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Corinne Deloy

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Dernières enquêtes d'opinion
Selon tous les sondages, le Fianna Fail devrait arriver largement en tête des prochaines élections législatives irlandaises du 17 mai prochain et obtenir sa plus large victoire en vingt-cinq années. Fin avril, les enquêtes d'opinion plaçaient déjà le plus grand parti du pays en tête avec 42% d'intentions de vote quand son principal adversaire, le Fine Gael, atteignait seulement 20%. Suivaient le Parti travailliste (Labour), situé plus à gauche que son homologue britannique, avec 12% ; le Sinn Fein, seul parti à être présent sur l'ensemble de l'île irlandaise, avec 8% ; le Parti Vert avec 5% et enfin le Parti démocrate progressiste avec 4%. Une semaine après le lancement de la campagne officielle, le dernier sondage, publié le vendredi 3 mai et réalisé par IMS pour l'Irish Independent, crédite le Fianna Fail de 48% des voix et de cent soixante-six élus. Le Fine Gael arrive en deuxième position avec 21% des suffrages suivi par le Parti travailliste (11%) et les Verts (4%).
Le Parti démocrate progressiste avec lequel gouverne actuellement le Fianna Fail a vu son poids électoral chuter lors des dernières élections locales. Le 17 mai, il compte renverser le cours des choses et espère remporter huit sièges au Dail Eireann, la Chambre des Représentants irlandaise. Néanmoins selon tous les sondages, il ne devrait pas enregistrer de progression mais seulement conserver de justesse ses quatre députés actuels. Le Parti travailliste qui vient de fusionner avec la Gauche démocratique, pourrait remporter vingt sièges, ce qui serait tout de même inférieur au nombre de députés actuels des deux partis confondus. Avec deux sièges dans l'actuelle Chambre, le Parti Vert devrait rester stable. Quant au Sinn Fein, s'il ne compte aujourd'hui qu'un seul député, il pourrait créer la surprise et peut-être, selon certains analystes politiques, faire son entrée au gouvernement.
L'ambition de l'actuel Taoiseach (Premier ministre en gaélique) Bertie Ahern est d'obtenir une majorité absolue pour son parti, un objectif rendu compliqué par le mode de scrutin plurinominal à la représentation proportionnelle. Le Premier ministre a cependant annoncé qu'il continuerait à gouverner avec le Parti démocrate progressiste y compris dans le cas où il obtiendrait une majorité au Dail Eireann. La bataille électorale se joue donc moins entre les deux principaux partis, le Fianna Fail et le Fine Gael, qu'entre les petites formations, susceptibles de s'allier avec l'un ou l'autre de ces partis dans une coalition gouvernementale.
Le scrutin du 17 mai se caractérise également par le nombre important de jeunes électeurs appelés à se rendre aux urnes pour la première fois. Ils sont environ deux cent cinquante mille sur une population électorale de presque trois millions. Se déclarant majoritairement apolitique, cette nouvelle génération n'a pas connu les difficultés économiques des années quatre-vingts. Les élections législatives de 1977 furent le dernier scrutin où le nombre des primo votants fut, consécutivement à la baisse de la majorité de vingt-et-un à dix-huit ans, particulièrement important. Ces élections ont vu la victoire du Fianna Fail avec, à la grande surprise de tous les instituts de sondages, la plus forte majorité de son histoire.
La campagne électorale
Même si les partis ont commencé à se mobiliser dès le début de l'année, la campagne officielle n'a été lancée que le 25 avril dernier, date à laquelle Bertie Ahern a annoncé la tenue des prochaines élections législatives. Ce même jour, le Fianna Fail dévoilait sa plateforme électorale dont les grandes lignes sont les suivantes : augmentation des dépenses publiques et des retraites, développement d'un service de santé « de classe mondiale », renforcement de la paix et promotion de l'unité de l'île. Concernant les dépenses publiques, le parti du Premier ministre propose un plan de deux billions d'euros sur un an consacrés au financement d'infrastructures routières, au développement des transports publics et à l'amélioration du système éducatif. Le Fianna Fail envisage d'ailleurs de créer une « National Finance Development Agency » (NDFA) qui permettrait de consacrer dix billions d'euros sur cinq ans à un plan de développement d'envergure nationale. Dans le domaine de la santé, Bertie Ahern promet la création de trois mille nouveaux lits d'hôpital et l'embauche de douze mille « professionnels de la santé » supplémentaires ainsi que la fin des listes d'attentes dans les hôpitaux dans les deux ans à venir. Enfin, la lutte contre l'insécurité n'est pas absente de son programme ; l'embauche de personnel policier et le durcissement des sanctions envers les criminels figurent en bonne place dans la plate forme du parti au pouvoir. Le Fianna Fail s'appuie sur un bilan économique satisfaisant : taux de chômage peu élevé, conséquente baisse des impôts, augmentation des retraites et croissance sans précédent durant les cinq années de son mandat. Sur le plan diplomatique, Bertie Ahern peut également revendiquer son rôle dans la signature de l'accord historique de paix entre les partis nationaliste (catholique) et unioniste (protestant) d'Irlande du Nord en 1998. « Je crois que beaucoup de choses ont été réalisées mais il reste du travail. Le moment est venu pour les Irlandais de choisir entre le passé et l'avenir de leur pays » a-t-il déclaré. « A lot done. More to do », tel est d'ailleurs le slogan de la campagne du Fianna Fail.
Face à ces propositions, le principal parti d'opposition, le Fine Gael, dénonce l'incompétence du gouvernement en place, reprochant à Bertie Ahern de ne pas avoir su redistribuer les fruits de la croissance exceptionnelle qu'a connu l'Irlande ces dernières années. Michael Noonan, le leader de la formation de droite, dénonce la situation nationale en matière de services publics, principalement dans les domaines de l'éducation, du logement et de la santé. « L'un des objectifs de Fine Gael est de faire des services publics de notre pays un exemple pour toute l'Europe » a-t-il déclaré. Dans cette féroce campagne de critiques, le centre (Fine Gael) est rejoint par la gauche (Parti travailliste). Néanmoins, ces formations ne semblent pas en mesure de rassembler d'ici le 17 mai une majorité d'Irlandais sur leurs programmes et de les convaincre de voter contre le parti au pouvoir.
L'échec subi par le Premier ministre lors du référendum du 8 mars dernier sur le durcissement de la législation sur l'interruption volontaire de grossesse, s'il signe la première rupture de l'histoire de l'Irlande entre les électeurs et l'Eglise catholique, ne peut être interprété à la lumière du scrutin national à venir. Car c'est bien sur une question morale, et non politique, que le Fianna Fail a été désavoué dans les urnes. Selon un sondage de l'Irish Times de fin février le créditant de 70% d'opinions favorables, Bertie Ahern reste, après cinq années de pouvoir, l'homme politique le plus populaire de son pays. Le 17 mai, l'opposition ne devrait pas être en mesure de l'empêcher d'être reconduit à la tête du pays.
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