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Le président sortant Robert Kotcharian affrontera Stepan Demirtchian au deuxième tour de l'élection présidentielle le 5 mars prochain

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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19 février 2003
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

De nombreux incidents ont émaillé le 19 février dernier le premier tour de l'élection présidentielle arménienne qui était considéré comme un test pour la démocratie dans cette ex-République soviétique du Caucase, indépendante depuis 1991. Peter Eicher, chef de la mission d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a fait état, lors de la conférence de presse qu'il a convoquée sur ce thème le lendemain du scrutin, de « nombreux problèmes » et constaté que cette élection « était loin des exigences démocratiques internationales ». Environ six mille observateurs, dont quatre cent quarante-six représentants d'organisations internationales, tel que le Conseil de l'Europe, ont surveillé le scrutin. Si la fraude constatée semble de moins grande envergure que lors de la précédente élection présidentielle de 1998, de nombreuses irrégularités ont été constatées : menaces sur les représentants de certains candidats et de multiples cas de bourrage des urnes. Par ailleurs, après que des premiers résultats eurent donné le Président sortant, Robert Kotcharian, vainqueur de l'élection dès le premier tour, de cinq à six mille partisans de Stepan Demirtchian se sont rassemblés aux abords du bâtiment de la Commission électorale centrale, dénonçant la falsification des résultats exercée par la Commission.

Neuf personnes étaient officiellement candidates à l'élection présidentielle après que le chef du Parti communiste (HKK) Vladimir Darbinian se fut désisté en faveur d'Artaches Guegamian, leader du Parti de l'unité nationale ; et le chef du Parti de la République et ancien Premier ministre, Aram Sargsian, au profit de Stepan Demirtchian. Donné vainqueur dès le premier tour de l'élection par la majorité des enquêtes d'opinion (le dernier sondage le créditait de 55,6% d'intentions de vote), le Président sortant Robert Kotcharian devra donc affronter, au deuxième tour qui aura lieu le 5 mars prochain, Stepan Demirtchian. Celui-ci s'est appuyé durant toute sa campagne sur la popularité intacte de son père Karen Demirtchian, premier secrétaire du Parti communiste de l'Arménie soviétique durant quatorze ans (1974-1988) d'une période de prospérité sans précédent. Ancien président de l'Assemblée nationale et candidat à l'élection présidentielle des 16 et 30 mars 1998, Karen Demirtchian a été tué dans l'attentat du 27 octobre 1999 par des hommes armés qui ont attaqué le Parlement arménien. « Mon père a toujours une place dans le cœur des gens et mon programme est fondé sur ses idées », a déclaré Stepan Demirtchian durant la campagne, ajoutant « mon père a toujours tout partagé avec moi, il me demandait conseil, nous étions très proches ». Le leader du Parti populaire arménien a repris des pans entiers du programme politique de son père se déclarant en faveur d'un contrôle de l'Etat sur l'économie et de l'intensification des relations économiques avec la Russie. De son côté, le Président sortant Robert Kotcharian promettait de maintenir la croissance économique entre 8 et 12% et de créer trente cinq à quarante mille emplois par an. « Quand j'ai été élu pour la première fois, les gens étaient habitués à demander quand ils toucheraient leur retraite, a déclaré Robert Kotcharian durant sa campagne, aujourd'hui ils demandent quand nous l'augmenterons ». La campagne électorale a toutefois été essentiellement centrée sur la personnalité des candidats, tant étaient peu substantielles les différences entre leurs programmes.

Si l'Arménie possède la plus forte croissance économique des Etats de l'ex-Union soviétique, elle est également le pays où les différences de niveau de vie parmi la population sont les plus importantes. Aujourd'hui, plus de la moitié de la population est considérée comme pauvre et 16% des Arméniens vivent sous le seuil de pauvreté. L'effondrement de l'Union soviétique a beaucoup affecté le pays qui constituait l'un des principaux centres de l'industrie militaire de l'URSS. En outre, les années de guerre avec l'Azerbaïdjan (1988-1994), le blocus économique dont le pays fait toujours l'objet de la part de l'Azerbaïdjan et de la Turquie et enfin le tremblement de terre de 1988, qui a fait vingt-cinq mille morts et anéanti l'économie du nord du pays et la moitié de l'industrie nationale, ont contribué à accroître les difficultés économiques et sociales de l'Arménie.

Avant les élections législatives du 16 mai prochain, les Arméniens retourneront donc aux urnes le 5 mars pour départager Robert Kotcharian et Stepan Demirtchian et élire leur nouveau Président de la République.

Résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 19 février:

Participation : 61,9%

Source Commission électorale centrale d'Arménie

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