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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Sans surprise, le Président de la République de Moldavie, Vladimir Voronine (Parti communiste, PRCM), a été réélu le 4 avril, à bulletins secrets, par le Parlement pour un deuxième mandat de quatre ans à la tête de l'Etat. Depuis la réforme constitutionnelle de 2000, le Président de la république doit, pour être élu, recueillir au moins la majorité des trois cinquièmes des cent un députés, soit soixante et un suffrages.
Le Parti communiste, majoritaire au Parlement, ne comptant que cinquante-six députés, Vladimir Voronine a dû rassembler au-delà de sa propre formation, recueillant soixante quinze voix, soit quatorze de plus que le seuil minimum requis. Son seul opposant, le président de l'Académie des sciences, Gheorge Duca (Parti communiste) a obtenu une seule voix. Ce dernier avait été présenté par le Parti communiste afin que le scrutin puisse se dérouler ; les deux autres partis du Parlement -le Bloc Moldavie démocratique, BMD, et le Parti populaire chrétien-démocrate, PPCD)- ayant renoncé à présenter un candidat.
Les deux formations d'opposition se sont divisées quant à la position à adopter pour ce scrutin et ont multiplié les déclarations contradictoires. Vingt-trois parlementaires du groupe de l'Alliance Notre Moldavie, membre du Bloc Moldavie démocratique, ont suivi le mot d'ordre de l'un de leurs leaders, le maire de Chisinau, Serafim Urecheanu, et ont refusé de participer à l'élection. Onze autres députés appartenant aux deux autres formations de ce Bloc –le Parti démocratique de Dumitru Diacov et le Parti social-libéral d'Oleg Serebrian- et à la deuxième formation d'opposition du Parlement, le Parti populaire chrétien-démocrate de Jurie Rosca, ont pris part à l'élection. Enfin, deux bulletins de vote ont été déclarés invalides.
Agé de soixante-quatre ans, Vladimir Voronine possède une formation en science politique, économie et droit. Premier secrétaire du comité du Parti communiste de la ville de Bendery de 1985 à 1989, il devient en 1989 ministre de l'Intérieur de la République socialiste soviétique de Moldavie. En 1990, il part à Moscou où il reprend ses études à l'académie du ministère de l'Intérieur et devient alors général de police. En 1993, deux ans après l'indépendance, il est élu coprésident du comité d'organisation du Parti communiste (PCRM) avant d'en être nommé premier secrétaire en 1994. En mars 1998, Vladimir Voronine est élu député et devient le président du groupe communiste au Parlement. Réélu député lors des élections du 25 février 2001, il est élu Président de la République le 4 avril de la même année.
Pur produit de l'appareil soviétique, Vladimir Voronine, arrivé au pouvoir en 2001 sur un programme prorusse, a effectué ces derniers mois une volte-face politique, tournant le dos à la Russie et dénonçant l'ingérence de Moscou dans les affaires intérieures pour regarder du côté de l'Union européenne. En novembre 2003, le Président a brusquement rompu avec Moscou, refusant de signer le plan Kozak proposé par les Russes pour régler le conflit opposant la Moldavie et la Transnistrie, en prétextant que celui-ci « avait été établi sans consulter l'Union européenne que la Moldavie a l'intention de rejoindre ». En février 2005, Vladimir Voronine a signé un plan d'action avec la Commission européenne dans le cadre de la politique de voisinage de l'Union et a sollicité sa participation dans le règlement du conflit qui oppose son pays aux séparatistes de Transnistrie. Le Président a également conclu des accords avec la Roumanie voisine avec laquelle il entretenait jusqu'alors des rapports difficiles.
A l'issue de sa réélection, Vladimir Voronine a évoqué la Transnistrie, estimant que son pays ne pourrait pas adhérer à l'Union européenne en l'état, devant tout d'abord retrouver son intégrité territoriale et réaliser la réconciliation de l'ensemble de sa population : « Les habitants de la Transnistrie, otages de jeux géopolitiques artificiels et absurdes, doivent être libérés de l'arbitraire médiéval par la seule contribution active à la démocratisation de la région ». Il a également renouvelé ses injonctions pour que « la Fédération de Russie retire son contingent militaire et ses munitions ». « Nous qualifions toute forme de présence militaire dans la région d'anachronisme et d'absurdité qui n'a rien à voir avec le règlement pacifique. Dans un contexte où des milliers de jeunes Transnistriens font leurs études dans les écoles supérieures de Chisinau, où des habitants de Tiraspol et de Bendery vont tous les jours travailler à la capitale, tous les obstacles militaires apparaissent comme des décors obsolètes et de mauvais goût. Nous croyons fermement que le soutien clair des Etats-Unis, de l'Union européenne et de nos voisins, l'Ukraine et la Roumanie, nous permettra de résoudre ce problème » a-t-il souligné. « Nous espérons que les mécanismes de droit international offerts par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l'Europe contribueront à multiplier les efforts déployés par la communauté internationale en vue de régler le problème transnistrien » a-t-il conclu.
Vladimir Voronine, qui a déclaré que ce second mandat serait pour lui le dernier, sera officiellement investi à la tête de l'Etat le 7 avril prochain. « L'intégration européenne est ce qu'il y a de plus important. Nous ne devons pas entrer en Europe en qualité de parent pauvre et la Moldavie doit se transformer en pays d'économie post-industrielle » a déclaré le nouveau Président à l'issue de sa réélection. Vladimir Voronine dispose désormais de quatre années pour solidifier la démocratie, parvenir à résoudre le conflit en Transnistrie et, enfin, relancer l'économie de son pays dont la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et dont un tiers de la population active a émigré depuis l'indépendance de 1991.
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