Election présidentielle à Chypre, 16 fevrier 2003 le point a une semaine du scrutin

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

-

16 février 2003
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

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Alors que l'ONU a exprimé le souhait que les deux dirigeants chypriotes, Glafcos Cléridès, Président de la République de Chypre (Sud), et Rauf Denktash, dirigeant de la partie turque (Nord), parviennent à s'accorder sur la réunification de Chypre avant le 28 février, les pourparlers de paix sont dans l'impasse en raison d'un désaccord entre les deux communautés sur les questions territoriales. Rauf Denktash est fermement opposé à la restitution par les Chypriotes turcs d'une partie de leur territoire (le plan de paix des Nations Unies stipule que les Chypriotes turcs contrôleraient 28% de l'île, contre 37% actuellement).

Les deux dirigeants se rencontrent trois fois par semaine sous l'égide des Nations Unies pour débattre du plan de paix. Le Premier ministre grec, Costas Simitis, actuellement en charge de la Présidence de l'Union européenne a récemment estimé qu'il serait « extrêmement difficile » d'aboutir à un accord sur Chypre d'ici la fin du mois de février. De la même façon, le chef de la diplomatie grecque George Papandréou s'est déclaré pessimiste sur un accord de paix. Le Président de la République de Chypre, Glafcos Cléridès, souhaite pour sa part que les négociations sur la réunification se poursuivent au-delà de la date butoir du 28 février si aucun accord n'est trouvé à cette date. Une nouvelle révision du plan de paix des Nations Unies, qui a déjà été modifié une fois, pourrait intervenir prochainement et être soumise aux deux parties. De leur côté, la Grèce et la Turquie devraient rapidement, comme le leur a demandé l'ONU, ouvrir des négociations bilatérales sur la sécurité de Chypre en marge des négociations entre les deux communautés de l'île. Celles-ci doivent porter sur le nombre et la durée du mandat des forces que chaque pays conserverait sur place en cas de réunification de l'île. Les deux communautés chypriotes devront ratifier par référendum tout accord signé par leurs dirigeants avant de signer ensemble le document d'adhésion de l'île à l'Union européenne le 16 avril prochain

Concernant l'élection présidentielle, Glafcos Cléridès pourrait bien terminer sa longue carrière politique sur un échec. L'ensemble des enquêtes d'opinion donnent en effet la victoire à Tassos Papadopoulos (Parti démocratique, Diko), candidat soutenu par les deux autres formations d'opposition (le Parti progressiste des travailleurs, Akel, et le Parti social démocrate, Kisos) devant le Président sortant (Rassemblement démocratique, Disy). Le dernier sondage réalisé par l'institut Cymar Market Research à la fin du mois de janvier donne Tassos Papadopoulos à 43,9% des suffrages, Glafcos Cléridès à 31,5%, Alekos Markidès (Disy) à 9,2% et Nicos Koutsou (Nouveaux Horizons, formation de droite) à 2,9%. Une autre enquête réalisée au début du mois de février par Mega accorde 45,9% d'intentions de vote à Tassos Papadopoulos contre 33,9% à Glafcos Cléridès ( 8,2% à Alekos Markidès et 1,8% à Nicos Koutsou). Environ 10% des électeurs sont encore indécis. Enfin, les projections du deuxième tour donnent toutes Tassos Papadopoulos vainqueur face au Président sortant.

Le Président sortant est soutenu par sa formation politique, le Disy, qui avait, avant sa déclaration de candidature, choisi de soutenir le président du parti social-démocrate (Kisos) Yannanakis Omirou pour la course à la magistrature suprême. Glafcos Cléridès est également soutenu par le Mouvement démocratique (Adik), formation de centre droit. La candidature d'Alekos Markidès constitue assurément le principal obstacle à une victoire du Président sortant même s'il n'est pas le seul ; Tassos Papadopoulos étant considéré comme favori par l'ensemble des enquêtes préélectorales depuis de longues semaines. Le procureur général et ancien bras droit de Glafcos Cléridès s'oppose à une nouvelle candidature du Président sortant estimant que celui-ci doit partir comme il l'avait précédemment annoncé, que ce départ couronne un succès, c'est-à-dire la réunification de Chypre, ou qu'il soit consécutif à un échec, l'absence d'accord entre les deux communautés de l'île. Alekos Markidès ajoute que Glafcos Cléridès n'est pas crédible lorsqu'il déclare ne souhaiter s'occuper que de la seule réunification durant son dernier mandat. « Tous les enjeux sont importants et tous sont liés à l'avenir du pays. Nous avons besoin d'un Président qui soit présent sur l'ensemble des questions qui se posent au pays et non d'un chef d'Etat qui ne s'intéresse qu'aux enjeux majeurs, la réunification et l'adhésion à l'Union européenne, pendant que d'autres devraient s'occuper du reste » a déclaré le procureur général.

La bataille est donc ouverte pour l'élection du futur chef de l'Etat chypriote. Sauf énorme surprise de dernière minute, Glafcos Cléridès (Disy) et Tassos Papadopoulos (Diko) devraient logiquement arriver en tête du premier tour de scrutin et s'affronter lors du deuxième tour de l'élection présidentielle qui aura lieu, une semaine plus tard, le 23 février prochain.

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