L'UE et ses voisins orientaux
Claire Delessard
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Claire Delessard
"Un balai neuf balaie toujours bien" dit le dicton géorgien. Un adage répété à l'envie au lendemain de l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, au mois de novembre 2003. Au mois de janvier 2004, après une contestation populaire d'envergure, le jeune Mikhéïl Saakachvili avait été élu à la présidence avec plus de 97 % des voix sans toutefois, malgré ce que laissent entendre les chiffres, faire l'unanimité. Il avait néanmoins suscité un immense espoir : celui de mettre fin à l'ère soviétique mais surtout, celui de redonner aux Géorgiens un semblant de dignité économique et sociale. Au fil du temps, d'échecs en obstacles, l'aura du plus jeune Président de la planète (36 ans au moment de son élection) s'est lentement écornée. L'enthousiasme, subtilement mêlé d'opportunisme de cette jeune équipe gouvernementale – la moyenne d'âge des ministres est d'environ 30 ans – a d'abord convaincu les Géorgiens ; lutte contre la corruption dans la police, réforme de l'éducation, rationalisation des administrations, autant de domaines dans lesquels le gouvernement a réformé avec succès. Mais la population attendait des résultats concrets, peut-être une amélioration miraculeuse du niveau de vie moyen tombé très bas depuis la fin de l'Union soviétique, ou encore la reconquête des provinces séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Le jeune gouvernement doit aujourd'hui composer avec une opposition, une contrainte politique d'envergure démocratique dont on avait peu coutume en Géorgie.
1- Deux ans après la Révolution : quel Etat en Géorgie ?
Comme d'autres anciennes républiques de l'Union Soviétique, la Géorgie doit se reconstruire une identité politique après 70 ans d'inféodation à Moscou. Depuis son indépendance, le pays a choisi de développer un modèle démocratique et occidental, voie qui devait lui permettre aussi de s'émanciper de son voisin du nord. Mais les expériences successives de gouvernement ont souffert de contextes d'insécurité et d'instabilité peu favorables à la construction de l'Etat, et encore moins à la consolidation de la démocratie.
Avant d'arriver au pouvoir, l'équipe entourant Mikhéïl Saakachvili avait très bien saisi l'utilité et la portée du discours démocratique, à la fois auprès des Etats Unis pour qui le Caucase est devenu un objectif stratégique d'importance au lendemain du 11 septembre, mais aussi auprès des Géorgiens convaincus que la corruption de l'administration d'Edouard Chevardnadzé était la mère de tous leurs maux. Le moment était bien choisi pour parler de démocratie dans ce petit pays pourtant dénué de tradition des droits de l'homme ; il leur a assuré un large succès populaire.
Arrivé au pouvoir, ce gouvernement que l'on qualifie de plus en plus souvent de "gouvernement de transition" a dû mener de front une lutte sans merci contre la corruption et une réforme radicale de toutes les structures administratives. Certains analystes, dont Lévan Ramichvili, directeur de l'Institut des Libertés, une ONG financée par les Etats Unis et engagée dans la défense des droits de l'homme, considèrent toutefois que cette réforme qui visait d'abord et avant tout à l'éradication de la corruption, manque de teneur. N'ayant d'autre ambition que celle d'éliminer la corruption, elle ne propose pas une vision positive de ce que doit être l'administration d'Etat dans la Géorgie d'aujourd'hui. Dans l'urgence, la réforme n'a pas été pensée. Menée "à grands coups de hache" dans tous les secteurs de l'Etat, elle connait pourtant certains succès.
L'exemple le plus frappant est certainement celui de la police où quelques 17 000 agents accusés de corruption ont été licenciés brutalement, tandis qu'autant de jeunes cadres étaient formés en l'espace de quelques mois pour les remplacer. Dans chaque ministère, sous l'impulsion notamment de la Banque Mondiale, c'est presque la totalité du personnel administratif qui a été licenciée. Et seule la moitié des effectifs a été remplacée. Le gouvernement espère que la multiplication par deux des salaires de ce nombre plus restreint de fonctionnaires limitera les tentations de corruption.
Les bonnes intentions affichées du gouvernement ont toutefois rencontré plusieurs écueils. Le premier obstacle d'envergure, qui n'est pas propre à la Géorgie post-communiste, est le cruel manque de cadres dont souffre ce petit pays sinistré qui voit ses jeunes diplômés émigrer vers l'Occident. Le Président Saakachvili a tenté de faire revenir une partie des ces élites émigrantes. Il s'est entouré de jeunes gens formés dans les grandes universités américaines et européennes et, pour partie du moins, il est parvenu à "équiper" l'Etat de ces jeunes élites, parfois hélas dénuées de toute expérience de gouvernement.
La deuxième difficulté de taille est l'inertie des préférences claniques qui veulent que la défense des "proches" prime sur le reste. La première conséquence de cette rigidité sociale est la permanence du népotisme au sein du gouvernement comme de l'administration. Dans le cadre des réformes, les fonctionnaires ont souvent été choisis selon un critère de parenté plutôt que selon celui de la compétence. Une telle homogénéité du fonctionnariat amenuise nécessairement les chances d'un fonctionnement rationnel et désintéressé de l'appareil d'Etat.
Le troisième point d'inquiétude tient à l'utilisation politique des réformes qui, au fil des mois, apparaît au grand jour. Un exemple parmi d'autres, celui du directeur de la compagnie de téléphonie mobile Magti, arrêté en 2004 pour avoir mené des affaires illégales pendant l'ère Chevardnadzé. Jusqu'à la révolution, cet homme d'affaires avait toujours bénéficié de la protection du Président Chevardnadzé ; il est en effet son gendre. Au lendemain de la révolution, son arrestation a été perçue comme un symbole de la lutte contre la corruption. Il a pourtant rapidement pu bénéficier d'une nouvelle loi qui autorise une personne condamnée à acheter sa libération, et verser quelques 16 millions de dollars à l'Etat géorgien. De condamnation "politique" à dimension symbolique, l'arrestation du directeur de Magti a tourné au simple racket.
Enfin, la réforme administrative en elle-même, on l'a vu, a également trop souvent servi à "purger" les organes d'Etat de figures indésirables. L'exemple de la réforme de la justice est édifiant à ce sujet. La majorité des experts internationaux qui suivent sa mise en œuvre considère que celle-ci vise avant tout à l'élimination des anciens juges nommés à l'époque d'Edouard Chevardnadzé. Plusieurs nouvelles lois ont été votées pour institutionnaliser des départs avant le terme et les juges qui refusent de quitter leurs postes sont inscrits sur la liste noire des juges corrompus et remerciés. Ce à quoi s'ajoute une tendance persistante de pression sur les juges, souvent achetables ou du moins obéissants.
A la différence de l'administration d'Edouard Chevardnadzé, celle de Mikhéïl Saakachvili est toutefois une administration forte, qui a autorité sur le pays parce qu'elle est homogène et fidèle. Pour autant, dans l'urgence où se trouve le gouvernement de relancer la Géorgie, la fonctionnalité et l'effiscience ont primé sur la démocratie. La nécessité de faire redémarrer le pays, de réformer l'Etat et de lutter contre la corruption a requis des méthodes de gouvernement qui souvent ont mis la démocratie à mal.
2 – Economie : depuis deux ans, des indicateurs prometteurs
Parmi les nombreux défis auxquels le pays doit faire face, le développement économique reste une priorité. Les chiffres de la croissance, de l'investissement étranger, de l'inflation sont prometteurs, mais la redistribution des bénéfices de la croissance n'est pas encore au rendez-vous.
La Géorgie connaît aujourd'hui une croissance rapide. Au premier semestre 2004, le pays a enregistré une croissance de 9.4 % contre 8.6 % au cours de la même période de 2003, grâce aux progrès réalisés dans les secteurs de l'industrie, de la construction et des services. Ces chiffres, fournis par le département d'Etat des statistiques, englobent une estimation de l'économie parallèle, qui contribuerait pour environ 20 % du PIB. Toujours selon la même source, les réformes et les progrès de la gestion du secteur public amorcés en 2004 se sont traduits par une hausse du PIB de 8.4 % en 2004 (6.2 % d'après le FMI) et 6.8 % en 2005. En 2004, la hausse des revenus a été importante, de même que la croissance dans les secteurs industriels et de la construction. Les échanges internationaux ont augmenté de plus de 50% et le commerce avec l'Union européenne de plus de 40 %. La production agricole a en revanche été continuellement en baisse.
En 2004, l'indice des Investissements Directs Etrangers (IDE) a considérablement augmenté, en grande partie grâce à la construction des sections géorgiennes de l'olédoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) et du gazoduc Baku-Tbilissi-Erzeroum. Un récent rapport de la fondation américaine Heritage rapportait que la construction de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan et du gazoduc du Sud Caucase avait un effet positif sur nombre d'industries nationales en Géorgie, notamment dans le secteur des transports, des communications, de l'hôtelerie et ce, même si les royalties versées par British Petroleum ne sont pas très importantes.
Malgré tout, l'économie de la Géorgie - en particulier sa croissance économique – reste très dépendante des donateurs internationaux. Le 15 septembre 2005, la Banque Mondiale a ratifié la nouvelle stratégie d'assistance (Country Partnership Strategy – CPS), qui envisage un programme d'assistance à la Géorgie d'environ 143 millions de dollars pour la période 2006-2009. Les objectifs principaux de la CPS seront de renforcer la croissance et la création d'emplois par l'élimination des barrières au développement du secteur privé ; d'œuvrer dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de la protection sociale ; de renforcer les règles de bonne gestion budgétaire ; etc.
Les Etats Unis, par le biais de la Millenium Challenge Corporation (MCC), ont de leur côté signé un Pacte de 295.3 millions de dollars avec la Géorgie sur cinq ans, avec pour objectif de réduire la pauvreté et de stimuler la croissance économique dans les régions rurales de Géorgie, où plus de 50 % des foyers ruraux vivent en-dessous du seuil de pauvreté. En se concentrant sur la réhabilitation de l'infrastructure régionale et la promotion du développement du secteur privé, le programme devrait bénéficier directement à un demi-million de Géorgiens et plus d'un quart de la population du pays devrait tirer des avantages indirects du programme.
3 – L'insatisfaction sociale
Malgré les efforts du nouveau gouvernement, la population n'a pourtant pas réellement profité des effets de la croissance. En 2002, la Géorgie était classée au 97ème rang sur 177 pays par le Programme des Nations Unies pour le Développement quant à l'indicateur de développement humain. Le taux de chômage calculé selon les critères de l'Organisation Internationale du Travail, était de 13.5 % au premier trimestre 2004 et il serait certainement bien plus élevé sans l'importance de l'agriculture de subsistance et le travail temporaire illegal.
Le salaire moyen demeure également très bas avec 112 laris (60 euros) et 4.5 % seulement des salariés – notamment ceux employés par les organisations internationales - gagnent plus que le minimum vital pour faire vivre une famille de quatre personnes. Les pensions de retraite sont passées de 14 laris à 18 au mois de mai 2004 (9 euros). La retraite est passée à 28 laris en janvier 2005 (13 euros).
Depuis un an, des manifestations sporadiques, dont certaines ont été durement réprimées, se sont multipliées dans le pays, réclamant tantôt de l'électricité, tantôt du gaz, tantôt de l'aide pour réparer les maisons endommagées par le tremblement de terre, et surtout des plans d'accompagnement sociaux pour les réformes, toujours doublées de licenciements ou marginalisant certains groupes.
Le développement économique de la Géorgie est très disparate. Si les villes connaissent une certaine croissance, les campagnes souffrent d'une constante détérioration de leur situation économique et sociale. Le taux de chômage est élevé et l'insuffisance des services sociaux, services de santé inclus, contribuent à l'aggravation de la pauvreté. Les Géorgiens attendent des améliorations de la collecte des revenus publics pendant la dernière année et demi, qu'elle rehausse leur niveau de vie bien au-delà des mesures prises concernant les salaires et les retraites.
Bien que la situation économique de la Géorgie se soit relativement redressée, dans la période récente, le marché du travail reste encore largement instable. Alors que les chiffres du taux de chômage suivent à peu près ceux des économies de transition et qu'analysés isolément, ils encourageraient même des conclusions optimistes quant au marché du travail, le tableau d'ensemble est gâché par un sous emploi persistant, un chômage caché et le fait qu'une majorité des salaires reste bien au-dessous du niveau minimum de subsistance. La plus grande partie de la population active est aujourd'hui soit sous-employée, soit au chômage. Les créations de nouveaux emplois stables sont rares dans un marché du travail encore dominé par le travail agricole indépendant. Pour beaucoup, il s'agit d'activités non-officielles et non-enregistrées qui rapportent peu. 20 % seulement de la population active bénéficie d'un travail rémunéré ou salarié, et la vaste majorité gagne à peine de quoi vivre.
Pourtant, des changements importants se font sentir dans la vie économique du pays, même si cela reste encore avant tout limité aux grandes villes et ne touche qu'une partie privilégiée de la population. Les chiffres de la croissance et de l'investissement sont très positifs, et si la population ne ressent pas encore les effets du retour de la croissance, on ne peut qu'espérer que cette situation évolue dans les mois et années à venir.
4 – Un gouvernement en perte de vitesse
Politiquement, le gouvernement issu de la révolution de novembre 2003 a aujourd'hui beaucoup perdu de sa popularité. Les Géorgiens qui souffrent depuis dix ans de la transition politique et surtout économique, ont perdu toute indulgence à l'égard de leurs gouvernants dont ils attendent désespérément des miracles. Le gouvernement s'est en outre décrédibilisé dans plusieurs séries de manoeuvres maladroites mais surtout, pour n'avoir pas su mettre en place des mesures sociales accompagnant les réformes. Les licenciements massifs dans l'administration et la police ont inévitablement mobilisé rancoeurs et griefs à tous les niveaux de la société et dans toutes les régions du pays.
Deux moments politiques importants ont en outre porté atteinte à l'aura du gouvernement et ajouté à l'incompréhension entre les élites et la population. Le premier est la mort officiellement accidentelle du Premier Ministre Zourab Jvania pendant l'hiver 2005. Celui-ci serait mort étouffé par le gaz s'échappant d'un système de chauffage défectueux. Le silence des autorités sur cette affaire et la réaction vive de la famille du Premier ministre ont fait naître un doute au sein de la population comme parmi les observateurs de la vie politique locale.
Un second moment politique majeur dans cette perte de vitesse du gouvernement est le limogeage de la ministre des Affaires Etrangères française et d'origine géorgienne, Salomé Zourabichvili au mois d'octobre 2005. Issue de la diaspora géorgienne de France, Salomé Zourabichvili avait été ambassadeur de France en Géorgie avant que Jacques Chirac ne la mette à la disposition de l'Etat géorgien au lendemain de la révolution et à la demande du Président géorgien. En quelques mois, celle-ci avait acquis auprès de la population l'image d'une ministre professionnelle aux mains propres qui avait notamment obtenu des Russes le retrait de leurs dernières bases militaires de Géorgie. En choisissant de se séparer d'elle, le gouvernement a terni son image ; aux yeux des Géorgiens, il a éliminé la seule fonctionnaire de qualité qui n'avait jamais été mêlée à quelque affaire de corruption.
Une opposition politique est en train d'émerger en Géorgie. Plusieurs partis alternatifs au Mouvement National majoritaire ont été créés et sont parvenus à former des fractions au Parlement. Les députés membres du Parti républicain se sont ainsi associés à ceux du Parti conservateur pour former une fraction au Parlement au mois d'octobre dernier. Une première encourageante en Géorgie, même si le Parlement n'est pas une structure de pouvoir influente. Par ailleurs, la majorité du Président au Parlement a montré quelques signes de délitement au printemps et près de vingt députés ont rejoint leurs homologues de l'opposition en l'espace de quelques mois.
Plusieurs observateurs de la vie politique géorgienne s'inquiètent toutefois de cette perte de popularité du gouvernement et de ces divisions internes qui pourraient conduire ceux-ci à des manoeuvres désespérées dans la reconquête des territoires perdus d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.
5 – Les conflits dans le Caucase, un défi lancé à la jeune démocratie géorgienne
Au mois de mai 2004, Tbilissi est parvenu à faire revenir dans le giron géorgien la petite province de l'Adjarie située sur la côté de la Mer Noire. La république alors indépendante d'Adjarie était dirigée sur un mode seigneurial par Aslan Abachidzé, un homme fort à la tête d'un clan qui s'était approprié toutes les ressources de la Province, ne reversant plus les impôts au budget central et ne faisant plus allégeance à Tbilissi. Par une révolution semblable à celle qui avait renversé Edouard Chevardnadzé à l'automne 2003, Aslan Abachidzé était écarté du pouvoir et contraint de s'exiler à Moscou.
Fort de ce succès, pour lequel il avait bénéficié de soutiens diplomatiques étrangers, le gouvernement géorgien semble avoir cru possible le retour de l'Ossétie du Sud au sein de la Géorgie pendant l'été 2004. L'erreur a été de croire en la clémence et dans le bon vouloir de Moscou qui n'entend pas abandonner son influence en Ossétie et en Abkhazie. La peur des Ossètes et la ténacité des Géorgiens auront eu raison de la paix : plusieurs semaines de tirs de mortiers ont tué au mois d'août 2004 près de trente Géorgiens et plusieurs Ossètes, sans que les chiffres exacts des victimes n'aient jamais été rendus publics.
Après les événements de l'été 2004, les intentions de règlement pacifique des conflits annoncées par le nouveau gouvernement ont perdu toute crédibilité auprès des Ossètes bien sûr, mais aussi auprès des Abkhazes. Depuis, les tentatives de négociations menées sous l'égide des organisations internationales sur le territoire géorgien ou à l'étranger se multiplient. Les parties boycottent tour à tour les rencontres qui semblent bien souvent n'avoir d'autre vocation que celle de maintenir le dialogue. Un dialogue dans lequel une réelle volonté politique de changer les choses semble faire défaut, tandis que la situation reste tendue dans la région.
Conclusion – Un bilan mitigé
Le bilan, deux ans après la révolution, est nécessairement mitigé dans un pays très jeune où tout est à construire. Incontestablement, un vent nouveau a soufflé sur les vieilles habitudes en Géorgie. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si le gouvernement acceptera de jouer la carte démocratique et de se plier au jeu de l'alternance politique ou du moins, de composer avec les mouvements d'opposition.
L'enjeu est de taille pour ce petit Etat. Les trois Etats du Caucase méridional sont membres du Conseil de l'Europe et signataires de la Convention européenne des Droits de l'Homme. Des trois, la Géorgie post-révolutionnaire est celle qui s'est le plus rapprochée de l'Europe.
Dans ce contexte, la Géorgie a un rôle clé à jouer dans le Caucase : géographiquement au carrefour des civilisations orientale et occidentale, elle l'est aussi politiquement. Devenue importante stratégiquement pour les Américains, historiquement liée à la Russie, la Géorgie n'en a pas pour autant moins besoin du soutien de son voisin européen. Malgré les soubresauts et errements de la démocratie dans la "nouvelle" Géorgie, la volonté démocratique qui a été exprimée il y a tout juste deux ans doit être soutenue et accompagnée. Jusqu'à ce jour, l'Union européenne ne s'est pas beaucoup investie dans la région. Si elle a accompagné diplomatiquement le travail de l'ONU ou de l'OSCE, elle n'a que rarement pris une part active dans les négociations politiques. Accompagner la Géorgie dans la construction de la paix et dans sa transition vers la démocratie et l'économie de marché, c'est pour l'Europe s'assurer un partenaire politique et un voisin fiable pour le futur. Sur le plan énergétique, avec l'ouverture du pipeline Bakou-Tbilisi-Ceylan et du gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzéroum, ce pays est aussi devenu un corridor stratégiquement inévitable. Aux portes de l'Europe, la Géorgie est aujourd'hui un bon laboratoire d'essai pour la mise en œuvre d'une politique de voisinage de l'Union européenne.
Directeur de la publication : Pascale Joannin
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