cependant, il faut trouver un mécanisme afin de formuler précisément et concrètement les intérêts stratégiques de l'Union européenne dans ses relations avec la Russie. Sinon, nous serons toujours accusés de vouloir jouer des divergences internes au sein de l'Union européenne.

J'espère que le dialogue entamé lors de ce sommet permettra, à l'avenir, de ne plus parler des problèmes techniques, car, à ce niveau, ce sont les questions stratégiques qui doivent être traitées. La politisation des questions techniques n'est pas favorable au succès. Rappelons-nous que les vols transsibériens et le commerce de l'acier constituaient des obstacles dans nos relations avec l'Union européenne. Ces questions ont été résolues après leur passage du cadre politique au cadre d'expertise technique. Nous prions l'Union européenne de discuter de toutes les autres questions (énergie, droits de l'Homme ou sécurité) de cette manière.

Parallèlement, nous trouvons inadmissibles de profiter de ces sommets pour faire passer les demandes de certains Etats membres de l'Union européenne à notre égard pour des demandes émanant de l'Union. Dans ces circonstances, nous estimons que les Etats membres de l'Union européenne qui ont une expérience positive de coopération avec notre pays aideront les nouveaux Etats membres à renoncer à la tentation d'utiliser le "levier européen" pour résoudre leurs problèmes bilatéraux avec la Russie.

Certes, les relations entre la Russie et l'Union européenne ne peuvent pas être exemptes de difficultés. Mais elles ne doivent pas freiner nos relations. Au contraire, leur résolution doit donner de l'élan au développement de nos relations. Nous avons tout pour le faire.

2. La question de la sécurité énergétique est de première importance en Europe. L'énergie ne pourrait-elle pas constituer le socle d'un véritable partenariat stratégique ? Si oui, selon quelles modalités ?

Le dialogue énergétique constitue l'un des points centraux de la "feuille de route" dans le cadre de l'Espace économique commun. Cependant, il sort du cadre des relations UE-Russie et rentre dans celui de la sécurité énergétique globale.

Les principes de ce dialogue ont été précisés lors du sommet du G8 à Saint-Pétersbourg en 2006. Ce sont la transparence, la prédictibilité, la stabilité des marchés énergétiques, la responsabilité réciproque des producteurs et des consommateurs sur la base d'une distribution plus équitable des risques, la promotion de l'efficacité énergétique, la sécurité physique de l'infrastructure énergétique, etc.

Notre approche de la sécurité énergétique comporte plusieurs volets comprenant aussi la garantie de la demande et de l'offre. A cet égard, la Russie est autant dépendante de la demande européenne à long terme que l'Union européenne l'est de nos livraisons. Nous considérons que cette interdépendance est positive.

La Russie fait beaucoup pour garantir des livraisons stables de ressources énergétiques à l'Union européenne. C'est l'objectif de tous nos nouveaux projets sur le continent européen, à savoir : la construction de la conduite de gaz Nord Stream, du pipeline Burgas-Alexandroupolis, de la deuxième tranche du système des conduits de la Baltique, ainsi que les nouveaux accords entre ENEL et Gazprom.

Cependant, notons que de nombreux projets lancés par la Russie en accord avec certains Etats membres de l'Union européenne sont décriés par d'autres Etats membres. Malheureusement, l'Union européenne ne nous écoute pas lorsque nous lui demandons de ne pas aggraver les tensions.

L'année dernière, nous sommes convenus avec nos partenaires européens qu'il fallait non seulement comparer et rapprocher, mais encore élaborer ensemble nos stratégies énergétiques. Le but est de déterminer la quantité de gaz nécessaires à l'Union européenne dans les 10 ou 20 prochaines années et le volume qu'elle compte obtenir de la Russie. Ainsi, la Russie pourrait établir ses prévisions. Au lieu de cela, nous entendons des cris de panique selon lesquels l'Union européenne doit réduire sa dépendance à l'égard du gaz russe. Quelle stratégie énergétique devons-nous adopter dans ces circonstances ? Je veux parler de l'accès au marché européen de l'électricité, du matériel nucléaire, de l'équipement énergétique.

Le dialogue énergétique, comme tout dialogue, exige des concessions mutuelles. C'est pourquoi nous attendons aussi des efforts de la part de l'Union européenne, y compris en matière de non-discrimination des entreprises russes, ainsi que de l'accès des compagnies russes aux réseaux de distribution européens et de l'achat d'avoirs sur le marché européen.

Naturellement, les intérêts de la Russie et de l'Union européenne ne sont pas toujours similaires. La concurrence constitue le pendant de la coopération. Toutefois, il ne faut pas chercher de motifs politiques dans l'économie et qualifier d'idéologie la garantie des intérêts nationaux.

Je pense que toutes ces divergences, y compris le Traité sur la Charte de l'énergie et le Protocole sur le transit, la suppression des limitations de livraisons de produits russes du cycle nucléaire et la non-discrimination des entreprises russes dans l'accès aux domaines importants de l'économie de l'Union européenne peuvent être résolues en considération des intérêts des deux parties. Nous prévoyons un travail important dans le cadre de notre dialogue énergétique avec l'Union européenne. L'essentiel est d'éviter qu'il soit politisé et même idéologisé ; il faut qu'il repose sur les principes d'égalité, d'économie de marché et de respect des intérêts de tous les participants à la coopération.

3. Qu'attendez-vous de l'admission programmée de la Russie à l'OMC ? Cela constituera-t-il, selon vous, un moteur de renforcement des liens avec l'Europe ?

La Russie, avec son important potentiel dans de nombreux domaines, ne peut pas être exclu des processus économiques mondiaux. D'où notre aspiration à rejoindre l'OMC et à participer à l'élaboration des règles qui régissent le commerce mondial.

L'efficacité de la participation de la Russie à l'OMC dépendra des conditions de notre adhésion. Notre position principale consiste à satisfaire aux exigences qui seraient favorables au développement économique du pays.

L'adhésion rapide de la Russie à l'OMC donnera un nouvel élan à notre coopération économique avec l'Union européenne. C'est une question stratégique pour nous et pour l'Union européenne. Plus la Russie ouvrira ses marchés dans le cadre de l'OMC, plus cela sera profitable, y compris pour les entreprises européennes.

4. L'arrivée de l'Etat russe via la VTB au capital d'EADS témoigne, semble-t-il, d'une volonté d'élargir le champ d'action de l'Etat et des entreprises russes. Quelle est la stratégie russe en matière économique sur la scène internationale ? Quelle place l'Europe y occupe-t-elle ?

Il est important de construire une nouvelle architecture des relations économiques internationales basée sur la confiance et l'intégration, qui serait avantageuse pour tous, ainsi que sur la concurrence. La Russie est prête à promouvoir la confiance dans les économies régionales et mondiale.

Prenons l'exemple des marchés énergétiques. La Russie est favorable au dialogue stratégique des fournisseurs de ressources énergétiques, des entreprises de transit et des consommateurs qui sera avantageux pour chacun.

La politique d'investissement demeure un aspect important de l'interdépendance des intérêts. La Russie a l'intention de créer un régime qui soit favorable au maximum aux investisseurs étrangers. Les deux partenaires doivent être dans des conditions égales. Les investissements étrangers en Russie s'élèvent à 150 milliards de dollars, tandis que les investissements russes à l'étranger sont de 140 milliards. Nous avons l'intention d'augmenter ces investissements. Nous avons déjà une expérience positive avec nos partenaires européens, notamment l'Allemagne et l'Italie.

La Russie et l'Union européenne sont interdépendantes. L'Union représente 53% de la circulation de marchandises russe. Elle constitue la source principale de technologie, de savoir-faire et d'investissement en Russie. Parmi les dix principaux pays investisseurs en Russie, six sont membres de l'Union européenne, dont la France. La Russie, quant à elle, constitue l'un des trois principaux partenaires de l'Union européenne, qui ne doit donc pas être sous-estimée dans notre stratégie.

Il faut toutefois noter que les entreprises russes doivent faire face à de la discrimination politique, à des barrières administratives et techniques, ainsi qu'à des procédures antidumping dans certains pays de l'Union européenne.

5. Quelles sont les priorités bilatérales en matière de coopération industrielle ?

La structure du commerce bilatéral reflète les avantages comparatifs des deux économies. Les matières premières représentent une large part des exportations russes, alors que l'Union européenne exporte des produits industriels et des biens de consommation.

Il faut cependant intensifier la diversification des échanges économiques entre la Russie et l'Union européenne, non seulement en matière de biens, mais aussi en promouvant les investissements, y compris dans le domaine de l'industrie, du transfert technologique, etc. Cela créera les bases d'un modèle durable de coopération interétatique et d'espace économique commun. Il ne faut pas oublier que le développement économique est basé non seulement sur la concurrence mais aussi sur la coopération.

Nous disposons d'un fort potentiel, non exploité, en matière de coopération dans le domaine des technologies et de l'innovation, de l'automobile, de l'aéronautique ou encore de l'équipement énergétique. Des feuilles de route sont prévues pour intensifier notre dialogue sur l'Espace économique commun.

Au fur et à mesure que l'économie de la Russie se renforce, nous devons promouvoir nos produits ouvrés, aptes à soutenir la concurrence sur les marchés européens. Outre les ressources énergétiques, nous avons beaucoup à offrir à nos partenaires européens.

6. La Russie est candidate à l'OCDE depuis 1996. Des négociations officielles en vue de l'adhésion devraient s'ouvrir prochainement. Qu'attendez-vous de votre admission ?

Mi-mai 2007, le Conseil de l'Organisation de coopération et de développement économiques a pris la décision d'inviter la Russie à participer à des négociations d'adhésion. Cette décision témoigne de la reconnaissance de la qualité d'économie de marché de la Russie et du succès de ses réformes.

Avec trente membres comptant parmi les pays développés, l'OCDE est, à juste titre, considérée comme le cerveau de l'économie mondiale qui formule les règles des relations économiques internationales. Ce n'est pas un hasard puisque ses membres produisent 60% du PIB mondial.

Je me permets de rappeler que la Russie compte parmi les dix premiers pays mondiaux en termes de PIB. L'adhésion de la Russie à l'OCDE sera une étape importante de l'intégration de notre pays dans le système économique mondial.

7. La Russie et certains nouveaux Etats membres de l'Union européenne, autrefois intégrés à l'Union soviétique, semblent avoir des difficultés à entretenir des relations normales. Quel regard portez-vous sur ces conséquences du passé et la Russie est-elle prête à contribuer à une vraie normalisation ?

Actuellement, les relations entre la Russie et l'Union Européenne voient beaucoup de problèmes et contradictions qui se cachent derrière les apparences du développement calme et progressif, ce qui les privent de la dynamique nécessaire. Cela peut s'expliquer de façon logique. La Russie entre dans un nouvel cycle électoral et met davantage l'accent sur les questions internes. Nous préparons l'adhésion de notre pays à l'OMC, ce qui gèle certaines initiatives économiques intéressantes et certaines perspectives. Par ailleurs, les relations entre la Russie et l'Union européenne sur les sujets comme l'espace postsoviétique et le dialogue énergétique ne sont pas appréhendées de la même manière par les deux parties. Au sein de l'Union européenne, les relations avec la Russie ne sont plus considérées comme prioritaires en raison de la crise identitaire qu'elle traverse depuis l'échec du projet de traité constitutionnel. La détérioration des relations est également due à la politique antirusse non dissimulée de certains nouveaux Etats membres de l'Union européenne.

Nous comprenons la situation difficile de l'Union européenne qui compte désormais 27 Etats membres. Plus le système est complexe, plus il est difficile à gérer. Le cas du veto polonais aux négociations sur l'accord avec la Russie l'a démontré. C'est dommage. Nous sommes préoccupés par le fait que les questions techniques mettent en danger l'avenir de nos relations. Les divergences au sein même de l'Union européenne ne sont pas non plus dans l'intérêt de la Russie. Le veto polonais constitue un exemple du mépris des intérêts communs pour favoriser les siens. C'est à l'Union européenne de décider comment s'en sortir. Nous sommes prêts à faire une pause si nécessaire.

Même dans ces conditions, nous sommes ouverts à la discussion des questions qui se posent après l'élargissement de l'Union européenne. Parmi elles la plus essentielle est celle du respect par l'Union européenne, dans le cadre des relations UE-Russie, de ses obligations inscrites dans la Déclaration commune sur l'élargissement du 27 avril 2004. Le problème de la violation des droits de l'Homme et de ceux des minorités en Lettonie et en Estonie reste principal pour nous. La Russie l'évoquera jusqu'à ce que la situation s'améliore substantiellement. Ces pays ne veulent pas écouter les recommandations de l'ONU, du Conseil de l'Europe et de l'OSCE et liquider la non-citoyenneté des minorités en leur octroyant les droits politiques, sociaux et économiques fondamentaux. Ce problème sans précédent pour l'Europe moderne apparaît au niveau européen et exerce une influence négative sur nos relations. Nul doute qu'il ne peut être résolu que sur la base des normes et règles internationales.

Il ne faut pas négliger la question du transit entre la région de Kaliningrad et le reste du pays pour laquelle nous avons trouvé en 2002 une solution unique pour une situation unique. Il faut éviter les difficultés lors de l'entrée en 2008 de la Lituanie dans l'espace Schengen. Nous estimons que les questions relatives au transit des personnes et des biens dans la région de Kaliningrad doivent faire l'objet d'un document spécifique.

8. Quels seraient, selon vous, les moyens de renforcer la coopération politique entre l'Europe et la Russie ? Peut-on envisager, à terme certes, qu'un jour la Russie rejoigne l'Union européenne ?

Le développement des relations avec l'Union européenne dans de multiples domaines constitue une priorité de la Russie. Nous sommes d'accord avec le formule de Romano Prodi : " Tout sauf les institutions ". Dans ce partenariat, nous sommes prêts à aller le plus loin possible, à condition que tous les partenaires avancent.

Parallèlement, la coopération avec l'Union européenne sur les questions internationales d'actualité nous préoccupe. La situation objective exige l'approfondissement de nos relations dans le domaine de la politique extérieure et de sécurité. La Russie et l'Union européenne, qui sont deux acteurs majeurs, doivent se concerter pour contribuer à la résolution des problèmes d'ordre international, ce qui dépend de l'efficacité de notre coopération, notamment en matière de règlement des conflits internationaux et de lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, le trafic de drogues, l'immigration illégale, etc.

Cependant, par rapport aux progrès réalisés en matière de coopération militaire et politique avec certains Etats membres de l'Union, la coopération avec l'Union européenne est insuffisante. Les programmes relatifs à l'élimination des armes chimiques et à l'utilisation des sous-marins nucléaires lancés en 2002 ne se réalisent guère.

Nous sommes loin d'aboutir à la création de mécanismes conjoints de prévision, de prévention et de règlement des crises et de reconstruction post-conflit. Néanmoins, de temps en temps l'Union européenne nous dit qu'elle est intéressée par la participation à la résolution des crises dans l'espace postsoviétique. Nous pensons qu'elle doit d'abord limiter l'idéologisation de sa politique extérieure. Le moyen de résoudre un des conflits gelés peut créer un précédent applicable dans d'autres situations pareilles.

La problématique de l'OTAN est absente du dialogue entre la Russie et l'Union européenne. Nos relations avec l'OTAN sont dynamiques. Le Conseil Russie-OTAN témoigne de l'efficacité de la coopération institutionnelle. Les discussions sur la sécurité européenne hors du cadre de l'OTAN et de la Russie n'ont pas de sens.

La situation autour du traité sur les forces conventionnelles en Europe en témoigne. Les pays de l'OTAN ont explicitement affirmé qu'ils ne ratifieront pas le traité, y compris l'article sur les limitations concernant les flancs, si la Russie ne retire ses troupes de Géorgie et de Moldavie. Nous les retirons, de manière accélérée, en ne laissant qu'un contingent de 1500 soldats en Transnistrie pour garder les entrepôts de munitions. Parallèlement, en Bulgarie et en Roumanie se créent de nouvelles bases américaines de 5000 soldats. Il se trouve que l'OTAN avance ses forces à nos frontières, tandis que la Russie, conformément au Traité, ne réagit pas à ces actions.

Nous pensons que l'élargissement de l'OTAN et les projets de mise en place de forces stratégiques américaines en Pologne et en République tchèque deviennent un facteur de déstabilisation et créent de nouvelles lignes de division en Europe et tout cela se passe après 17 années d'efforts communs pour réunir l'espace européen.

Les difficultés actuelles provoquées, entre autres, par les divergences sur le bouclier antimissile, sur le Kosovo et sur le traité sur les forces conventionnelles en Europe, prouvent, une fois encore, que l'exagération de la part d'un tiers et le jeu aux antagonismes ne servent pas les relations stratégiques des deux partenaires qui sont égaux.

Le sommet de Samara, qui s'est tenu dans des conditions pareilles, a fait voir que sans aucun doute les relations entre la Russie et l'Union européenne ne se limitaient pas au sujet de "la viande polonaise", en jetant les bases solides pour l'évolution de nos relations.

Traduit du russe par Eduard Trushkin.

* Cet entretien est initialement publié dans la Revue trimestrielle de Géoconomie n°43 – Automne 2007, qui a pour thème "La Russie et l'Europe".

Directeur de la publication : Pascale Joannin

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