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Corinne Deloy,
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
A la surprise générale, l'ancien Premier ministre Rolandas Paksas (Parti libéral démocrate) a remporté le deuxième tour de l'élection présidentielle de Lituanie recueillant 54,91% des suffrages contre 45,09% à son adversaire, l'ancien Président Valdas Adamkus, un résultat inattendu même si la défaite du Président sortant avait été envisagée par quelques analystes politiques.
Le Président sortant a immédiatement reconnu sa défaite. Se voulant rassurant, Valdas Adamkus a déclaré « Les assises sont en place et je suis convaincu que Rolandas Paksas mènera la Lituanie sur la même voie que celle qui est la sienne depuis douze ans». Le nouvel élu a, de son côté, immédiatement tenu à rassurer l'Union européenne et la communauté internationale sur ses intentions en réaffirmant ses positions pro-européennes et pro-OTAN : « Je suis un partisan sincère de l'intégration de la Lituanie à l'OTAN et à l'Union européenne et je l'ai prouvé durant ma carrière politique. Je tiens à assurer que la politique étrangère de la Lituanie ne changera pas ».
« Plus les électeurs se déplaceront aux bureaux de vote, plus grandes seront les chances d'Adamkus. Une faible participation pourrait profiter à Paksas » estimait Raimundas Lopata, directeur de l'Institut des relations internationales et des sciences politiques de Vilnius, quelques jours avant le deuxième tour. Les prévisions du politologue ont été confirmées : seuls un peu plus de la moitié des Lituaniens se sont rendus aux urnes, soit beaucoup moins que lors du précédent scrutin présidentiel du 21 décembre 1997 (71,4% au premier tour et 73,6% au deuxième tour du 4 janvier 1998), une faible participation qui a effectivement contribué à la victoire de l'outsider Rolandas Paksas.
Valdas Adamkus a mené une campagne discrète, voire passive, s'appuyant davantage sur son bilan et ses réussites passées que sur un programme d'avenir. Elu en dernier « Lituanien de l'année 2002 », le Président sortant a pensé que sa popularité (qui frôle les 80% de bonnes opinions) et sa probité (Valdas Adamkus est l'un des rares hommes politiques à ne pas avoir été impliqué dans un scandale) lui suffiraient pour être, une nouvelle fois, élu à la magistrature suprême. C'était sans compter sur son adversaire qui a mené une campagne dynamique - pour ne pas dire offensive - et qui a engagé pour sa campagne d'énormes moyens financiers (son budget de campagne était le plus élevé pour cette élection présidentielle).
« En dépit de tout l'optimisme du public exprimé après les invitations adressées à l'OTAN et à l'Union européenne, nous devons accepter qu'une bonne partie de la population n'est pas si heureuse et ne vit pas bien (17% des Lituaniens vivent en dessous du seuil de pauvreté). Paksas écoutait avec attention cette partie de la population et il a parlé aux gens de choses qu'ils voulaient entendre : les retraites, les salaires, la corruption » a déclaré Alvydas Lukosaitis, politologue à l'Institut des relations internationales et des sciences politiques de Vilnius. Le leader du Parti libéral démocrate a su convaincre qu'il incarnait un véritable changement (« Votez pour le changement » proclamaient ses affiches électorales) en menant une campagne centrée sur les problèmes intérieurs du pays (le Président de la République est en Lituanie essentiellement chargé de la politique étrangère) et en développant des thèmes sensibles aux yeux de nombreux Lituaniens laissés pour compte du passage à l'économie de marché comme la lutte contre la corruption, le retour de la prospérité et le respect de la loi et de l'ordre. « Personne n'a le droit de voler et de gaspiller notre argent. Ceux qui veulent un emploi doivent l'obtenir, ceux qui veulent étudier doivent pouvoir le faire et personne ne devrait avoir peur de tomber malade et de vieillir » a ainsi répété dans un discours volontiers populiste et démagogique Rolandas Paksas. Le leader du Parti libéral démocrate s'est également déclaré favorable à la peine de mort pour les trafiquants de drogue et opposé à la fermeture de la centrale nucléaire civile d'Ignalia, mesure exigée par l'Union européenne. Le nouveau Président a reproché à Valdas Adamkus d'avoir bradé les intérêts nationaux lors des négociations d'adhésion de la Lituanie avec l'Union européenne, allant jusqu'à annoncer au lendemain du deuxième tour qu'il souhaitait renégocier certains points de l'accord conclu avec les Quinze notamment dans le domaine de l'agriculture.
Bien que populaire auprès des Lituaniens, Rolandas Paksas ne jouit pas du soutien des formations politiques au pouvoir (le Parti social démocrate, LSDP, et l'Union nouvelle-Sociaux libéraux, NS-SL) dont les leaders avaient appelés à soutenir Valdas Adamkus lors du deuxième tour de l'élection présidentielle. De même, le nouveau Président compte peu de partisans au Parlement. Selon la Constitution lituanienne, le gouvernement doit démissionner à l'entrée en fonction du Président qui dispose ensuite de deux semaines pour nommer un Premier ministre et de deux autres semaines pour former un gouvernement. Néanmoins, Rolandas Paksas a déclaré ne pas vouloir modifier l'équipe gouvernementale actuellement au pouvoir : « Algirdas Brazaukas est très populaire et avant qu'un Président ne décide qui choisir, il doit prendre cela en considération. En vérité, je ne suis pas partisan de grands changements au sein du gouvernement car je garde en tête la stabilité de mon pays » a t-il souligné. De même, après avoir promis durant sa campagne une revalorisation des retraites et une baisse des impôts, le leader du Parti libéral démocrate a affirmé qu'il n'y aurait pas de nouvelle discussion du budget 2003. Le nouveau Président lituanien prêtera serment le 26 février prochain.
Résultat du deuxième tour de l'élection présidentielle du 5 janvier:
Participation : 52,5%

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