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Lazlo Solyom est élu président de la République de Hongrie

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

-

8 juin 2005
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Le 8 juin dernier, Lazlo Solyom a été élu, après trois tours de scrutin, Président de la République de Hongrie par l'Orszaggyules, Chambre unique du Parlement. Il remplace à ce poste Ferenc Mádl (candidat de la Fédération des jeunes démocrates, FIDESZ) qui était en fonction depuis le 6 juin 2000.

Le Président de la République est élu, au moins trente jours avant l'expiration du mandat du Président sortant, pour un mandat de cinq ans par l'Assemblée au scrutin secret. Il ne peut effectuer plus de deux mandats. Les candidats à cette fonction doivent être âgés de trente-cinq ans révolus. Le Président est le commandant en chef des forces armées, il nomme les ambassadeurs et les ministres plénipotentiaires ainsi que le président et les vice-présidents de la Banque centrale de Hongrie et les recteurs des universités. Le Président peut assister aux séances de l'assemblée nationale et des commissions parlementaires et prendre l'initiative d'un référendum.

Deux candidats étaient en lice pour cette élection présidentielle :

- Lazlo Solyom, soixante-trois ans, ancien président de la Cour constitutionnelle et candidat indépendant soutenu cependant par la principale formation d'opposition, la Fédération des jeunes démocrates ;

- Katalin Szili, quarante-neuf ans, député depuis 1994, vice-présidente du Parti socialiste de 2000 à 2004 et actuelle présidente de l'Orszaggyules.

Le scrutin et ses conséquences

Au premier tour de scrutin qui s'est déroulé le 6 juin, Lazlo Solyom a recueilli treize voix, contre cent quatre vingt-trois à Katalin Szili. La majorité des deux tiers étant requise, soixante-quatorze voix manquaient à la candidate socialiste pour s'imposer. Trois bulletins ont été déclarés nuls. La Fédération des jeunes démocrates avait décidé de s'abstenir lors de ce premier tour de scrutin afin de compter le nombre de voix que Katalin Szili recevait en dehors de celles de sa propre formation. Cette abstention empêchait bien entendu chacun des candidats d'obtenir la majorité des deux tiers indispensable pour être élu.

Lors du deuxième tour de scrutin, le candidat soutenu par l'opposition obtenait cent quatre vingt-cinq voix, contre cent soixante dix-huit pour son adversaire. Deux bulletins ont été déclarés nuls.

Enfin, au troisième tour de scrutin où seule la majorité simple était requise, Lazlo Solyom a été élu Président de la République de Hongrie, recueillant cent quatre vingt-cinq suffrages, contre cent quatre vingt-deux à Katalin Szili. Un bulletin a été déclaré nul à l'issue du scrutin.

L'Alliance des démocrates libres (SZDSZ), dirigée par Gabor Kuncze et membre de la coalition gouvernementale dirigée par le Parti socialiste (MSZP), souhaitait un Président qui soit au-dessus des partis et a donc décidé de s'abstenir pour cette élection présidentielle au motif que les membres du SZDSZ voyaient en Katalin Szili une « femme d'appareil ». L'Alliance des démocrates libres reproche à la candidate socialiste son attitude lors des transformations intervenues au sein de sa formation en 2004. L'an passé, alors que le Parti socialiste avait écarté de ses instances dirigeantes les cadres issus de l'ancien Parti communiste et parallèlement accueilli des cadres plus jeunes, tels Ferenc Gyurcsany, devenu depuis lors Premier ministre, et Istvan Hiller, devenu président de la formation, Katalin Szili s'était opposée à ce changement de génération.

L'élection de Lazlo Solyom a ouvert une crise au sein de la coalition gouvernementale. « Du point de vue des partis de la coalition au pouvoir, cette élection est un fiasco » a déclaré à l'issue du vote le Premier ministre Ferenc Gyurcsany. « Le résultat du scrutin présidentiel peut conduire à des élections anticipées » estime même le politologue Andras Giro-Szaz. « Bien que la personne de Lazlo Solyom soit acceptable pour les socialistes, le Premier ministre Ferenc Gyurcsany est sorti affaibli de cette bataille. Le chef du gouvernement a subi deux défaites : la première au sein de son parti où il n'a pu imposer son propre candidat, le deuxième au Parlement où il n'a pas réussi à réunir la majorité pour le candidat de sa formation » ajoute t-il. Le politologue Lazlo Lengyel confirme cette analyse et affirme, pour sa part : « L'incapacité de la coalition à trouver un candidat commun montre la faiblesse du gouvernement et marque le début de l'effondrement de la gauche hongroise ».

Assurant qu'il continuerait à gouverner avec l'Alliance des démocrates libres, le Premier ministre Ferenc Gyurcsany a, à l'issue de ce scrutin présidentiel, convoqué un congrès extraordinaire de son parti pour « évaluer la situation actuelle et ses conséquences sur l'avenir de la coalition ». L'Alliance des démocrates libres pourrait cependant être la principale victime de cette crise. La formation, qui n'a recueilli que 5,54% des suffrages lors du premier tour des dernières élections législatives du 7 avril 2002 et 7,7% aux élections européennes du 13 juin 2004, pourrait se trouver marginalisée sur la scène politique. « Après cette élection turbulente, il nous faut maintenant revenir à la gestion des affaires courantes » a déclaré le Premier ministre Ferenc Gyurcsany. « Nous devons gouverner et nous gouvernerons » a t-il conclu.

Le nouveau Président

Agé de soixante-trois ans, Lazlo Solyom a suivi des études de droit à Pecs, ville située au Sud de la Hongrie, et en Allemagne avant de devenir professeur de droit à l'université des sciences de Budapest (ELTE) de 1983 à 1989. Membre fondateur du Forum démocratique (MDF), formation qui a remporté les premières élections libres hongroises en 1990, Lazlo Solyom s'était mis en congé de son parti lors de sa nomination à la Cour constitutionnelle. Sous sa présidence (1990-198), la Cour a statué sur l'avortement, la définition des pouvoirs du Président de la République et l'indemnisation des victimes du communisme. Certains analystes politiques affirment que le nouveau Président pourrait chercher à accroître le rôle du Président de la République en Hongrie. « Il faut changer notre culture constitutionnelle, notre style politique » déclarait récemment Lazlo Solyom. « Il faut se dresser contre les injustices intolérables et quelqu'un doit se prononcer à ce propos très clairement. Nous devons respecter les valeurs morales, ouvrir notre cœur, être honnêtes et sincères, solidaires, fidèles à notre épouse, à notre patrie, à une idéologie. Le secret d'une bonne vie est entre les mains des parents, des professeurs et de tous ceux qui peuvent donner l'exemple » affirmait le nouveau Président de la République.

Dans son discours inaugural, Lazlo Solyom a répondu aux propos du Premier ministre en déclarant que son élection « ne saurait être un fiasco pour un quelconque parti », soulignant qu'il n'était le candidat d'aucune formation mais celui de la société civile et qu'il s'engageait à être « le gardien sévère de la Constitution ». « N'ayez aucun doute là-dessus. Au-delà des lois et des idéologies, la Constitution doit protéger les droits de l'homme, le droit à la vie et à la liberté » a affirmé Lazlo Solyom.

Le nouveau Président de la République hongroise prendra ses fonctions le 5 août prochain.

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