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Corinne Deloy
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Corinne Deloy
Les élections législatives qui se sont déroulées en Estonie le 1er mars ont profité aux deux " grands " partis politiques. Le Parti de la réforme (ER) du Premier ministre Taavi Roivas, nommé à la tête du gouvernement il y a moins d'un an (26 mars 2014), est arrivé en tête du scrutin après 9 années au pouvoir. Il a recueilli 27,7% des suffrages et remporté 30 sièges (–3) au Riigikogu, chambre unique du Parlement, Le Parti du centre (K), principal parti d'opposition dirigé par le maire de Tallinn et ancien Premier ministre (1991-1992), Edgar Savisaar, a obtenu 24,8% des voix et 27 députés (+ 1).
Le Parti social-démocrate (SDE) du ministre de la Défense sortant, Sven Misker, a pris la 3e place avec 15,2% des suffrages et 15 sièges (-4). Il enregistre un recul tout comme l'Union pour la patrie-Res Publica (IRL) dirigée par Urmas Reinsalu, a obtenu 13,7% des voix et 14 députés (- 9) et est le grand perdant de ce scrutin. Il a été la victime du succès de 2 partis qui font leur entrée au Riigikogu : le Parti libre d'Estonie, créé le 20 septembre dernier et présidé par Andres Herkel, qui a obtenu 8,7% des suffrages et 8 sièges, et le Parti populaire conservateur (EKRE), parti nationaliste issu de la fusion en 2012 de l'Union du peuple et du Mouvement patriotique conduit par Mart Helme, qui a recueilli 8,1% des voix et 7 députés.
La participation a été quasiment identique à celle enregistrée lors du précédent scrutin législatif du 6 mars 2011 et s'est élevée à 63,7% (- 0,2 point).
296 109 personnes, soit un tiers des électeurs, avaient accompli leur devoir civique par anticipation entre le 19 et le 25 février, dont 176 491 par voie électronique, un nouveau record pour le pays (ils étaient 140 846 à avoir fait de même en 2011). Rappelons qu'un vote électronique peut être annulé par un vote dans l'isoloir le jour du scrutin.
Le Parti de la réforme a enregistré son 3e succès électoral législatif consécutif. Selon toute vraisemblance, Taavi Roivas devrait conserver son poste à la tête du gouvernement. Il devrait cependant être contraint à élargir la coalition qu'il formait jusqu'alors avec le Parti social-démocrate, les deux partis ne disposant pas de la majorité au Riigikogu (45 sièges sur 101). " Le Parti de la réforme sera bien en mesure de former un gouvernement. Cependant, les négociations de coalition, menées avec les sociaux-démocrates et les conservateurs de l'Union pour la patrie-Res Publica, risquent d'être plus compliquées " a déclaré Ahto Lobjakas, éditorialiste du quotidien Postimees,. L'ensemble des partis a exclu toute alliance avec le Parti du centre. Le président de la République Toomas Hendrik Ilves a indiqué en amont du vote que le dirigeant du parti arrivé en tête serait chargé de former le gouvernement.
La coalition gouvernementale sortante avait, durant la campagne électorale, mis en avant les inquiétudes suscitées par l'action de la Russie. L'Estonie, qui compte un quart de russophones, craint les velléités de Moscou qui, depuis 2008, justifie toutes ses interventions dans les pays voisins par sa volonté de protéger les populations russes qui s'y trouvent. Le Premier ministre Taavi Roivas a affirmé : " Le Parti du centre a une approche complètement différente de la nôtre sur la sécurité nationale et la guerre en Ukraine ". Les partis estoniens reprochent à Edgar Savisaar, de garder le silence sur l'action de la Russie en Ukraine. Le Parti du centre souhaite un rapprochement de Tallinn et de Moscou, nécessaire selon lui pour garantir la sécurité du pays. Il aimerait que l'Estonie soit un pont entre l'Europe et la Russie. Le dirigeant du Parti du centre a accusé ses adversaires de jouer sur les inquiétudes des électeurs et d'utiliser le " danger russe " pour les effrayer.
Le sentiment d'inquiétude de la population estonienne s'est encore accru le 25 février dernier lorsque Moscou a lancé de vastes manœuvres militaires impliquant environ 2 000 soldats et 500 appareils militaires à la frontière de l'Estonie (et de la Lettonie). L'OTAN a répondu en envoyant des avions de chasse et en organisant plusieurs exercices militaires dans les pays baltes. Le 25 février, au lendemain de la fête nationale estonienne, des Américains ont participé à un défilé militaire à Narva, ville située à la frontière russe.
Les questions sociales - niveau de vie et salaires - ont constitué l'autre thème de la campagne. L'Estonie affiche une bonne santé économique : la croissance s'est élevée à 1,8% en 2014 (2% prévus en 2015) ; la dette publique s'établit à 10,4% du PIB (elle est la plus faible de la zone euro - 96% en moyenne - et 85,4% dans l'Union européenne) et le déficit public est négatif (-0,1% pour 3,3% en moyenne dans l'UE). Le chômage touche 6,3% de la population active. Enfin, la consommation des ménages est en forte progression, grâce à une hausse des salaires de 5% l'an passé, consécutive à une baisse de la fiscalité du travail.
Agé de 35 ans, Taavi Roivas est le plus jeune chef du gouvernement de l'Union européenne. Originaire de Tallinn, il est diplômé de sciences économiques et d'administration des affaires de l'université de Tartu. Il a commencé sa carrière professionnelle comme conseiller du ministre de la Justice, Mart Rask. En 2003, il devient le directeur de cabinet du ministre de la Population et des Affaires ethniques, Paul-Eerik Rummo, et en 2004, il est nommé conseiller du Premier ministre Andrus Ansip (ER).
Taavi Roivas est élu député lors du scrutin du 4 mars 2007. Il devient ministre des Affaires sociales du gouvernement d'Andrus Ansip en 2012 jusqu'au 14 mars 2014, jour où il est désigné comme candidat du Parti de la réforme au poste de Premier ministre. Deux jours plus tard, il est chargé de former le nouveau gouvernement par le président de la République Toomas Hendrik Ilves qui le nomme Premier ministre le 26 mars.
Taavi Roivas a désormais quatre années pour construire " une Estonie nordique et libérale. Un pays avec un niveau de vie et de sécurité nordiques et guidant le monde, un pays numéro un en matière de libertés individuelles et de sécurité économique ", une ambition qu'il a affirmée le 17 janvier.
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