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Corinne Deloy,
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Comme attendu, le deuxième tour des élections sénatoriales des 12 et 13 novembre en République tchèque a confirmé les résultats du premier tour, le Parti démocrate civique (ODS) devançant largement l'ensemble des autres formations et remportant dix-sept sièges, soit dix-huit au total puisque le maire de Pilsen, Jiri Sneberger, avait été élu, dès le 6 novembre dernier, battant largement la ministre de la Santé, Milada Emmerova (CSSD).
La formation conservatrice possède désormais trente-six des quatre vingt un sièges de sénateurs du Parlement, soit neuf de plus que lors de la précédente législature.
Le Parti social-démocrate (CSSD) a, de nouveau, essuyé un sérieux revers, ne parvenant pas à remporter un seul siège et en perdant huit. La formation au pouvoir détient dorénavant sept sièges au Sénat.
L'Union chrétienne-démocrate (KDU-CSL) a remporté trois sièges mais en a perdu quatre et disposera de treize sénateurs.
L'Union de la liberté (US-DEU) et le Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM) ont remporté chacun un siège et possèdent respectivement désormais deux et huit sénateurs.
Rappelons qu'un minimum de cinq membres est indispensable pour pouvoir constituer un groupe politique au Sénat. Les quatre autres élus de ce deuxième tour sont issus des Démocrates européens (ED), des Verts, de l'Association des indépendants (SNK) et du Mouvement des indépendants. L'Association des indépendants (SNK) compte trois représentants au Sénat et le Mouvement des indépendants deux.
Le candidat le mieux élu lors de ce deuxième tour a été Premsyi Sobotka (ODS), vainqueur de Josef Vondruska (KSCM). En revanche, à Usti nad Orlici (Bohème de l'Est), Ludmila Müllerova (KDU-CSL) n'a battu Jiri Cepelka (ODS) que de cinquante-neuf voix. A ce jour, treize formations politiques sont représentées dans la Chambre haute qui compte également vingt-quatre femmes, soit deux de plus que lors de la précédente législature.
La participation, la plus faible jamais enregistrée dans le pays, s'est élevée à 18,41%.
« C'est un grand succès » a déclaré le président du Parti démocrate civique, Mirek Topolanek qui se voit conforté dans ses fonctions par le résultat de sa formation aux élections sénatoriales et régionales des 5 et 6 novembre derniers et qui devrait être aisément réélu à son poste en décembre prochain. « Les Tchèques ont exprimé leur opinion lors de ces élections sénatoriales. Le gouvernement actuel n'a pas choisi la bonne voie » a, pour sa part, déclaré le Président de la République, Vaclav Klaus.
Dès lundi, la formation conservatrice a appelé à la convocation d'élections législatives anticipées. « La coalition gouvernementale a perdu sa légitimité » a souligné Pter Necas, vice-président de l'ODS, qui a demandé à l'ensemble des partis politiques de s'allier pour exiger un scrutin législatif anticipé.
Le Parti démocrate civique, qui ne dispose pas de la majorité absolue au Sénat, pourrait envisager des alliances avec l'Association ou le Mouvement des indépendants. Selon la Constitution tchèque, le Sénat a le pouvoir de rejeter les projets de lois adoptés par la Chambre des députés, celle-ci peut cependant contourner ce rejet en les votant de nouveau à la majorité simple. Néanmoins, le bon résultat du Parti démocrate civique devrait compliquer la tâche du gouvernement, obligeant les députés sociaux-démocrates à une stricte discipline de vote pour ne pas retarder inutilement la mise en place des réformes qu'ils souhaitent voir appliquer. Rappelons que la Chambre haute joue également un rôle de première importance dans la désignation du Président de la République qui, en République tchèque, est élu tous les cinq ans par les deux Chambres du Parlement.
Comme il l'avait fait lors du premier tour, le Premier ministre, Stanislav Gross, a justifié la défaite du Parti social-démocrate par la très forte abstention. Il a également déclaré, dans une interview au site internet iDnes, que sa formation allait étudier l'utilité de la deuxième Chambre et l'éventualité de son abolition. « Les sociaux-démocrates pourraient également supprimer le Parlement européen et pourquoi pas les Conseils régionaux » a ironisé le sénateur ODS Tomas Julinek en réaction aux propos du Premier ministre. Milos Zeman, ancien Premier ministre (1998-2002) et ancien président du Parti social démocrate, a mis en cause la hiérarchie du CSSD qu'il a accusée d'être responsable de la défaite. « Stanislav Gross n'est certainement pas l'homme capable de conduire le parti à la victoire aux prochaines élections législatives » a t-il affirmé. Le Parti social-démocrate choisira, lors de son prochain congrès en mars 2005, la personnalité qui conduira le parti aux élections législatives qui se dérouleront en juin 2006. Le Premier ministre bénéficie donc de quelques mois supplémentaires pour asseoir son pouvoir au sein du CSSD.
« Je peux difficilement parler de succès » a déclaré à l'issue de l'annonce des résultats le leader du Parti communiste de Bohème et Moravie, Miroslav Grebenicek, qui a tenu à rappeler que sa formation était la première à gauche de l'échiquier politique. Cependant, en dépit de sa popularité au sein d'une frange importante de la population (environ un cinquième des électeurs), la formation communiste, dont neuf des candidats étaient présents lors de ce deuxième tour, reste fortement marginalisée. Sans soutenir officiellement le Parti communiste de Bohème et Moravie, le Parti social-démocrate avait indiqué que tout autre candidat était préférable, lors de ce deuxième tour des élections sénatoriales, à un membre du Parti démocrate civique. Une enquête d'opinion, réalisée par l'agence Median et publiée le 11 novembre dernier dans le quotidien Mlada fronta Dnes, révélait qu'un Tchèque sur cinq souhaitait le retour du régime communiste d'avant 1989 ; 20% des personnes interrogées ont répondu par l'affirmative à la question « Souhaitez-vous le retour de la situation d'avant novembre 1989 ? ». Cette proportion s'élève à 3% parmi les moins de trente ans et à 7% parmi les 30-39 ans mais atteint 31% parmi les quinquagénaires et une majorité, 56%, parmi les plus de soixante ans. Une pétition, intitulée « On ne parle pas avec les communistes » lancée en juin 2003 par l'organisation « L'automne sans les communistes », a recueilli à ce jour près de vingt mille signatures. Ce mouvement a organisé, avec d'autres pour le 17 novembre, jour de l'anniversaire du début de la révolution de velours qui a mis fin au régime communiste dans le pays, un grand rassemblement pour dire « non » au retour de membres de l'ex-Parti communiste à des postes de pouvoir.
Rappelons qu'en octobre dernier, les électeurs de Znojmo (Moravie du Sud) et du quatrième arrondissement de Prague avaient voté pour remplacer leurs sénateurs devenus députés au Parlement de Strasbourg après le scrutin européen des 11 et 12 juin. Le vice-ministre de la Santé, Milan Spacek (KDU-CSL), avait été élu à Znojmo et Frantisek Prihoda (ODS) à Prague 4.
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