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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le 27 juillet dernier, les 240 membres de l'Assemblée nationale, Chambre unique du Parlement, ont décidé que la prochaine élection présidentielle serait organisée les 22 et 29 octobre, soit les premières dates autorisées par la loi électorale du pays. 6,7 millions d'électeurs éliront leur quatrième Président (et vice-Président) de la République depuis la chute du régime communiste. 22 personnes étaient en lice pour accéder à la magistrature suprême en 1992, 13 en 1996 et 6 lors de la dernière élection des 11 et 18 novembre 2001. Cette année, 7 personnes sont candidates.
A un mois de l'élection, l'actuel Président de la République, Georgi Parvanov, est donné vainqueur par l'ensemble des enquêtes d'opinion. A ce jour, aucun Chef de l'Etat bulgare n'a été réélu après un premier mandat de quatre ans. Le premier tour de scrutin aura lieu le 22 octobre prochain. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue des suffrages ou si le taux de participation est inférieur à la moitié des électeurs inscrits, un deuxième tour sera organisé une semaine plus tard, soit le 29 octobre.
La fonction présidentielle
Le Président de la République et son vice-Président sont élus pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. La fonction est essentiellement honorifique, le chef de l'Etat possédant toutefois un pouvoir de veto lui permettant de renvoyer un projet de loi vers l'Assemblée nationale pour un nouveau débat. Le Président de la République est le chef des armées, conclut les traités internationaux et représente le pays à l'étranger. La Constitution interdit l'appartenance du Chef de l'Etat à toute formation politique.
Les sept personnalités officiellement candidates à la magistrature suprême sont:
- Georgi Parvanov, 49 ans, actuel Président de la République et ancien leader du Parti socialiste (BSP), soutenu par cette même formation, dirigée par le Premier ministre Serguei Stanichev, et par plusieurs autres partis non représentés au Parlement. Son vice-Président est Angel Marin.
- Nedelcho Beronov, 78 ans, président de la Cour constitutionnelle, soutenu par les Forces démocratiques unies (ODS), le Parti des démocrates pour une Bulgarie forte (DSB), le Parti démocratique, le Parti agraire et le Parti social-démocrate. Sa vice-Présidente est Yuliana Nikolova.
- Volen Siderov, 50 ans, leader d'Ataka (Attaque), seul candidat ayant été nommé par une formation parlementaire. Ancien rédacteur en chef du premier quotidien anti-communiste de Bulgarie, Demokratija, et auteur de plusieurs livres dans lesquels il pourfend « la conspiration juive contre les Bulgares orthodoxes », Volen Siderov, député, a été animateur de télévision sur la chaîne privée Scat. Son vice-Président est Pavel Shopov.
- Georgi Markov, ancien juge de la Cour constitutionnelle, soutenu par le Parti de l'ordre, de la loi et de la justice. Sa vice-Présidente est Maria Ivanova.
- Petar Beron, député, ancien membre fondateur des Forces démocratiques unies et ancien vice-président d'Ataka, soutenu par un comité indépendant. En 2001, Petar Beron a été candidat à la vice-Présidence avec Zhorzh Ganchev (qui a recueilli 1,10% des suffrages). Sa vice-Présidente est Stefa Bankova.
- Grigor Velev, universitaire, nationaliste modéré, auteur d'un ouvrage sur la doctrine nationale bulgare, soutenu par l'Alliance des nationalistes. Son vice-Président est Yordan Mutafchiev.
- Lyuben Petrov, 68 ans, ancien chef de l'état-major, soutenu par un groupe de citoyens (comprenant des économistes, des scientifiques, des artistes, des hommes d'affaire, etc.) qui se déclarent en faveur d'une régulation par l'Etat de l'actuel chaos économique, d'une révision des privatisations et de l'interdiction de vendre les terres bulgares à des étrangers non membres de l'Union européenne. Sa vice-Présidente est Nelly Topalova.
Boiko Borisov, maire de la capitale Sofia, sollicité par les forces de l'opposition de droite pour participer à cette élection présidentielle, a finalement décliné la proposition. « Je n'ai pas le temps de m'occuper de l'élection présidentielle. Ce n'est simplement pas mon élection » a-t-il déclaré. L'ancien Président de la République (1997-2002) Petar Stoyanov, leader des Forces démocratiques unies, a indiqué qu'il ne concourrait pas pour le scrutin présidentiel afin de ne pas donner l'impression qu'il cherche à prendre sa revanche sur Georgi Parvanov qui lui a succédé à la tête de l'Etat le 18 novembre 2001. Candidat à la réélection il y a cinq ans, Petar Stoyanov avait été l'adversaire malheureux de l'actuel Président de la République ; le leader de l'ODS avait recueilli 34,90% des suffrages au premier tour et 45,90% au deuxième.
Le Mouvement national Siméon II (NDS II), membre de l'actuelle coalition gouvernementale, a décidé de ne pas présenter de candidat. L'ancien Premier ministre (2001-2005) Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha avait annoncé le 11 juillet dernier qu'il renonçait à être candidat « pour raisons personnelles ».
La campagne électorale
« Le Président de la République Georgi Parvanov a réalisé un excellent travail. Sous sa Présidence, il s'est parfaitement acquitté des deux priorités de politique étrangère du pays : l'adhésion à l'OTAN (2004) et à l'Union européenne (adhésion qui devrait être effective le 1er janvier 2007 mais qui est actuellement en attente de décision de la Commission européenne)» a déclaré le Premier ministre et leader du Parti socialiste, Serguei Stanichev, le 5 septembre dernier lors d'un meeting de soutien à l'actuel Chef de l'Etat. Le Chef du gouvernement a également souligné qu'il était important que le Parti socialiste s'engage solidement derrière Georgi Parvanov. Nikola Kolev, directeur de la campagne, a affirmé que son but était de remporter la victoire dès le premier tour du scrutin.
Georgi Parvanov a demandé aux électeurs de ne pas transformer cette élection présidentielle en un référendum sur l'action du gouvernement, rappelant que parmi les formations qui le soutiennent se trouvent des partis de gouvernement et d'autres qui se situent dans l'opposition. « La seule chose importante est de préparer les Bulgares à ce qui les attend après le 1er janvier 2007 » a-t-il affirmé.
Le leader des Forces démocratiques unies, Petar Stoyanov, a appelé les membres de sa formation à s'engager derrière le candidat Nedelcho Beronov, peu connu du grand public. « Nous devons casser le modèle oligarchique créé par Georgi Parvanov » a-t-il déclaré. Si la fonction de Président de la République est, en Bulgarie, essentiellement honorifique, en parvenant à faire élire son candidat, l'opposition pourrait toutefois espérer modifier quelque peu l'équilibre des pouvoirs. « J'ai accepté de participer à cette élection présidentielle parce que j'aimerais exprimer le désir de changement de beaucoup de Bulgares et travailler à faire de notre pays un lieu que les jeunes n'auraient pas envie de quitter » a déclaré Nedelcho Beronov.
« Je ne m'appelle pas Petar Stoyanov ou Ivan Kostov (respectivement leader des Forces démocratiques unies et du Parti des démocrates pour une Bulgarie forte) et je vais donc assumer mes responsabilités. La campagne présidentielle va se jouer entre le Président de la République sortant, Georgi Parvanov, qui chaque jour trahit les intérêts de la Bulgarie, et moi-même, leader d'Ataka » a déclaré Volen Siderov lors de l'annonce de sa candidature. Fondée en mars 2005, soit deux mois avant les dernières élections législatives du 25 juin 2005, Ataka est une formation xénophobe (anti-turcs et anti-tziganes, ces minorités représentant environ 16% de la population) qui se pose en défenseur de la pureté de l'Etat et de la nation, des valeurs de l'Eglise orthodoxe et de l'identité slave. Le parti lutte contre la corruption et pour la fin de la mise sous tutelle du pays par le Fonds monétaire international (FMI). Il est également opposé à l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne comme à son appartenance à l'OTAN. Lors du scrutin législatif de l'an passé, la formation a réalisé une percée d'autant plus remarquée que si la Bulgarie compte d'importantes minorités, elle avait jusqu'alors été épargnée par les tensions ethniques telles que celles qui ont été à l'origine des guerres qui ont ensanglanté les Balkans après la chute du communisme. Le 25 juin 2005, Ataka était arrivée en quatrième position en recueillant 8,16% des suffrages. « Ataka est à l'avant-garde de la lutte contre le rôle néfaste du Mouvement pour les droits et les libertés turc– le MDL, dirigé par Ahmed Dogan, représente la minorité turque du pays (environ 8% des Bulgares) » affirme Volen Siderov. Le leader ultra-nationaliste fait actuellement l'objet de trois procédures judiciaires pour des déclarations contre le Mouvement pour les droits et les libertés, les Roms et les homosexuels.
Georgi Markov, violemment anticommuniste, tente de rassembler sur son nom l'ensemble des sympathisants de droite ; Grigor Velev fait campagne pour un nationalisme modéré. Enfin, Lyuben Petrov, qui accuse Georgi Parvanov d'être « un traître national », milite pour un retrait de la présence militaire américaine du sol bulgare et en faveur du déploiement des troupes nationales en Afghanistan et en Irak. L'ancien chef de l'état major, favorable à l'adhésion de son pays à l'Union européenne, reproche à Georgi Parvanov de soutenir les bases américaines et d'avoir été à l'origine de l'intégration de la Bulgarie dans l'OTAN en 2004 sans organiser au préalable de référendum sur la question. « Je demanderai un référendum national sur la fermeture de la centrale nucléaire de Kozloduy, des débats sur les bases américaines au Parlement et le retrait du contingent bulgare d'Irak » a-t-il déclaré lors d'un meeting à Pleven.
La dernière enquête d'opinion réalisée par l'agence Mediana crédite l'actuel Président de la République, Georgi Parvanov, de 42% des suffrages le 22 octobre prochain. Ses deux principaux adversaires, Volen Siderov et Nedelcho Beronov, obtiendraient respectivement 8% et 6%.
La campagne électorale a officiellement débuté le 19 septembre en Bulgarie. « Alors que jusqu'à aujourd'hui, les électeurs ont toujours sanctionné les sortants, Georgi Parvanov a toutes les chances de devenir le premier homme politique à être réélu à la magistrature suprême» affirme l'analyste politique de l'agence Mediana, Kolyo Kolev. Certains journalistes estiment que l'actuel Président de la République pourrait être réélu dès le premier tour de scrutin. L'élection se tiendra quelques jours juste après que la Commission européenne donne son avis sur la date à laquelle la Bulgarie sera autorisée à intégrer l'Union. Une décision qui, si elle est positive, pourrait constituer un avantage déterminant pour l'actuel Président de la République.
Rappel des résultats de l'élection présidentielle des 11 et 18 novembre 2001 en Bulgarie
participation : 39,20% (premier tour) et 54,40% (deuxième tour)
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