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Election présidentielle en Arménie, 19 février et 4 mars 2008

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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19 février 2008
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Fondation Robert Schuman

Election présidentielle en Arménie, 19 février et 4 mars 2008

PDF | 187 koEn français

Le 19 février prochain, 2,3 millions d'Arméniens sont appelés aux urnes pour désigner leur Président de la République. Robert Kotcharian, en fonction depuis 1998, n'est pas autorisé à briguer un 3e mandat après sa réélection le 5 mars 2003. Le Premier ministre, Serzh Sarkisian (Parti républicain, HHK), parti favori, crédité de 60% des suffrages par les enquêtes d'opinion, pourrait être élu dès le 1er tour. Si tel n'est pas le cas, un 2e tour sera organisé le 4 mars.

La fonction présidentielle en Arménie

Selon la Constitution de 1995, le Président de la République est élu pour 5 ans au suffrage universel direct. Son mandat est renouvelable une fois. Il dispose de nombreux pouvoirs. Il assure le bon fonctionnement de l'exécutif, du législatif et du juridique. Commandant général des armées, il est le garant de l'intégrité territoriale et de la sécurité du pays. Il détient également le droit de dissoudre l'Azgayin Zhoghov (Assemblée nationale), Chambre unique du Parlement.

9 personnes sont candidates :

- Arman Melikian, ancien ministre des Affaires étrangères du Nagorny Karabakh ;

- Artaches Guegamian, leader du Parti de l'unité nationale (AM) et candidat à l'élection présidentielle des 19 février et 5 mars 2003 (16,9% des suffrages au 1er tour) ;

- Levon Ter-Petrossian, ancien et premier Président d'Arménie (1991-1998) qui a, en septembre 1991, conduit son pays à l'indépendance. Il est soutenu par le Parti populaire dirigé par Stepan Demirtchian, République (H), le Parti démocrate d'Arménie d'Aram Sarkisian et le Mouvement national panarménien (HHSh) dirigé par Ararat Zurabian ;

- Serzh Sarkisian, actuel Premier ministre et leader du Parti républicain (HHK), soutenu par le Président sortant, Robert Kotcharian, et le parti, membre de l'actuelle majorité présidentielle, Arménie prospère (BHK) de Gagik Tsarukian ;

- Vazgen Manoukian, ancien Premier ministre (1990-1991) et leader de l'Union nationale démocratique (AzhM) soutenu par le Bloc des démocrates nationaux, l'Union de la loi constitutionnelle et le Parti de l'Etat national ;

- Vahan Hovhannisian, membre de la Fédération révolutionnaire-Dashnaktsutyun (HHD) ;

- Tigran Karapetian, leader du Parti du peuple ;

- Artur Baghdasarian, leader de la formation d'opposition, Le Règne de la loi (OE), ancien président du Parlement;

- Aram Harutyunian, leader du Parti de la solidarité nationale et candidat à l'élection présidentielle des 19 février et 5 mars 2003 (2,8% des suffrages au 1er tour).

La campagne électorale

"L'élection présidentielle est particulièrement importante du point de vue du développement de l'Arménie. Les élections législatives du 12 mai 2007 ont constitué pour beaucoup une surprise, une bonne élection présidentielle prouverait que la transparence est la règle en Arménie et que le précédent scrutin n'était pas une exception" a déclaré le Premier ministre Serzh Sarkisian. 2/3 des Arméniens ne partagent toutefois pas son opinion, puisque 63% d'entre eux considèrent que le dernier scrutin législatif n'a été ni juste, ni libre. Les 27 Etats membres de l'UE ont néanmoins reconnu en octobre dernier par la voix du Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, "les changements positifs enregistrés lors des élections législatives du 12 mai 2007 en Arménie". Le Président a souligné qu'il espérait "voir cette tendance se vérifier lors de l'élection présidentielle de février 2008".

Le Premier ministre a été désigné comme candidat officiel de son parti, le 10 novembre dernier, lors d'un congrès au cours duquel il a été nommé président du parti. Le Parti républicain revendique 135 000 membres, contre 25 000 seulement en 2005. Serzh Sarkisian se veut le gardien de la continuité. "Nous n'autoriserons jamais la Turquie ou l'Azerbaïdjan à nous imposer leur loi" répète le Chef du gouvernement, partisan de la ligne dure dans le conflit du Nagorny Karabakh.

Le conflit du Nagorny Karabakh (Karabagh signifie "jardin noir") empoisonne les relations azéri-arméniennes depuis des dizaines d'années. Territoire montagneux et fertile de 4 400 km2 et peuplé de 150 000 habitants (dont les trois quarts d'Arméniens), la région - qui a fait partie de l'Arménie jusqu'en 1923, date à laquelle Staline décida son rattachement à la République socialiste d'Azerbaïdjan et lui donna le statut de région autonome - est actuellement une enclave arménienne en territoire azerbaïdjanais. Le Nagorny Karabakh a proclamé son indépendance le 10 décembre 1991, déclaration qui, conjointe à l'éclatement de l'URSS, a provoqué une guerre entre les Azerbaïdjanais et les Arméniens de la région soutenus par Erevan qui a fait plus de 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés.

En 1993, les Arméniens se sont emparés d'une "zone de sécurité" de 8 000 km2 situées entre leur pays et l'Azerbaïdjan. Un cessez-le-feu a été signé le 12 mai 1994 et a gelé la situation, les Arméniens occupant environ 15% du territoire azerbaïdjanais (le Nagorny Karabakh et quelques districts environnants). Depuis lors, les négociations menées par le Groupe de Minsk chargé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) de fournir un cadre aux négociations, co-présidé par la France, la Russie et les Etats-Unis, n'ont toujours pas permis de parvenir à un accord de paix. En 2006, 581 incidents ont été enregistrés à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, soit deux fois plus qu'en 2005 (273).

Le 19 février prochain, le Premier ministre affrontera, entre autres, Levon Ter-Petrossian qui a annoncé officiellement sa candidature, le 27 octobre dernier, à Erevan. Cette date n'avait pas été choisie au hasard : le 27 octobre marque en effet l'anniversaire de l'attentat de 1999 au cours duquel des hommes armés ont attaqué le Parlement tuant, outre son président Karen Demirtchian (père de Stepan Demirtchian), le Premier ministre Vazgen Sarkisian (frère d'Aram Sarkisian) et six autres personnalités politiques. "Ce massacre a marqué le début de l'opération de nettoyage qui a permis à Robert Kotcharian de prendre le pouvoir" a souligné l'ancien Président arménien qui a affirmé qu'il punirait cet acte terroriste s'il est élu à la tête de l'Etat.

Levon Ter-Petrossian se présente comme une solution de recours et espère retrouver le pouvoir après 10 années passées en retrait de la vie politique. L'ancien Président avait démissionné le 3 février 1998 à la suite de différends avec son Premier ministre d'alors, Robert Kotcharian, et son ministre de l'Intérieur, Serzh Sarkisian, sur la situation du Nagorny Karabakh. Levon Ter-Petrossian était partisan d'un compromis, tandis que le gouvernement de l'époque préconisait l'annexion de la région par l'Arménie. Son retour sur le devant de la scène a donc un parfum de revanche. Pour beaucoup d'Arméniens, le nom de Levon Ter-Petrossian évoque encore la guerre, la dépression économique et les coupures d'électricité qui ont émaillé les années où il fut au pouvoir. Serzh Sarkisian lui a d'ailleurs demandé de s'excuser pour "avoir laissé les Arméniens dans le désespoir et l'économie du pays dans un état de ruine".

Le Président sortant, Robert Kotcharian, refuse de considérer Levon Ter-Petrossian comme l'adversaire principal dans cette élection présidentielle. "Le premier Chef de l'Etat qu'a connu l'Arménie n'est pas le principal candidat de l'opposition, il y a au moins deux ou trois autres personnalités créditées d'un grand nombre d'intentions de vote dans les enquêtes d'opinion" a-t-il indiqué, ajoutant "je suis certain que les Arméniens ne souhaitent pas revivre les années 1995-1996".

Le 8 janvier dernier, Levon Ter-Petrossian a présenté son programme électoral qui se veut libéral. Celui-ci prévoit de nombreuses réformes économiques parmi lesquelles la protection absolue de la propriété privée et le respect de la concurrence. L'ancien Président promet de doubler le PIB du pays et de tripler le budget de l'Etat en 5 ans. Il souhaite "restaurer l'Etat et l'ordre constitutionnel" et normaliser les relations avec la Turquie et l'Azerbaïdjan, promettant enfin de régler le conflit du Nagorny Karabakh et de faire cesser les divisions entre Arméniens d'Arménie et Arméniens du Nagorny Karabakh.

Levon Ter-Petrossian, qui se présente comme le seul capable de concurrencer le pouvoir en place, se montre très critique envers le gouvernement. Il a indiqué qu'il démantèlera la "pyramide de la corruption" sur laquelle trônent le Président sortant, Robert Kotcharian, et le Premier ministre, Serzh Sarkisian. Il se dit prêt à coopérer avec le Parti républicain comme avec tous les anciens Premier ministres, à l'exception de l'actuel Chef du gouvernement qu'il accuse d'être à la tête "d'un Etat voyou qui étouffe les critiques et la libre entreprise". "Durant ces cinq dernières années, le régime criminel a volé de 3 à 4 milliards au peuple" affirme Levon Ter-Petrossian. Le Premier ministre, Serzh Sarkisian, a refusé tout débat avec l'ancien Président.

"La stratégie de Levon Ter-Petrossian est celle suivie auparavant par le leader de l'Arménie soviétique Karen Demirtchian. Il s'est mis en retrait de la vie politique pendant dix ans et durant cette période, s'est bâti une image de héros. Mais contrairement à Karen Demirchian, Levon Ter-Petrossian ne suscite pas de nostalgie et n'évoque pas le souvenir d'une période de sécurité, de paix et d'abondance" souligne l'analyste politique Aris Ghazinian.

Selon une enquête réalisée par l'institut Sociometer, 61,5% des Arméniens se disent intéressés par le scrutin présidentiel des 19 février et 4 mars prochains et près de la moitié d'entre eux (46%) prévoient une victoire du Premier ministre Serzh Sarkisian. Six personnes interrogées sur dix (60%) déclarent qu'elles s'apprêtent à donner leur voix à l'actuel Chef du gouvernement et 28,5% affirment qu'elles voteront pour Levon Ter-Petrossian. "Le problème de Levon Ter-Petrossian est qu'il lui est difficile de savoir où il peut gagner davantage de suffrages" analyse Aharon Adibekian, directeur de Sociometer.

Rappel des résultats de l'élection présidentielle des 19 février et 5 mars 2003 en Arménie

Participation : 61,2%

Source : Commission électorale arménienne

Election présidentielle en Arménie, 19 février et 4 mars 2008

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