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Corinne Deloy,
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
La coalition gouvernementale conserve la majorité aux élections législatives islandaises du 10 mai. Avec trente-quatre sièges, le Parti de l'indépendance (SSF) et le Parti du progrès (FSF) détiennent toujours, à eux deux, la majorité absolue à l'Althing, Chambre unique du Parlement islandais. Toutefois, le Parti de l'indépendance, formation du Premier ministre, accuse un recul de quatre sièges, ce qui met le Premier ministre David Oddsson en position difficile pour la formation du futur gouvernement. Dès l'annonce des résultats, les spéculations sur la composition de la prochaine équipe gouvernementale ont commencé. « Il sera difficile de former un gouvernement » a déclaré Halldor Asgrimsson, ministre des Affaires étrangères de la coalition gouvernementale sortante et leader du Parti du progrès (FSF), qui peut être satisfait du résultat de sa formation qui conserve ses douze sièges au Parlement et devient incontournable pour la formation du futur gouvernement. Au soir du scrutin, certains analystes politiques exprimaient à mi-mots qu'Halldor Asgrimsson pourrait avoir des velléités de devenir le prochain Premier ministre. La possibilité d'une coalition rassemblant le Parti du progrès et le Parti de l'alliance était également envisagée par des membres du Parti libéral. Enfin, d'autres affirmaient que David Oddsson pourrait conserver son poste de Premier ministre et passer le relais à son ministre des Affaires étrangères avant la fin de son mandat.
Le Parti de l'alliance, principale formation d'opposition, enregistre un gain de trois sièges supplémentaires par rapport aux précédentes élections législatives de 1999. En revanche, sa candidate au poste de Premier ministre, l'ancienne maire de Reykjavik Ingibjörg Solrun Gisladottir, qui occupait la cinquième place sur une liste de son parti dans un district de la capitale, n'est pas parvenue à faire son entrée au Parlement, un échec qui ne l'empêche pas d'accéder à la tête du Gouvernement, la loi électorale islandaise n'obligeant pas le Premier ministre à être membre du Parlement. La formation social-démocrate n'a cependant pas atteint l'objectif que son leader Ossur Skarphendinsson lui avait assigné, à savoir « devenir le premier parti d'Islande » à l'issue de ces élections législatives. Le Parti de l'alliance s'est néanmoins imposé dans la capitale Reykjavik, fief de David Oddsson.
Du côté des petits partis, la formation écologiste (VG) perd un siège par rapport aux dernières élections législatives de 1999 et le Parti libéral (FF) en gagne deux. Ce petit parti avait fait une percée dans les dernières enquêtes d'opinion en prônant une réforme du système des quotas de pêche. Notons enfin que ces élections législatives ont manifestement intéressé les Islandais : 87,8% d'entre eux se sont rendus aux urnes, une participation en hausse de 3,7 points par rapport aux élections législatives du 8 mai 1999.
David Oddsson, à qui il a été reproché d'avoir mené une campagne terne et éloignée des préoccupations des électeurs, s'est déclaré déçu par les résultats de sa formation. Le programme du Premier ministre était centré sur des baisses d'impôt sur le revenu, de la TVA sur les produits alimentaires et les produits de base et visait à moyen terme une suppression de l'impôt sur la propriété. Un programme dont le coût est estimé à deux cent soixante millions d'euros. Le leader du Parti de l'indépendance promettait aussi le maintien d'une croissance élevée (3-4%) pendant les cinq prochaines années, une inflation contenue et un faible chômage. « Il s'agit de savoir si l'électeur veut continuer sur cette route sûre sur laquelle nous voyageons déjà ou s'il veut courir le risque d'un gouvernement avec trois ou quatre partis commettant leurs impairs habituels avec l'économie » déclarait-il le 8 mai dernier.
Le Parti de l'alliance, de son côté, avait centré sa campagne sur les inégalités persistantes entre les riches et les pauvres, estimant à environ quinze mille le nombre de laissés pour compte du système libéral en Islande, et la défense du système de protection sociale, négligée par les libéraux. Ingibjörg Solrun Gisladottir avait également dénoncé le système en vigueur des quotas de pêche qui, selon elle, favorise les proches du pouvoir et ruine les petits pêcheurs des zones côtières, condamnés à un exode rural. Elle a également défendu la condition de la femme rappelant, qu'en 1994, l'Islande avait une femme Présidente de la République, une femme à la tête du Parlement, une femme présidente de la Cour suprême et une femme maire de la capitale (Ingibjörg Solrun Gisladottir elle-même). Les derniers jours de la campagne ont révélé des tensions de plus en plus fortes entre les deux principales formations politiques du pays, le Premier ministre déclarant que voter pour l'opposition « serait comme laisser vos enfants jouer avec des allumettes » et Ingibjörg Solrun Gisladottir présentant David Oddsson comme un chef de gouvernement usé et qu'il convenait de remplacer.
Des négociations qui ont d'ores et déjà commencé entre les différentes formations politiques sortira le nom du futur chef du gouvernement islandais. Auteur de romans, David Oddsson a déclaré qu'il se verrait bien reprendre la plume. Le leader du Parti de l'indépendance devrait pourtant retrouver pour la quatrième fois son fauteuil de Premier ministre, où en menant à son terme un quatrième mandat, il pourrait égaler le record de longévité d'Helmut Kohl, qui passa seize années à la tête du gouvernement allemand.
Résultats des élections législatives du 10 mai 2003:
Participation : 87,8%

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