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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Le référendum sur la tenue d'élections législatives anticipées a finalement échoué, faute d'une participation suffisante. En effet, alors que la moitié des électeurs inscrits devaient se rendre aux urnes pour que le référendum soit déclaré valide, seuls 35,86% des Slovaques ont accompli leur devoir de citoyen. La forte abstention a surpris les analystes politiques qui, jusqu'à la veille du scrutin, tablaient sur une participation, certes insuffisante pour valider le référendum mais s'élevant néanmoins à environ 45%. En dépit de la forte popularité dont elle bénéficie, la formation d'opposition SMER (Direction), dirigée par Robert Fico, n'a donc pas réussi son pari de renverser le gouvernement de Mikulas Dzurinda (Union démocratique et chrétienne, SDKU). L'ensemble des partis de la coalition gouvernementale (l'Union démocratique et chrétienne, le Mouvement chrétien-démocrate (KDH), l'Alliance du nouveau citoyen (ANO) et le Parti de la coalition hongroise (SMK)) avaient appelé au boycott des urnes pour ce référendum, estimant que ce dernier était « injuste et malhonnête ». Parmi les électeurs qui se sont prononcés, une large majorité, 86,78%, s'est déclarée favorable à des élections législatives anticipées, contre 11,93% qui ont voté contre.
Grâce aux réformes menées par le gouvernement de Mikulas Dzurinda, la Slovaquie, qui, dans les années quatre vingt dix, accusait un large retard sur le plan du développement économique, fait désormais figure de bonne élève parmi les pays candidats. Le pays attire de nombreux investisseurs qui apprécient particulièrement le régime fiscal et les faibles coûts salariaux. Pour la population locale cependant, les réformes sont synonymes de hausse des prix, notamment de ceux des produits de base, de l'énergie ou des services de santé, et du maintien d'un taux de chômage élevé (16,5% de la population active en février 2004). Le vote, ou plutôt l'absence de vote, des Slovaques montrent néanmoins que si ceux-ci souffrent des réformes entreprises par le gouvernement, ils les estiment nécessaires et ne semblent pas croire qu'un autre gouvernement pourrait agir différemment.
Les prochaines élections législatives auront donc lieu en 2006.
Si Mikulas Dzurinda peut être satisfait de la confiance que les électeurs lui ont renouvelée en refusant dans leur grande majorité de se prononcer au référendum, il peut être déçu de l'élimination surprise de son candidat, le ministre des Affaires étrangères Eduard Kukan, dès le premier tour de l'élection présidentielle. Le candidat de la coalition gouvernementale, pourtant donné favori par l'ensemble des enquêtes d'opinion, recueille 22,10% des suffrages et semble avoir pâti des appels au boycott du référendum et de la faible mobilisation qui en a résulté. En effet, seuls 47,94% des Slovaques se sont prononcés pour ce premier tour de scrutin. Grigori Meseznikov, président de l'Institut pour les affaires publiques, affirme ainsi que « 40% des sympathisants d'Eduard Kukan ne se sont pas rendus aux urnes ». Si le ministre des Affaires étrangères a échoué à mobiliser ses électeurs dès le premier tour, tel n'a pas été le cas de Vladimir Meciar qui arrive largement en tête, obtenant 32,74% des voix. Il est suivi de Ivan Gasparovic (Mouvement pour la démocratie, HZD), son ancien bras droit et également l'ancien Président du Conseil national de la République (Parlement) de 1994 à 1998. Celui-ci, qui était soutenu par la formation SMER, recueille 22,28% des suffrages. Ivan Gasparovic avait quitté la vie politique en septembre 2002 après que sa formation eut échoué à franchir le seuil des 5% lui permettant d'être représentée au Parlement aux dernières élections législatives des 20 et 21 septembre 2002.
L'ancien amateur de boxe, père de l'indépendance slovaque et leader de la première formation d'opposition au Parlement, réalise donc un résultat très supérieur à ce que les enquêtes d'opinion lui laissaient prévoir (Vladimir Meciar était crédité d'environ 24% des suffrages). L'ancien Premier ministre de la Slovaquie (pratiquement sans interruption de 1990 à 1998) est encore une fois parvenu à mobiliser ses électeurs, très présents parmi les régions pauvres et rurales du pays. Ironie du sort, celui qui fût longtemps l'une des figures de proue de l'opposition à l'Union européenne, devra, s'il est élu, superviser les premières années de l'entrée de son pays dans l'Union européenne et dans l'OTAN. Vladimir Meciar promet de transformer la Slovaquie en une Suisse d'Europe centrale.
Les dirigeants occidentaux, qui s'étaient élevés à de multiples reprises contre les positions autoritaires de l'ancien Premier ministre, ne se réjouiraient certes pas de l'élection de Vladimir Meciar à la tête de la Slovaquie mais ils ne devraient cependant pas trop s'inquiéter considérant les pouvoirs limités du Président slovaque, qui ne peut réellement s'opposer aux décisions de son gouvernement, le veto présidentiel pouvant être aisément rendu caduc par un second vote du Parlement.
Rappelons que pour la première fois, les Slovaques votaient sur un seul jour pour ces deux consultations électorales, contrairement à la tradition, également en vigueur en République tchèque, qui voulait que les électeurs se rendent aux urnes sur deux jours, entre le vendredi 13h et le samedi 13h.
Vladimir Meciar part grand favori pour le deuxième tour de scrutin qui se déroulera le 17 avril prochain. Néanmoins, le leader du Mouvement pour une Slovaquie démocratique continue de susciter une forte antipathie auprès de nombreux Slovaques, ce qui pourrait lui être préjudiciable.
Résultats du référendum en Slovaquie, 3 avril 2004
Participation : 35,86% (le référendum est donc déclaré invalide)

Résultats du premier tour de l'élection présidentielle en Slovaquie, 3 avril 2004
Participation : 47,94%

Les cinq autres candidats (Jan Kralik, Josef Kalman, Stanislav Bernat, Josef Sestak et Julius Kubik) ont recueilli moins de 1% des suffrages
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