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Rafal Trzaskowski et Karol Nawrocki s’affronteront lors du 2e tour de l’élection présidentielle polonaise le 1er juin

Élections en Europe

Corinne Deloy

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19 mai 2025
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Rafal Trzaskowski (Plateforme citoyenne, PO) est arrivé en tête du 1er tour de l’élection présidentielle le 18 mai. Le maire de Varsovie et ancien ministre de l’Administration et du Numérique (2013-2014) a recueilli 31,36% des suffrages et devancé son adversaire Karol Nawrocki, actuel directeur de l’institut de la mémoire nationale (IPN) chargé de poursuivre les crimes nazis et soviétiques perpétrés contre les Polonais, qui était soutenu par le principal parti d’opposition, Droit et Justice (PiS), qui a obtenu 29,54% des voix.
Les deux hommes s’affronteront donc le 1er juin lors du 2e tour.

Slawomir Jerzy Mentzen, candidat de Confédération (K), alliance d’extrême droite qui regroupe outre son parti ; Nouvel espoir (NN) et le Mouvement national (RN), parti ultra nationaliste de Krzysztof Bosak, a pris la 3e place avec 14,81%. Enfin, Grzegorz Michal Braun, président du parti monarchiste la Confédération de la couronne polonaise (KKP), ouvertement antisémite et prorusse, a recueilli 6,34% des voix. 
Les 9 autres candidats ont obtenu chacun moins de 5% des suffrages. 

La participation s’est élevée à 67,31%, légèrement supérieure à celle enregistrée lors du 1er tour de la précédente élection présidentielle du 28 juin 2020 (+ 2,8 points). 
Les habitants des villes ont voté majoritairement pour le maire de Varsovie et les candidats de gauche tandis que ceux qui vivent dans les zones rurales ont davantage accordé leur voix aux candidats du PIS et de l'extrême droite.

Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 18 mai 2025 en Pologne
Participation : 67,31%

Source : https://wybory.gov.pl/prezydent2025/pl/wynik/pl 

Les résultats ont fait mentir les enquêtes d’opinion, chose habituelle lors des scrutins présidentiels en Pologne qui donnent souvent lieu à des surprises. L’écart entre les deux candidats arrivés en tête est en effet beaucoup plus faible que ce qui était attendu. Par ailleurs, le résultat de Slawomir Jerzy Mentzen est plus élevé que prévu. L’autre véritable surprise réside dans le résultat de Grzegorz Michal Braun. Ensemble, les deux hommes atteignent 21,15% des suffrages. Leurs voix devraient se reporter en majorité sur Karol Nawrocki lors du 2e tour, un apport considérable pour le candidat du PiS.
Karol Nawrocki a demandé à ses compatriotes de le porter au pouvoir pour éviter que la coalition gouvernementale emmenée par Donald Tusk « monopolise » le pouvoir en Pologne. « Avec Karol Nawrocki, le gouvernement sera de fait paralysé et cela peut mener à terme à la chute de la coalition au pouvoir » a indiqué Anna Materska-Sosnowska, politologue, ajoutant « Son succès au scrutin présidentiel signifierait en réalité le retour des populistes, avec une force décuplée, au plus tard dans deux ans », c’est-à-dire aux prochaines élections législatives, a-t-elle ajouté. 

« La partie ne fait que commencer. Une lutte acharnée pour chaque vote. Ces deux semaines décideront de l'avenir de notre patrie. C'est pourquoi il ne faut pas reculer, ne serait-ce que d'un pas » a indiqué le Premier ministre Donald Tusk à l’annonce des résultats. 
Szymon Franciszek Holownia, président du parti centriste Pologne 2050 (PL2050), a appelé à voter en faveur du maire de Varsovie. Il devrait être imité par la candidate indépendante Magdalena Agnieszka Biejat, qui était soutenue par l’alliance La gauche (L), qui regroupe entre autres Nouvelle gauche (NL), le Parti socialiste (PPS) et l’Union travailliste (UP). L’homme de gauche Adrian Zandberg, dont razem (qui signifie Ensemble), était initialement membre de la coalition parlementaire de Donald Tusk avant de la quitter, a refusé de donner une consigne de vote. Ses électeurs devraient néanmoins se reporter en majorité sur Rafal Trzaskowski.

Une victoire de Rafal Trzaskowski le 1er juin permettrait au gouvernement d’honorer ses promesses de campagne. Certains des engagements pris par Donald Tusk lors de sa campagne électorale du 15 octobre 2023 sont en effet bloqués en raison d’une cohabitation difficile avec le président de la République sortant, Andrzej Duda. 
Le président polonais dispose en effet d’un droit de veto sur le vote de chaque loi, celui-ci peut être rejeté mais seulement à la majorité des 3/5e des voix lors d’un vote qui doit intervenir en présence d'au moins la moitié des députés. La majorité gouvernementale actuelle ne dispose pas des suffrages suffisants pour atteindre cette majorité et passer outre un veto présidentiel. 
Andrzej Duda (PiS) a apposé son veto à 4 lois (dont celle donnant libre accès à la pilule du lendemain ou encore celle reconnaissant le silésien comme langue d’une des minorités du pays). Il a saisi le tribunal constitutionnel sur 4 autres lois, empêchant leur entrée en vigueur tant que leur conformité avec la loi fondamentale n’aura pas été vérifiée. Il a également fait obstacle à plusieurs nominations administratives qui ne peuvent être validées sans son accord. 
Rafal Trzaskowski souhaite lever le veto qui fait obstacle à la réforme de la justice souhaitée par le gouvernement de Donald Tusk. Il a promis de libéraliser les lois sur l’avortement, de soutenir les énergies renouvelables et de lancer un plan (à long terme) pour l’adoption de la monnaie unique. Ce dernier sujet a presque totalement disparu du débat public en Pologne. Par sa mise à l’agenda, Rafal Trzaskowski veut mettre l’Europe au cœur de la politique polonaise. « Aujourd’hui, nous pouvons finir ce que nous avons commencé en 2023 (…) Je vous garantis une loi qui abolira la loi anti-avortement moyenâgeuse, je vous promets une loi qui abolira tous les défauts du système judiciaire pour qu’il devienne plus efficace. Je vous garantis la séparation de l’Eglise et de l’Etat (…) C’est un choix entre la stabilité et le chaos, entre la liberté et l’endoctrinement, entre l’honnêteté et la duperie » a-t-il déclaré à l’annonce des résultats. 

Le 2e tour s’annonce cependant très serré. Les deux semaines à venir seront décisives. Une nouvelle campagne commence. 

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