L'Alliance démocratique, coalition qui rassemble le Parti social-démocrate (PSD), présidé par Luis Montenegro, et le Centre démocratique et social/Parti populaire (CDS/PP) de Nuno Melo, est arrivée en tête des élections législatives le 18 mai au Portugal. Les 2 partis ont recueilli ensemble 32,72% des suffrages et remporté 89 sièges, soit + 9 par rapport au précédent scrutin législatif du 10 mars 2024, à l'Assemblée de la République, chambre unique du Parlement.
Le Parti socialiste (PS), principal parti d'opposition conduit par Pedro Nuno Santos, a pris de justesse la 2e place avec 23,38% des voix avec 58 députés, soit un recul de 20 sièges par rapport à l’an passé. 

Chega (Assez) (CH), parti d'extrême-droite dirigé par André Ventura, a obtenu 22,56% des suffrages et 58 élus (+8), soit le même nombre que le PS. En passant la barre de 20%, Chega fait une percée. Si le pays a longtemps fait figure d’exception en Europe en étant l’un des très rares (avec l’Irlande et Malte) à être dépourvu de fort parti de droite radicale, ces temps sont révolus. « Le bipartisme au Portugal est terminé » a déclaré André Ventura à l’annonce des résultats affirmant « la fin d’un système politique vieux de 50 ans où l’alternance n’était pas possible », soit le temps passé depuis la révolution des œillets qui a mis fin, en 1974, à la dictature instituée par Antonio Salazar en 1933.
L’Initiative libérale (IL), conduite par Rui Rocha, a pris la 4e place avec 5,53% et 9 députés (+ 1). Viennent ensuite LIVRE (Libre) (L), parti écologiste de gauche dont Rui Tavares est le porte-parole, avec  4,2% des voix et 6 sièges (+ 2) ; la Coalition démocratique unitaire (CDU), alliance du Parti communiste (PCP), du Parti écologiste-Les Verts (PEV) et de l'Intervention démocratique (ID), 3,03% et 3 députés (+ 1), le Bloc des gauches (BE), parti de gauche radicale dont Mariana Motagua est la porte-parole, 2% et 1 élu (- 4)  et enfin Personnes-animaux-nature (PAN), dont Ines Sousa Real est la porte-parole, 1,36% et 1 élu (=).

La participation a été plus élevée que lors des précédentes élections législatives du 10 mars 2024 s’établissant à 64,38%, soit + 4,48 points.

Organisé 14 mois après les dernières élections législatives, ce scrutin, que personne n’avait véritablement souhaité, était anticipé. Il faisait suite à la polémique créée par la publication d’un article dans le quotidien Correio da Manha le 15 février dernier qui faisait état de soupçons de conflit d’intérêts concernant Luis Montenegro en raison des activités de l'entreprise Spinumviva dont il était le propriétaire. Mis en cause, le chef du gouvernement a sollicité la confiance de Parlement. Le vote, perdu d'avance puisque le PSD ne disposait pas de la majorité absolue, a été un échec. Le Premier ministre a donc été contraint à la démission le 11 mars dernier.

Le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa a choisi de convoquer de nouvelles élections le 18 mai.

Résultats des élections législatives du 18 mai 2025 au Portugal
Participation : 64,38%

Source : https://www.legislativas2025.mai.gov.pt/resultados/globais 

« Le peuple souhaite ce gouvernement… et ce Premier ministre » a déclaré Luís Montenegro à l’annonce des résultats. Le Premier ministre sortant, qui se succèdera probablement à lui-même, ne dispose cependant pas encore de la majorité absolue et ce même avec l’aide de l’Initiative libérale. Les deux partis disposent de 98 députés, soit 18 de moins que la majorité absolue. Luis Montenegro, qui a totalement exclu toute collaboration avec Chega, devrait former un gouvernement minoritaire et resterait donc à la merci de l’opposition qui, ensemble, peuvent disposer d’une minorité de blocage. La PS ressort néanmoins très affaibli de ce scrutin et son dirigeant Pedro Nuno Santos a d’ores et déjà annoncé son départ de la tête du parti.

Agé de 52 ans et originaire de Porto, Luis Montenegro est diplômé en droit. Il a été avocat avant d’être élu député lors des élections du 17 mars 2002. Régulièrement réélu, il a démissionné de son poste en 2018. Il a été président du groupe parlementaire social-démocrate entre 2011 et 2017.  En 2022, il est élu président du PSD avec 72,5% des suffrages. Il l’a mené à la victoire aux élections législatives de mars 2024 et a accédé par conséquent au poste de Premier ministre.  Démissionnaire le 11 mars et vainqueur du scrutin législatif du 18 mai, il devrait être reconduit à son poste.