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Victoire surprise d'Ivan Gasparovic contre Vladimir Meciar à l'élection présidentielle

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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17 avril 2004
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

A la surprise générale, Ivan Gasparovic (Mouvement pour la démocratie, HZD) a largement devancé Vladimir Meciar (Mouvement pour une Slovaquie démocratique, HZDS) lors du deuxième tour de l'élection présidentielle le 17 avril. Ivan Gasparovic recueille 59,91% des suffrages, contre 40,09% à son rival. La participation s'est élevée à 43,5% et semble avoir été néfaste à Vladimir Meciar. En effet, en dépit de l'appel au boycott de ce second tour lancé par trois des quatre formations (le Parti de la coalition hongroise, SMK, avait laissé les électeurs libres de leur choix) de la coalition gouvernementale conduite par Mikulas Dzurinda (Union démocratique et chrétienne slovaque, SDKU), de nombreux électeurs se sont mobilisés pour évincer l'ancien Premier ministre de la fonction présidentielle. A la veille du scrutin, l'ensemble des analystes s'accordaient sur le fait qu'une faible participation avantagerait Vladimir Meciar, celui-ci disposant en effet d'un électorat fidèle et discipliné. « Si la participation tombe au dessous des 30%, nous avons aucune chance » affirmait le directeur de campagne d'Ivan Gasparovic, Jan Bilek, il y a quelques jours. «Ceux qui ne votent pas votent pour Vladimir Meciar » renchérissait Robert Fico, leader de la formation SMER (Direction).

Donné favori du deuxième tour en raison de sa large avance le 3 avril dernier (+ 10,47 points), l'ancien Premier ministre échoue donc pour la deuxième fois dans sa tentative d'accéder à la plus haute fonction de l'Etat. Ivan Gasparovic avait déjà créé la surprise au premier tour en devançant de 3 644 voix le grand favori de cette élection présidentielle, le ministre des Affaires étrangères Eduard Kukan, soutenu par la coalition gouvernementale de Mikulas Dzurinda. « La marge avec laquelle Ivan Gasparovic a gagné constitue une grande surprise. Il est surprenant que les gens se soient mobilisés contre Vladimir Meciar pour un homme qui a été son collaborateur pendant de longues années » a déclaré Michal Vasecka, politologue à l'Institut des affaires publiques de Bratislava. Ivan Gasparovic est finalement parvenu durant la campagne électorale à convaincre de sa différence avec Vladimir Meciar et à rallier les nombreux électeurs qui s'opposaient à l'élection de l'ancien Premier ministre. « Je ne suis pas controversé, je sais écouter et accepter les avis des autres. J'essaie de ne pas être autoritaire » a déclaré Ivan Gasparovic qui a également reconnu certaines de ses erreurs passées. Ces déclarations lui ont valu d'être pris à partie par Vladimir Meciar lors d'un débat télévisé qui a réuni les deux hommes avant le deuxième tour. « Tu lèches les bottes et ensuite, tu diffames » a lancé l'ancien Premier ministre à son ancien bras droit.

La victoire d'Ivan Gasparovic, qui déclare se situer au centre gauche de l'échiquier politique, est également celle de Robert Fico, dirigeant du parti SMER (Direction) qui soutenait depuis le début le candidat du Mouvement pour la démocratie. Une victoire bienvenue après l'échec, le 3 avril dernier, du référendum sur la tenue d'élections législatives anticipées, également largement soutenu par le leader populiste.

Agé de soixante-trois ans, Ivan Gasparovic, professeur de droit et auteur de la Constitution slovaque, succèdera le 15 juin prochain à Rudolf Schuster et deviendra pour cinq ans le deuxième Président de la République slovaque élu au suffrage universel direct depuis l'indépendance du pays en 1993. De 1992 à 1998, il a été président du Conseil National de la République, Chambre unique du Parlement, époque au cours de laquelle il est devenu le bras droit de Vladimir Meciar alors Premier ministre. « Je n'ai aucune honte par rapport à mon travail au sein du HZDS qui a été favorable aux Slovaques et à la Slovaquie » a répété Ivan Gasparovic durant la campagne. Les deux hommes se sont brouillés en 2002, la décision de Vladimir Meciar de ne pas inscrire son collaborateur sur les listes en vue des élections législatives des 20 et 21 septembre 2002 étant à l'origine de la rupture entre les deux hommes.

Dès l'annonce des résultats, Ivan Gasparovic a déclaré qu'il chercherait un terrain d'entente avec le Premier ministre Mikulas Dzurinda. « Travailler avec le Premier ministre Dzurinda et le président du Parlement, Pavol Hrusovsky, ne sera pas toujours facile, mais pour le bien des Slovaques nous devons collaborer afin de faire en sorte que ces relations se passent bien ».

Contrairement à la campagne pour le dernier scrutin législatif de septembre 2002, les pays occidentaux ne sont pas intervenus entre les deux tours pour convaincre les Slovaques d'empêcher l'élection de Vladimir Meciar, les pouvoirs limités dont dispose le Président contribuant à calmer leurs inquiétudes. Visiblement eux-mêmes majoritairement effrayés d'un retour de l'ancien Premier ministre sur le devant de la scène politique, les Slovaques ont vu en Ivan Gasparovic un moindre mal pour le pays, suivant en cela les conseils de l'ancien Président (1994-1998), Michal Kovac, qui avait exigé de Vladimir Meciar qu'il se retire de la course présidentielle. « S'il refuse de se désister, les intérêts du pays exigent qu'Ivan Gasparovic soit élu Président » avait-il alors affirmé. « Les résultats de cette élection présidentielle représentent une confirmation du caractère démocratique de la société slovaque et de son orientation vers l'Europe » a souligné le Commissaire européen slovaque Jan Figel à l'issue du scrutin.

Résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle slovaque le 17 avril 2004

Participation : 43,5%

Source : Commission électorale centrale de Slovaquie

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