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Arménie - Présidentielle

Election présidentielle en Armenie 19 fevrier 2003, le point à 30 jours du scrutin

Election présidentielle en Armenie 19 fevrier 2003, le point à 30 jours du scrutin

19/02/2003 - Analyse - 1er tour

Douze ans après l'obtention de son indépendance (par le référendum du 21 septembre 1991), l'Arménie élira le 19 février prochain son quatrième Président de la République. Selon la Constitution de 1995, le Président, élu pour cinq ans au suffrage universel direct, dispose de nombreux pouvoirs. Il assure le bon fonctionnement de l'exécutif, du législatif et du juridique. Commandant général des armées, il est le garant de l'intégrité territoriale et de la sécurité du pays. Il détient le droit de dissoudre le Parlement.

Onze candidats sont officiellement en lice pour l'élection du 19 février prochain :

Robert Kotcharian, Président sortant ;

Stepan Demirtchian, chef du Parti populaire arménien, fils de Karen Demirtchian, ancien président de l'Assemblée nationale et candidat à l'élection présidentielle des 16 et 30 mars 1998, tué dans l'attentat du 27 octobre 1999 (où des hommes armés ont attaqué le Parlement tuant outre son président, le Premier ministre et six autres personnalités politiques) ;

Vazgen Manoukian, candidat de l'Union nationale démocratique, deux fois candidat à l'élection présidentielle (1996 et 1998) et ancien ministre de la Défense;

Aram Sargsian, chef du Parti démocratique ;

Aram Sargsian, homonyme du précédent, chef du Parti de la République et ancien Premier ministre ;

Aram Karapetian, politologue, président de Perspective, Centre d'initiatives stratégiques ;

Artaches Guegamian, chef du Parti de l'unité nationale, député et ancien maire de la capitale Erevan (à l'époque soviétique) ;

Vladimr Darbinian, chef du Parti communiste arménien (HKK) ;

Garnik Maragrian, candidat de Patrie et honneur ;

Aram Aroutiounian, candidat d'Entente nationale ;

Rouben Avaguinian, candidat d'Arméniens unis.

La Commission électorale a refusé la candidature d'Aram Raffi Ovannissian, ancien citoyen américain vivant en Arménie depuis plus de dix ans mais n'ayant obtenu la nationalité qu'en 2001 ; la Constitution oblige toute personne se présentant à l'élection présidentielle à être citoyen arménien depuis dix ans minimum. Chaque candidat doit également être âgé de trente-cinq ans minimum et déposer, à la Commission électorale, 35 000 signatures de soutien et une caution de cinq millions de drams (environ 10 000 euros).

Le conflit du Nagorny Karabakh



Le conflit du Nagorny Karabakh empoisonne les relations azéri-arméniennes depuis des dizaines d'années. Territoire montagneux de 4 400 km2 et peuplé de cent cinquante mille habitants, la région - qui a fait partie de l'Arménie jusqu'en 1923, date à laquelle Staline décide son rattachement à la République socialiste d'Azerbaïdjan et lui donne le statut de région autonome - est aujourd'hui une enclave arménienne en territoire azerbaïdjanais. Le Nagorny Karabakh a proclamé son indépendance le 10 décembre 1991, déclaration qui, conjointe à l'éclatement de l'URSS, provoque une guerre entre les Azerbaïdjanais et les Arméniens de la région soutenus par Erevan faisant plus de trente mille morts et des centaines de milliers de réfugiés.

En 1993, les Arméniens se sont emparés d'une "zone de sécurité" de 8 000 km2 situées entre leur pays et l'Azerbaïdjan. Un cessez-le-feu a été signé en mai 1994 mais aucun accord diplomatique n'a vu le jour depuis lors, les négociations menées par le Groupe de Minsk de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), co-présidé par la France, la Russie et les Etats-Unis, n'ayant point permis de parvenir à un accord de paix. Les Présidents arménien, Robert Kotcharian, et azerbaïdjanais, Heydar Aliev, se sont rencontrés à plusieurs reprises pour tenter de mettre fin à ce conflit. La dernière de ces rencontres a eu lieu à Prague en novembre dernier en marge du sommet de l'OTAN.

Forcé à la démission en 1998 sous la pression, entre autres, de Robert Kotcharian et au motif qu'il faisait trop de concessions à l'Azerbaïdjan sur le conflit du Nagorny Karabakh, l'ancien Président Levon Ter-Petrossian a envisagé un temps de revenir sur la scène politique et d'être candidat à l'élection présidentielle du 19 février prochain avant de finalement abandonner l'idée après l'avoir évoquée avec plusieurs ambassadeurs étrangers en poste à Erevan. L'actuel Président Robert Kotcharian, longtemps partisan de la ligne dure face à l'Azerbaïdjan, est en difficulté, ne recueillant que 20% d'opinions positives dans les enquêtes d'opinion. A la veille du scrutin présidentiel, le Président, tentant de nouveau de rassembler les Arméniens autour de sa personne, a déclaré le 17 janvier dernier, de retour de sa visite en Allemagne, que « les Arméniens et les Azerbaïdjanais sont ethniquement incompatibles ».

La campagne pour l'élection présidentielle débutera le 21 janvier.

2003 sera également pour l'Arménie une année d'élections législatives : trois mois après avoir élu leur nouveau Président, les Arméniens renouvelleront leur Parlement le 25 mai prochain.

Rappel des résultats de l'élection présidentielle des 16 et 30 mars 1998:



Premier tour le 16 mars 1998 :

Participation : 65%

Source Commission électorale centrale d'Arménie


Deuxième tour le 30 mars 1998 :

Participation : 68,14%

Source Commission électorale centrale d'Arménie
Directeur de la publication : Pascale JOANNIN
Les auteurs
Corinne Deloy
Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman
Fondation Robert Schuman
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