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Le parti démocrate civique remporte les élections senatoriales en République Tchèque

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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30 octobre 2006
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Les Tchèques étaient appelés aux urnes les 20-21 et les 27-28 octobre 2006 pour renouveler un tiers des sénateurs, soit 27 des 81 membres de leur Chambre haute, renouvelée par tiers tous les deux ans. Les membres du Sénat sont élus, en République tchèque, pour 6 ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

204 candidats, dont un grand nombre d'artistes (l'acteur Tomas Töpfer pour l'ODS et le chanteur Jiri Dedecek pour les Verts) et de sportifs (l'ancien champion de lancer du disque Imrich Bugar pour le CSSD, l'ancienne championne de ski de fond Kveta Jeriova-Peckova pour les Démocrates européens, SNK-ED), représentant 30 formations politiques étaient en lice pour ce scrutin. Le Parti démocrate-civique (ODS) défendait 10 sièges, contre un seul pour le Parti social-démocrate (CSSD) et 7 pour l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple (KDU-CSL).

Particularité de ces élections sénatoriales : Pavla Topolankova, épouse du Premier ministre Mirek Topolanek (ODS), était candidate dans la circonscription d'Ostrava (Moravie du Nord) au Nord-Est du pays, sous l'étiquette de Politika 21, une formation fondée par la députée européenne Jana Bobosikova et hostile au Parti démocrate-civique.

Les Tchèques élisaient également les 20 et 21 octobre les 62 483 élus de leurs 6 248 conseils municipaux. Le Parti démocrate-civique (ODS) s'est imposé dans ce scrutin en recueillant 36,2% des suffrages, contre 16,63% au Parti social-démocrate (CSSD) et 11,71% au Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM). Dans la capitale Prague, fief du Parti démocrate-civique, l'ODS a obtenu une « victoire historique », selon les mots du maire Pavel Bem, en recueillant la majorité absolue avec 54,43% des suffrages. Pavel Bem était opposé à la populaire ancienne ministre de l'Education, Petra Buzkova (CSSD) qui avait annoncé, en juin, son retrait de la vie politique avant de faire machine arrière.

Le Parti démocrate-civique est arrivé largement en tête au premier tour des 20 et 21 octobre dans 26 des 27 circonscriptions ; le candidat ODS a échoué à Zlin (Moravie du Sud) recueillant 22,50% des suffrages. Il devance le Parti social-démocrate qui obtient 14,50% des voix et le Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM), 12%. Aucun candidat n'a cependant été élu au premier tour.

Les 27 et 28 octobre, les candidats du Parti démocrate-civique étaient opposés à 11 sociaux-démocrates, 6 chrétiens-démocrates, 3 communistes et 5 indépendants. Le leader de l'opposition, l'ancien Premier ministre Jiri Paroubek, avait appelé l'ensemble des autres formations à s'allier avec son parti pour empêcher la victoire du Parti démocrate-civique au deuxième tour. « Nous sommes prêts à soutenir tout candidat qui ne sera pas du Parti démocrate-civique » avait-il déclaré. En vain.

La formation libérale s'est finalement imposée dans 14 des 27 circonscriptions. Le Parti social-démocrate a remporté 6 sièges, l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple 4 et les candidats indépendants 3. « Le résultat est fantastique » a déclaré Mirek Topolanek à l'annonce des résultats. A l'issue de ces élections sénatoriales, le Parti démocrate-civique est désormais majoritaire à la Chambre haute avec 41 sénateurs, contre 12 aux sociaux-démocrates, 10 à l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple et 2 pour les communistes. L'ODS devient donc la première formation à contrôler le Sénat depuis la création de la Chambre en 1996.

Le taux de participation s'est élevé à 42,09% au premier tour et à 20,7% au deuxième.

La République tchèque est, depuis les dernières élections législatives des 2 et 3 juin derniers, dans une impasse politique. En effet, si le Parti démocrate-civique est arrivé en tête du scrutin avec 35,37% des suffrages et 81 sièges devançant le Parti social-démocrate (32,32%, 74 sièges), le Parti communiste de Bohème et Moravie (12,81%, 26 sièges), l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple (7,22%, 13 sièges) et les Verts (6,29%, 6 sièges), il n'est pas parvenu à former une coalition gouvernementale disposant d'une majorité au Parlement.

Les deux coalitions, ODS/KDU-CSL/Verts et CSSD/KSCM, possèdent exactement le même nombre de sièges (100). Nommé Premier ministre le 4 septembre dernier, le leader du Parti démocrate-civique, Mirek Topolanek, a dû démissionner le 11 octobre après seulement 37 jours de gouvernement, un record dans l'histoire du pays. Le Premier ministre n'est pas parvenu à obtenir la confiance du Parlement (96 voix en faveur de son gouvernement, 99 contre). La coalition gouvernementale qu'il dirigeait rassemblait 15 membres, 9 issus du Parti démocrate-civique et 6 experts sans étiquette (dont Alexander Vondra, ancien dissident anticommuniste et ambassadeur aux Etats-Unis entre 1997 et 2001, et Jiri Sedivy, professeur au Centre européen d'études de sécurité). Lors de la présentation de son équipe, le leader de l'ODS avait tenu à préciser que son principal objectif était de conduire le pays vers des élections législatives anticipées. « Neil Armstrong n'est resté que quelques heures sur la lune, sa trace y est restée » avait-il répondu à ceux qui lui prédisaient un bref mandat.

Le 11 octobre, le Président de la République Vaclav Klaus (ODS) a demandé à Mirek Topolanek de rester en poste pour gérer les affaires courantes. La Constitution ne prévoit de dissolution possible du Parlement, et donc la possibilité de convoquer des élections législatives anticipées, qu'après l'échec de trois tentatives de formation d'un gouvernement. Le Président de la République Vaclav Klaus s'est par ailleurs clairement refusé à constituer un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates, se rappelant trop bien le désaveu de son parti par les électeurs lors des élections législatives des 14 et 15 juin 2002 après qu'il eut accepté en juillet 1998 un « accord de stabilité » avec le Parti social-démocrate. Selon celui-ci, le Parti démocrate civique acceptait le gouvernement formé par le CSSD en échange de l'attribution de postes clés au sein des institutions.

De nouvelles négociations en vue de former un gouvernement doivent reprendre dès le 30 octobre, mais le Président de la République paraît avoir abandonné l'espoir de parvenir à un accord politique avec les quatre autres partis représentés au Parlement et semble de plus en plus s'orienter vers l'organisation d'élections anticipées. « Nous souhaiterions tous un gouvernement fort, opérationnel et digne de confiance. Compte tenu de l'arithmétique post-électorale, les possibilités de bâtir un gouvernement capable d'agir ont toutes été explorées. Par conséquent, je pense que la manière la plus raide de régler la situation passe par des élections anticipées » a déclaré Vaclav Klaus rappelant que quatre gouvernements avaient démissionné depuis son élection à la tête de l'Etat le 28 février 2003. « De ces quatre démissions, une seule était, dirais-je, « normale », ce qui en dit long sur notre pays et sur notre situation politique » a-t-il souligné.

Le politologue et directeur de la New York University de Prague, Jiri Pehe, rappelait avant le scrutin que « l'importance de ces élections sénatoriales réside dans l'influence qu'auront leurs résultats sur les prochaines négociations entre les formations politiques ».

Le résultat du Parti démocrate-civique aux élections sénatoriales pourrait permettre au Président de la République d'écarter définitivement le Parti social-démocrate de la formation de la prochaine coalition gouvernementale.

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