Election présidentielle à Chypre, Le point à une semaine du scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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8 février 2008
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Election présidentielle à Chypre, Le point à une semaine du scrutin

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Le 17 février prochain, 515 994 Chypriotes se rendront aux urnes pour le 1er tour de l'élection présidentielle, soit +15 608 votants par rapport aux dernières élections législatives du 21 mai 2006. 390 Chypriotes turcs, vivant dans la partie Sud de l'île, se sont inscrits et sont donc, pour la première fois dans l'histoire de l'île, autorisés à voter pour ce scrutin.

A Chypre, le Président de la République exerce également la fonction de Premier ministre.

Les candidats

9 personnes sont candidates, soit une de moins que lors du scrutin du 16 février 2003 :

- Tassos Papadopoulos, 73 ans, Président sortant, soutenu par le Parti démocratique (DIKO), le Mouvement des sociaux-démocrates-Union du centre (EDEK), le Parti européen (EK) et le Mouvement écologiste et environnementaliste-Parti vert (KEP) ;

- Demetris Christofias, 60 ans, président de la Chambre des représentants, Chambre unique du Parlement, leader du Parti progressiste des travailleurs (AKEL), soutenu par le Mouvement des démocrates unis (KOP) ;

- Ioannis Kasoulidès, soutenu par le Rassemblement démocratique (DISY), ancien ministre des Affaires étrangères (1997-2003), député européen;

- Marios Matsakis, député européen (DIKO) ;

- Costas Themistocleous, ancien ministre de l'Agriculture, des Ressources naturelles et de l'Environnement ;

- Costas Kyriakou, écrivain et agriculteur ;

- Michael Anastasios, universitaire ;

- Christodoulos Neophytou, homme d'affaires ;

- Andreas Efstratiou, homme d'affaires.

La campagne électorale

Le Président de la République sortant, Tassos Papadopoulos, fait campagne sur son bilan de 5 ans passés à la tête de l'Etat. Fin janvier, il a présenté son programme comprenant 160 engagements. Parmi ceux-ci, on trouve un plan pour l'amélioration des services de santé, le développement d'Internet dans les écoles, le doublement des bourses accordées aux étudiants désireux de poursuivre leur cursus à l'étranger, etc. Tassos Papadopoulos a reçu le soutien de l'archevêque de l'église orthodoxe chypriote, Chrysostomos. En outre, le principal quotidien de Chypre, Philileftheros, a publié, fin janvier, une liste de 141 membres de l'armée, en activité ou retraités, déclarant qu'ils soutenaient le Président sortant. Les militaires disent s'engager pour Tassos Papadopoulos "parce que nous sommes inquiets pour l'avenir de notre pays . En tant qu'officiers et experts de la politique de défense, nous déclarons notre opposition totale aux propositions du Rassemblement démocratique et du Parti progressiste des travailleurs en faveur d'une diminution de la durée du service militaire". Cette pétition a suscité la controverse sur l'île quand certaines des personnes citées ont affirmé ne pas être au courant de cette publication et, surtout, ne pas être favorables à la réélection du Président de la République. "Nous n'avons aucune responsabilité dans la publication de Philileftheros" a précisé l'équipe de campagne du Président sortant.

Le problème de la division de l'île, depuis l'échec du référendum du 24 avril 2004 sur le plan de paix proposé par l'ONU, reste la question essentielle à Chypre et figure, comme à chaque campagne électorale, au cœur des débats. La solution préconisée par tous les candidats est une fédération rassemblant les deux communautés. Cependant, chacun possède une vision différente de ce pourrait être cette fédération. "Nous allons continuer le travail entrepris et chercher, sans concessions, la solution la meilleure" a déclaré Tassos Papadopoulos. "Nous voulons aller plus loin, nous ne voulons pas rester bloqués dans une impasse comme ces 5 dernières années" répète Ioannis Kasoulidès. L'ancien ministre des Affaires étrangères a indiqué que s'il est élu, il s'invitera dès le 25 février dans la partie turque de l'île pour rencontrer son Président, Mehmet Ali Talat (Parti républicain turc, CTP). "Le 25 février prochain, je m'inviterai dans les régions occupées, à Kyrenia, chez Mehmet Ali Talat. Il ne peut décliner mon invitation à une rencontre avec un Chef d'Etat nouvellement élu qui veut le voir et parler avec lui des mesures de paix à mettre en place pour l'avenir des deux communautés" a t-il déclaré. Il a exprimé le souhait que l'ONU se mette en retrait et laisse les deux parties – grecque et turque – négocier seules.

Le porte-parole du Parti démocratique (DIKO), Marios Karoyian, reproche au Parti progressiste des travailleurs (AKEL) de dénoncer l'action, ou plutôt l'inaction, de Tassos Papadopoulos et n'hésite pas à lui rappeler que l'AKEL a été membre de l'équipe gouvernementale durant 4,5 années. De même, le président du Mouvement des sociaux-démocrates-Union du centre, Yiannakis Omirou, reproche à Demetris Christofias et Ioannis Kasoulidès de minimiser l'accord du 8 juillet 2006 approuvé par l'ONU par lequel les dirigeants des deux parties de l'île, Tassos Papdopoulos et Mehmet Ali Talat, se sont engagés sur la réunification de l'île, la nécessité d'un règlement global, le refus du statu quo et le lancement immédiat d'un processus de discussions bicommunautaires. Le Président chypriote sortant s'est dit prêt à discuter sous l'égide des Nations Unies avec son homologue de la République turque de Chypre du Nord "quand celui-ci le souhaitera". Mehmet Ali Talat a affirmé que l'élection présidentielle des 17 et 23 février constitue "la dernière chance pour de voir aboutir les négociations entre les deux communautés".

Le 4 février s'est déroulé un débat électoral retransmis par 5 chaînes de télévision. Il a opposé le Président sortant, Tassos Papadopoulos, Demetris Christofias et Ioannis Kasoulidès. Les 3 candidats ont abordé les questions économiques et sociales, la santé, l'éducation, la jeunesse et la modernisation de l'administration publique. Costas Themistocleous a exprimé sa colère de ne pas avoir été invité à ce débat. "Il apparaît que certains ne peuvent tolérer nos critiques, particulièrement ceux qui nous gouvernent depuis cinq ans" a-t-il affirmé. Un 2e débat sera organisé le 14 février et portera sur la division de Chypre.

Le Président sortant est crédité de 32,8% des suffrages dans le sondage réalisé par l'institut Insights Market Research (IMR) et publié début février. Il est suivi par Demetris Christofias avec 32,5% et par Ioannis Kasoulidès avec 29,9%. Costas Themistocleous et Marios Matsakis recueilleraient respectivement 1,4% et 0,6%. Le Président sortant réalise ses meilleurs résultats dans la région de Limassol et auprès des personnes les plus âgées, Demetris Christofias à Larnaca et Famagouste et Ioannis Kasoulidès à Nicosie et auprès des plus jeunes.

Election présidentielle à Chypre, Le point à une semaine du scrutin

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