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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Un millier de Bulgares résidant en Turquie sont venus en bus pour accomplir leur devoir civique à l'appel d'une organisation d'immigrants turcs de Bulgarie qui avait appelé à voter pour « enterrer » le candidat ultranationaliste Volen Siderov. Selon Emin Balkan, président de l'Association de solidarité des immigrants des Balkans en Turquie, la participation des électeurs ayant la double nationalité et autorisés à voter dimanche en Turquie –300 000 personnes- a été plus importante que lors de la dernière élection présidentielle des 11 et 18 novembre 2001. L'objectif est « de ne pas laisser une chance au candidat fasciste et ultranationaliste Volen Siderov » avait-il affirmé. La faible participation s'explique principalement par le mécontentement des Bulgares face à l'action du gouvernement actuel dirigé par Serguei Stanichev (Parti socialiste, BSP), notamment en matière de lutte contre la pauvreté, la corruption et le crime organisé. « La participation a été faible mais pas dramatiquement faible. Elle ne pouvait pas être plus forte après dix mois de campagne négative » a déclaré le Président de la République sortant Georgi Parvanov. « Une grande colère a été accumulée et un désespoir important s'est exprimé. Nous ferions une grave erreur si nous ne les entendions pas » a t-il ajouté expliquant que l'abstention s'expliquait par « la méfiance envers les partis et la classe politiques ». « Celle-ci durera tant que les hommes politiques seront impliqués dans des scandales et qu'ils verront la politique un moyen de réussir plutôt qu'un outil pour résoudre les problèmes de la population » a t-il affirmé. Rappelons qu'aucun taux de participation minimal n'est obligatoire lors du deuxième tour.
A l'annonce des résultats, Georgi Parvanov a tenu à remercier les électeurs qui lui ont permis d'atteindre ce « résultat convaincant » et a assuré qu'il n'était pas inquiet pour le deuxième tour. « Lorsqu'on est face à un tel rapport de force, il ne faut s'inquiéter de rien » a-t-il déclaré. « Au cours des cinq prochaines années, j'œuvrerai pour une culture politique en accord avec les meilleures traditions bulgares et européennes et je ne tolèrerai pas les partisans de l'agression et de la confrontation » déclarait-il dans son discours de clôture de campagne du premier tour le 20 octobre dernier. « L'avenir européen de la Bulgarie n'est pas en cause » a rassuré dimanche soir Georgi Parvanov, qui a expliqué le résultat de Volen Siderov par « le désespoir de ceux qui ont beaucoup perdu lors de la transition post-communiste ». Le Président de la République sortant sera opposé le 29 octobre prochain au leader de la formation populiste d'extrême droite, Ataka (Attaque), Volen Siderov, qui a obtenu 21,5% des voix. Celui-ci a évoqué « l'énorme responsabilité que lui a donnée le peuple bulgare » et promis de ne pas trahir « les 600 000 Bulgares qui ont voté pour lui ». Poursuivant sa campagne contre les hommes politiques corrompus, il a déclaré qu'il espérait pour le deuxième tour le « soutien de tous ceux qui n'ont pas participé au pillage de la Bulgarie ». Outre les minorités auxquelles il s'en prend régulièrement et violemment, Volen Siderov dénonce également la corruption de la classe politique comme il appelle à revenir sur les privatisations réalisées ces dernières années et renégocier les conditions d'entrée du pays dans l'Union européenne.
Le vote pour Volen Siderov s'apparente à « une punition, une protestation contre le système » analyse le politologue Youri Aslanov qui ajoute que « la plupart des gens ne le voient pas Président de la République ». « Le résultat de Volen Siderov ne permet absolument à personne d'affirmer que la Bulgarie a été balayée par une quelconque espèce de vague ultranationaliste » a estimé l'analyste politique Andreï Raïtchev, ajoutant « Les électeurs ne veulent ni de son nationalisme ni de son racisme ou de ses positions clairement fascistes. Simplement les électeurs mécontents de la situation actuelle ont fait de lui leur premier choix ». Selon une enquête récente du principal syndicat le KNSB, 29% des ménages bulgares vivraient au-dessous du seuil de pauvreté. En outre, nombreuses sont les personnes qui souffrent des réformes économiques et sociales mises en place par les différents gouvernements ces dernières années afin de permettre au pays de rejoindre l'Union européenne.
Avec 9,7% des suffrages, le candidat soutenu par les Forces démocratiques unies (ODS) et le Parti des démocrates pour une Bulgarie forte (DSB), Nedelcho Beronov, est le grand perdant de cette élection présidentielle. « Nous sommes entrés tardivement dans la campagne électorale et nous avons manqué de temps » a déclaré Nedelcho Beronov pour expliquer son résultat. Pour la première fois depuis la chute du communisme, il n'y aura pas de candidat de droite au deuxième tour de l'élection présidentielle. Selon le président des Forces démocratiques unies, l'ancien Président de la République (1997-2002) Petar Stoyanov, « Georgi Parvanov a une telle avance qu'il n'aura pas besoin du soutien de la droite ». Nedelcho Beronov a déclaré qu'il « ne votera pas » au deuxième tour Néanmoins, de nombreux analystes politiques s'attendent pour le 29 octobre prochain à un scénario « à la française » où la droite soutiendrait le Président de la République sortant pour faire barrage à Volen Siderov. Le Premier ministre Serguei Stanichev a tenu à souligner à la télévision l'enjeu du deuxième tour : « Rappelez-vous le cas de Jacques Chirac. Il y a un choix à faire, plus important que les différends entre les partis. La question est de savoir si nous choisissons la voie européenne de développement » a t-il déclaré.
Au vu des résultats du premier tour, la réélection du Président de la République sortant fait peu de doutes. « Si le deuxième tour oppose Georgi Parvanov à Volen Siderov, comme nous le prévoyons, je pense que quelque soit leur affiliation à un parti, la plupart des personnes attachées à la démocratie voteront pour le sortant, car ce sera un vote pour la démocratie » déclarait Kantcho Stoichev de l'institut Gallup international quelques jours avant le premier tour de scrutin. « La conséquence immédiate d'une victoire de Georgi Parvanov serait un renforcement du pouvoir du gouvernement actuel » analyse la politologue de l'université de Sofia, Rumyana Kolarova.
Si Georgi Parvanov remporte le scrutin du 29 octobre prochain, il sera le premier Président de la République à être réélu dans ses fonctions depuis la chute du communisme.
Résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 22 octobre en Bulgarie
participation : 42,51%
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