Election présidentielle en Arménie, Le point à une semaine du scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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8 février 2008
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Election présidentielle en Arménie, Le point à une semaine du scrutin

PDF | 169 koEn français

Le 19 février prochain, 2,3 millions d'Arméniens sont appelés aux urnes pour le 1er tour de l'élection présidentielle. Le Président sortant, Robert Kotcharian, en fonction depuis 1998, n'est pas autorisé à briguer un 3e mandat après sa réélection du 5 mars 2003. Le Premier ministre, Serzh Sarkisian (Parti républicain, HHK), part largement favori. Il est crédité de 60% des suffrages par les enquêtes d'opinion et pourrait même être élu dès le 1er tour. Si tel n'est pas le cas, un 2e tour de scrutin sera organisé le 4 mars prochain.

250 observateurs seront chargés de surveiller la bonne tenue du scrutin dans un pays où les fraudes électorales viennent régulièrement entacher les résultats électoraux. "Les citoyens pourront contrôler les résultats via Internet" a affirmé Abram Bakhchagulian, membre du Parti républicain, et responsable du site du Comité électoral central.

Les candidats

9 personnes sont candidates :

- Serzh Sarkisian, actuel Premier ministre et leader du Parti républicain (HHK), soutenu par le Président sortant, Robert Kotcharian, et Arménie prospère (BHK) de Gagik Tsarukian ;

- Levon Ter-Petrossian, ancien Président de la République (1991-1998) qui, en septembre 1991, a conduit son pays à l'indépendance. Il est soutenu par le Parti populaire dirigé par Stepan Demirtchian, République (H), le Parti démocrate d'Aram Sarkisian et le Mouvement national pan arménien (HHSh) dirigé par Ararat Zurabian ;

- Artur Baghdasarian, leader du parti, le Règne de la loi (OE), et ancien président de l'Azgayin Zhoghov (Assemblée nationale), Chambre unique du Parlement;

- Vahan Hovhannisian, vice-président du Parlement et membre de la Fédération révolutionnaire-Dashnaktsutyun (HHD), membre de l'actuelle coalition gouvernementale;

- Artaches Guegamian, leader du Parti de l'unité nationale (AM) et candidat à l'élection présidentielle des 19 février et 5 mars 2003 (16,9% des suffrages au 1er tour) ;

- Vazgen Manoukian, ancien Premier ministre (1990-1991) et leader de l'Union nationale démocratique (AzhM) soutenu par le Bloc des démocrates nationaux, l'Union de la loi constitutionnelle et le Parti de l'Etat national ;

- Aram Harutyunian, leader du Parti de la solidarité nationale et candidat à l'élection présidentielle des 19 février et 5 mars 2003 (2,8% des suffrages au 1er tour) ;

- Arman Melikian, ancien ministre des Affaires étrangères du Nagorny Karabakh ;

- Tigran Karapetian, leader du Parti du peuple, homme d'affaires, directeur de la société de médias ALM.

La campagne électorale

Le Premier ministre, Serzh Sarkisian, a centré sa campagne électorale sur l'éradication de la pauvreté. "Je vous assure que cette fois, nous allons battre notre ennemi intérieur : la pauvreté" a-t-il indiqué. Déclarant que 20% d'Arméniens vivent sous le seuil de pauvreté (un chiffre plus faible que celui d'il y a 5 ans selon lui), il promet de doubler dans les 5 prochaines années le PIB national, les pensions de retraite, les salaires et les aides sociales. "Chaque famille pourra s'acheter un appartement et une voiture" répète-t-il, promettant de réformer le système fiscal pour le rendre plus compétitif et de soutenir le développement des entreprises en modernisant les infrastructures. Le Premier ministre se montre confiant et prévoit sa victoire dès le 1er tour de scrutin. Il a recruté 60 000 membres et sympathisants du Parti républicain et d'Arménie prospère, pour l'aider dans sa campagne électorale. "Je ne vous donnerai jamais l'occasion de regretter d'avoir voté pour moi" répète Serzh Sarkisian.

L'ancien Président de la République, Levon Ter-Petrossian, sillonne l'Arménie. Il affirme avoir décelé des "signes de lutte de libération nationale" au cours de ses visites dans les différentes régions du pays. Il appelle ses compatriotes à voter en sa faveur pour "se venger des élections présidentielles frauduleuses de 1998 et 2003" et affirme que sa victoire sera celle de Karen Demirtchian (ancien président du Parlement assassiné le 27 octobre 1999 lors d'un attentat qui a également causé la mort du Premier ministre d'alors, Vazgen Sarkisian, et de 6 autres personnalités politiques). Levon Ter-Petrossian a reçu le soutien de l'Union des volontaires dirigée par Zhirayr Selfilian. Stepan Demirtchian, leader du parti populaire et fils de Karen, s'est engagé en sa faveur et se montre confiant dans la victoire de son candidat. Il dénonce les nombreux obstacles que rencontre l'ancien Chef de l'Etat pour faire campagne et affirme qu'il "est naïf de croire que les autorités arméniennes vont organiser une élection libre et démocratique".

Artur Baghdasarian, leader du Règne de la loi, a choisi comme slogan "Nouvelle Arménie, nouvelles opportunités". Il affirme que s'il est élu, l'Arménie deviendra l'un des 50 premiers Etats du monde et l'un des 30 premiers dans le domaine scientifique. Le candidat promet de créer 20 000 emplois par an, de doubler les salaires et les pensions de retraite, de diminuer les impôts et de baisser les taux d'intérêt, de réduire la pauvreté et de prévenir l'émigration économique. Il se prononce en faveur de la suppression du service militaire obligatoire et pour la mise en place d'une armée de métier, ce qui contribuerait à réduire le chômage. Artur Baghdasarian dénonce le fait qu'en dépit d'une croissance à deux chiffres (13,5% en 2006), plus d'un million d'Arméniens vivent encore dans la pauvreté et que 933 000 personnes soient sans emploi. Il s'inquiète du fait que le nombre de petites entreprises ait chuté de 20% entre 2005 et 2007. Enfin, il dénonce l'omniprésence de la corruption et indique que, selon un rapport de la Banque Mondiale, pour chaque dollar d'impôt versé, 50 centimes sont perdus à cause de ce fléau. Il a reçu le soutien de l'Union des hommes d'affaires, dirigée par Stepan Aslanian.

Vahan Hovhannisian, (Fédération révolutionnaire-Dashnaktsutyun), a proposé aux électeurs de signer un contrat pour l'avenir. 70 000 personnes ont signé le document dans lequel le candidat s'engage à mettre en place des réformes sociales, à protéger les droits fondamentaux, à assurer la liberté et la transparence des élections et un traitement équitable de tous les citoyens par l'administration. Vahan Hovhannisian dénonce les hommes politiques qui "plutôt que de servir l'Etat et le peuple sont au service des autorités et monopolisent l'économie arménienne" ainsi que la loi et la justice "qui protègent le pouvoir et l'argent". Si Erevan bénéficie des effets de la croissance, les campagnes voient leur situation socioéconomique empirer chaque jour.

Le Parti de l'Héritage (Z), le 2e parti d'opposition au Parlement avec Le Règne de la loi, n'a toujours pas choisi le candidat qu'il soutiendra. Son leader, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Raffi Hovannissian, n'a pas été autorisé à se présenter, car les autorités ont refusé de lui délivrer un certificat attestant de sa résidence permanente en Arménie depuis 10 ans (né aux Etats-Unis, Raffi Hovannissian est citoyen arménien depuis 6 ans). Il a indiqué, en janvier dernier, que son parti ne ferait son choix qu'à l'issue du 1er tour. Le leader du Règne de la loi, Artur Baghdasarian, semble, selon les enquêtes d'opinion, le candidat le plus à même de recueillir les voix des sympathisants du Parti de l'Héritage.

Pour l'heure, 5 candidats ont demandé à utiliser les fonds préélectoraux : Artur Baghdasarian, Serzh Sarkisian, Vahan Hovhannisian, Levon Ter-Petrossian et Vazgen Manoukian.

Serguei Bagratian, directeur du Centre national d'économie appliquée, a déploré qu'aucun des candidats, et notamment Serzh Sarkisian et Levon Ter-Petrossian, ne chiffre leurs promesses électorales, celles-ci étant toutes plus larges les unes que les autres.

"Le scrutin ne va pas opposer deux idéologies mais deux personnalités, deux méthodes" affirme le politologue Alexander Iskandarian.

A une semaine du scrutin, le come-back de Levon Ter-Petrossian ne semble pas avoir généré d'enthousiasme populaire. Par ailleurs, toutes les enquêtes montrent que les Arméniens sont opposés à des changements radicaux et recherchent avant tout la stabilité.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Sociometer et publiée le 1er février dernier, Serzh Sarkisian est crédité de 67% des suffrages, Artur Baghdasarian de 9% des voix, Levon Ter-Petrossian de 6%, Vahan Hovhannisian de 3%, Artaches Guegamian de 2% et Vazgen Manoukian de 1,5%. Les 3 autres candidats, Tigran Karapetian, Aram Harutyunian et Arman Melikian, sont en dessous de 1%. Le Premier ministre, Serzh Sarkisian, obtient ses meilleurs résultats dans les campagnes, celles-ci votant toujours pour les autorités en place. Il est le plus connu des candidats même si Levon ter-Petrossian bénéficie de son statut d'ancien chef d'Etat.

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