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Corinne Deloy,
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45,08 % des serbes se sont rendus aux urnes dimanche 13 octobre pour le second tour de l'élection présidentielle, soit une participation inférieure de près de 5 % au minimum requis par la loi électorale serbe pour assurer la validation du scrutin. la loi serbe impose en effet une participation de 50%. l'élection présidentielle va donc être invalidée par la commission électorale et un nouveau scrutin sera organisé ultérieurement. deux solutions s'offrent aux autorités serbes : ou de nouvelles élections sont convoquées dans un délai de trois mois ou bien la présidente de l'assemblée de serbie, natacha micic, alliée du premier ministre zoran djindjic, occupe les fonctions de chef de l'etat par intérim dès le 5 janvier prochain, date à laquelle le mandat de l'actuel président, milan milutinovic, arrive à échéance. les autorités disposent alors de deux mois pour organiser une nouvelle élection présidentielle. il semblerait que l'on se dirige vers la première solution ; natacha micic ayant annoncé qu'elle convoquerait une nouvelle élection dès que les conclusions officielles de la commission électorale lui seraient parvenues, soit le 22 octobre au plus tard. un nouveau scrutin pourrait avoir lieu les 1er ou 8 décembre prochains.
les appels lancés par l'union européenne et l'eglise orthodoxe invitant la population à aller voter n'ont donc pas été entendus. plus de la moitié des électeurs serbes ont boudé les urnes, insatisfaits du choix qui leur était offert, désintéressés de la politique ou obéissant au mot d'ordre lancé par le candidat ultranationaliste vojislav seselj qui avait appelé ses électeurs à boycotter le second tour de l'élection. de fait, la participation a été extrêmement faible dans les régions où il était arrivé en tête au premier tour. le gouverneur de la banque centrale de serbie, mladjan dinkic, a déclaré, à l'issue de l'annonce des résultats, qu'il était « évident que la serbie avait décidé de donner une nouvelle chance à seselj ». les partisans de miroljub labus ont également été accusés d'avoir préféré s'abstenir, considérant le peu de chances de leur candidat de s'imposer. vojislav kostunica a ouvertement accusé « les appels ouverts et secrets » au boycottage d'être responsables de l'échec de l'élection présidentielle. lors de ce deuxième tour, vojislav kostunica recueille 66,67% des suffrages exprimés, devançant largement son rival miroljub labus qui obtient 31,23% des voix.
le président de la république fédérale de yougoslavie fait donc figure de grand perdant de ce scrutin qui laisse désormais zoran djindjic maître du jeu politique et de l'organisation de la future élection. celui-ci doit actuellement faire face à une opposition croissante issue de son propre camp. de nombreux membres de formations appartenant la coalition au pouvoir et notamment à l'opposition démocratique serbe (dos), tels nebojsa covic, leader de l'alternative démocratique, dragoljub micunovic, chef du centre démocratique et miodrag isakov, leader des réformistes de voïvodine, n'ont d'ailleurs pas hésité à soutenir vojislav kostunica lors de l'élection présidentielle. une dissension s'est également fait jour entre le premier ministre et miroljub labus durant la campagne de l'entre-deux tours, lorsque le vice-premier ministre serbe a affirmé au quotidien blic que les députés du parti démocratique de serbie (dss) devraient être tôt ou tard réadmis au parlement. une éventualité que refuse le premier ministre djindjic.
zoran djindjic est resté étonnamment rassurant pendant toute la campagne électorale, durant laquelle il a affirmé : « peu importe les conclusions de cette élection, il n'y aura pas de crise en serbie, les réformes seront poursuivies et tout se déroulera normalement. je crois que cela confirme que la serbie est parvenue à une étape où les problèmes majeurs ont été résolus, et maintenant, les élections sont, dans ce pays, un événement normal de la vie démocratique ». un jugement optimiste, à l'opposé de celui, très sombre, de vojislav kostunica qui prédisait que « le pays sombrerait dans le chaos et l'anarchie » si les élections étaient invalidées.
dès le lendemain du scrutin, la commission européenne appelait les autorités serbes à agir rapidement pour assurer la tenue d'une nouvelle élection présidentielle et exprimait ses craintes quant à la stabilité politique du pays. l'osce, de son côté, a appelé les autorités serbes à modifier d'urgence la loi électorale qui prévoit un taux de participation supérieur à 50%. l'échec du scrutin présidentiel pourrait retarder la finalisation d'importants dossiers, telle l'adoption de la charte du futur etat de serbie et monténégro dont dépend l'ouverture de la procédure d'admission du pays au conseil de l'europe prévue pour le 7 novembre prochain. le report de l'élection pourrait également entraîner le ralentissement de l'application du programme de réformes engagé par le gouvernement de zoran djindjic.
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