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Victoire de l'Union démocratique du centre et net recul des socialistes aux élections fédérales suisses

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

-

22 juillet 2007
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Victoire de l'Union démocratique du centre et net recul des socialistes aux élec...

PDF | 192 koEn français

L'Union démocratique du centre (UDC/SVP) est arrivée en tête des élections fédérales qui se sont déroulées en Suisse le 21 octobre. La formation populiste, qui a mené une campagne agressive et centrée sur la dénonciation des criminels étrangers, recueille le meilleur résultat de son histoire avec 29% des suffrages, (+2,3 points par rapport au dernier scrutin fédéral du 19 octobre 2003 et remporte 62 sièges (+7). Le Parti démocrate-chrétien (PDC/CVP) se maintient en obtenant 14,6% des voix (+ 0,2 point) et gagne 3 sièges (31). Le Parti radical-démocratique (PRD/FDP) continue son lent déclin et obtient 15,6% des voix (- 1,7 point) et 31 sièges (- 5). Mais le grand perdant de ces élections est le Parti socialiste (PSS/SPS) qui recueille 19,5% des suffrages (- 3,8 points) et 43 sièges (- 9). Le Parti écologiste-Les Verts (PES/GPS) enregistre une progression, en particulier dans les grandes villes, obtenant 9,6% des voix (+ 1,7 point) et 20 sièges (+ 6).

Au Conseil des Etats, le Parti démocrate-chrétien remporte 11 sièges, le Parti radical-démocratique 9, l'Union démocratique du centre 7 et le Parti socialiste 6.

Première historique à la Chambre haute : l'élection du premier Conseiller écologiste, Robert Cramer, dans le canton de Genève.

La participation s'est élevée à 48,8%, soit légèrement au-dessus des précédentes élections législatives du 19 octobre 2003 (+ 4,3 points) et la plus forte mobilisation depuis 25 ans dans la Confédération helvétique. Les cantons de Schaffhouse et du Valais ont été les plus participatifs (respectivement 65,3% et 59,8%) tandis que ceux d'Appenzell Rhodes-Intérieures et d'Uri ont été les plus abstentionnistes (respectivement 21,1% et 24,1% de participation). Cette mobilisation accrue a profité à l'Union démocratique du centre.

"C'est le meilleur score d'un parti politique depuis 1919" s'est réjoui le vice-président de l'Union démocratique du centre, Yvan Perrin, dès l'annonce des résultats. De son côté, le président de l'Union démocratique du centre, Ueli Maurer, a expliqué le succès de son parti de la façon suivante : "Une personne opposée à l'entrée de la Suisse dans l'Union européenne, qui veut payer moins d'impôt, qui veut davantage de sécurité et moins de criminalité étrangère vote pour l'Union démocratique du centre" ajoutant "La question de l'adhésion à l'Union européenne devrait disparaître de tous les esprits désormais. Nous allons baisser les taxes. Nous allons apporter la sécurité". Il a enfin souligné que son parti ne souhaitait pas exclure le Parti socialiste du Conseil fédéral (gouvernement) mais a cependant demandé que les trois plus âgés des Conseillers fédéraux - Pascal Couchepin (PRD/FDP), Moritz Leuenberger (PSS/SPS) et Samuel Schmid (PDC/CVP) – remettent leur siège en jeu lors de la désignation du Conseil fédéral prévue le 12 décembre.

L'Union démocratique du centre remporte donc sa deuxième victoire après celle des précédentes élections fédérales du 19 octobre 2003. Fait notable : cette progression est une première en Europe où jamais une formation populiste au pouvoir n'avait amélioré son résultat d'une élection à l'autre. "Les ouvriers, l'ancienne classe moyenne des commerçants et artisans, les agriculteurs se comptent le plus souvent parmi les perdants, ce sont eux qui font le succès de l'Union démocratique du centre" affirment les politologues Pascal Sciarini et Sarah Nicolet du département de science politique de l'université de Genève. "Contrairement au Parti socialiste et aux partis du centre, les Verts et l'Union démocratique du centre sont des partis d'idées. C'est d'ailleurs ce qui explique leur succès actuel. Depuis les années 1960, les Verts n'ont eu de cesse d'évoluer. Ils attirent un électorat très jeune" analyse l'écrivain et philosophe Jean Romain. "La campagne électorale a été marquée par une radicalisation du débat politique inédite en Suisse et très largement dominée par l'Union démocratique du centre. Leur style est celui de la provocation et ça marche lorsqu'il y a des réactions. Ils font campagne de cette façon depuis dix ans, ils doivent donc flirter de plus en plus avec les positions racistes pour continuer à susciter des réactions. Mais ils ont atteint la limite au-delà de laquelle il commenceront à perdre des électeurs" souligne Georg Lutz, professeur de sciences politiques à l'université de Berne.

Le parti socialiste recule et retrouve ses résultats les plus faibles - au-dessous des 20% - de la fin des années 1980. "C'est une nette défaite" a reconnu son président, Hans-Jürg Fehr. Pierre-Yves Maillard, vice-président, a dénoncé l'opacité des finances des partis politiques et demandé le lancement d'une initiative populaire pour en changer les règles de financement. Le Parti socialiste est en baisse dans les cantons de Genève, de Berne, de Bâle et de Zurich, un mouvement qui profite en partie aux écologistes. Ces derniers se sont félicités de leurs bons résultats. "Les électeurs ont été sensibles à nos idées au moment où les changements climatiques occupent les esprits" a indiqué Ruth Genner, présidente du Parti écologiste-Les Verts, ajoutant qu'elle ne revendiquerait pas de siège pour sa formation au Conseil fédéral.

Fulvio Pelli, président du Parti radical-démocratique, a reconnu l'échec de sa formation, parlant de "défaite claire" même s'il a déclaré ne pas envisager de quitter son poste. "J'ai dit qu'il fallait cinq ans pour rénover le parti, nous n'y sommes pas encore" a-t-il souligné. Le Parti radical-démocratique n'est pas parvenu à imposer ses thèmes économiques dans la campagne électorale et son initiative en matière de fiscalité n'a pas recueilli le succès escompté. Enfin, Christophe Darbellay, président du Parti démocrate-chrétien, s'est déclaré satisfait des résultats de sa formation en dépit du fait que celle-ci échoue à devancer le Parti radical démocratique contrairement à ce qu'indiquaient certaines enquêtes d'opinion.

Cette nouvelle victoire de l'Union démocratique du centre oblige les autres partis politiques à un repositionnement. Le Parti socialiste devra choisir entre mettre le cap plus à gauche ou s'orienter vers le centre de l'échiquier politique. Quant aux forces du centre – Parti radical-démocratique (PRD/FDP) et Parti démocrate-chrétien (PDC/CVP) –, ils ne peuvent éviter de se positionner par rapport à une éventuelle fusion.

La victoire de l'Union démocratique du centre, si elle donne un net avantage dans les négociations qui vont s'ouvrir, ne devrait cependant pas entraîner de recomposition de la fameuse "formule magique", en vigueur en Suisse depuis 1959, qui voit les formations de droite et de gauche se partager les portefeuilles ministériels.

Résultats des élections fédérales du 21 octobre 2007 en Suisse

Participation : 48,8%

Conseil national

Source : Office fédéral de la statistique (http://www.politik-stat.ch/nrw2007CH_fr.html)

Conseil des Etats

Source : Office fédéral de la statistique (http://www.politik-stat.ch/srw2007CH_fr.html)

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