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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
A une semaine des élections législatives anticipées qui auront lieu le 24 novembre prochain, l'écart entre les deux principales formations politiques du pays, le Parti populaire (ÖVP) et le Parti social-démocrate (SPÖ), est très serré. Selon la dernière enquête d'opinion publiée par le magazine News en début de semaine, le Parti populaire serait en tête, recueillant 39% des intentions de vote, devançant d'un point le Parti social-démocrate crédité de 38% des voix. Les Verts arriveraient en troisième position avec 12% des suffrages suivis par le Parti libéral (FPÖ) qui obtiendrait 9% des intentions de vote. Toutefois, 20% des électeurs se déclarent encore indécis et 10% se détermineront le jour même du scrutin.
Le Parti libéral s'effondre chaque jour un peu plus dans les sondages ; son ancien leader Jörg Haider s'employant, selon les termes d'Emmerich Talos, politologue à l'université de Vienne, à « utiliser toute son influence pour faire chuter son mouvement politique ». Fin octobre, le nouveau leader du parti, Mathias Reichhold a dû démissionner à la suite de problèmes de santé. Il a été remplacé par Herbert Haupt nommé président par intérim. Celui-ci est l'actuel ministre des Affaires sociales du gouvernement de Wolfgang Schüssel mais également un proche de Jörg Haider. Le nouveau président du parti a déclaré, le 8 novembre, que le FPÖ ne participerait à aucune coalition gouvernementale s'il obtenait moins de 15% des voix, un score qu'il semble loin de pouvoir atteindre à une semaine du scrutin.
La dernière visite de Jörg Haider à Saddam Hussein, la troisième en moins d'un an après celles de février et de mai derniers - le voyage de février ayant d'ailleurs marqué le début de la crise au sein du Parti libéral - a de nouveau déclenché un scandale au sein de la classe politique autrichienne, y compris parmi certains membres du FPÖ. Après cette entrevue entre le leader populiste et le dictateur irakien, le Parti libéral a chuté en dessous de la barre des 10% d'intentions de vote. Autre mauvais présage pour la formation d'extrême droite, le médiocre résultat obtenu lors des élections municipales qui se sont tenues dans la province du Burgenland le 6 octobre dernier. Le FPÖ n'a obtenu que 5,1% des suffrages contre 9,2% lors du dernier scrutin local de 1997, perdant ainsi cent sept sièges de conseillers municipaux. Si ces élections locales ne peuvent constituer un indicateur du vote des Autrichiens au niveau national, elles témoignent néanmoins de la perte de vitesse de la formation d'extrême droite dans une partie de l'opinion. Enfin, en se prononçant par la voix de son président Herbert Haupt contre l'élargissement de l'Union européenne « dans les conditions actuelles », le Parti libéral rend sa participation à une quelconque coalition gouvernementale après les élections du 24 novembre encore plus improbable.
« Le score catastrophique attendu va renforcer l'emprise de Jörg Haider sur ses troupes » affirme Anton Pelinka, professeur de sciences politiques à l'université d'Innsbruck, appuyé par Emmerich Talos qui souligne que « le seul qui puisse désormais sauver le parti du naufrage, c'est Jörg Haider ». L'ancien leader du Parti libéral a d'ailleurs fait son retour dans la campagne électorale le 8 novembre dernier en participant pour la première fois à un meeting hors de son fief de Carinthie. Le leader populiste persiste toutefois à déclarer qu'il ne souhaite aucunement reprendre la tête de sa formation.
Les enquêtes d'opinion donnent les deux principales formations politiques du pays à quasi égalité, l'ÖVP enregistrant toutefois une légère hausse ces derniers jours. Le ralliement de Karl Heinz Grasser, ministre des Finances, au Parti populaire de Wolfgang Schüssel le 12 novembre est non seulement un nouveau coup dur pour le Parti libéral mais également pour le Parti social-démocrate. Karl Heinz Grasser est l'un des dirigeants les plus respectés et les plus populaires du FPÖ et un ministre particulièrement apprécié des milieux d'affaires autrichiens en raison de son action gouvernementale. Le ministre des Finances est en effet parvenu, après plusieurs années de déficit structurel, à assainir les finances publiques et à dégager un excédent budgétaire sans précédent (représentant 0,3% du PIB l'année passée). Cet assainissement s'est toutefois réalisé grâce à une augmentation des impôts et, par ailleurs, le déficit public s'est de nouveau creusé en 2002 (il devrait être de l'ordre de 1,5% du PIB).
Si le chancelier Wolfgang Schüssel n'a jamais exclu de reconduire une coalition gouvernementale avec le Parti libéral, cette éventualité semble toutefois de plus en plus improbable. Le Parti populaire est donc condamné à arriver en tête des élections s'il veut pouvoir continuer à gouverner le pays. En cas de victoire, le Parti social-démocrate pourrait, quant à lui, faire alliance avec les Verts ou encore renouer avec la tradition et gouverner avec le Parti populaire. Son leader Alfred Gusenbauer a cependant déclaré qu'il ne gouvernerait en aucun cas avec l'actuel Premier ministre Wolfgang Schüssel à qui il ne pardonne pas d'avoir fait alliance avec le Parti libéral. Les Verts, emmenés par leur leader Alexander van der Bellen, enregistrent un nombre élevé d'intentions de vote, 12% (contre 7,10% des suffrages exprimés lors des dernières élections du 3 octobre 1999), un fait toutefois à prendre avec précaution, les écologistes recueillant habituellement des scores élevés dans les sondages pré-électoraux mais obtenant in fine des résultats inférieurs dans les urnes. Les Verts espèrent néanmoins parvenir à réaliser un score supérieur à celui du Parti libéral et à retrouver leur place de troisième formation politique d'Autriche.
Jeudi 14 novembre, les deux candidats les plus susceptibles de diriger le prochain gouvernement, soit Wolfgang Schüssel, leader du Parti populaire et actuel Premier ministre, et soit Alfred Gusenbauer, leader du Parti social démocrate, se sont affrontés devant les caméras de la télévision. Si ce débat télévisé peut avoir des répercussions sur le choix des personnes qui restent encore indécises, il faudra cependant attendre le 24 novembre prochain pour connaître le nom du vainqueur de ce scrutin législatif à l'issue imprédictible.
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