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Surprise aux élections législatives slovènes où le nouveau parti, Slovénie positive (gauche), du maire de Ljubljana Zoran Jankovic, devance le Parti démocrate (droite) de Janez Jansa

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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5 décembre 2011
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Les élections législatives slovènes qui se sont tenues le 4 décembre ont débouché sur une surprise puisque le nouveau parti Slovénie positive, créé par le maire de Ljubljana, Zoran Jankovic, est arrivé en tête avec 28,54% des suffrages et a remporté 28 sièges au Drzavni Zbor (Assemblée nationale), chambre basse du Parlement. Il devance le principal parti d'opposition, le Parti démocrate (SDS) dirigé par Janez Jansa, qui a obtenu 26,25% des voix et 26 sièges (-2 par rapport aux précédentes élections législatives du 21 septembre 2008). En 3e position arrive le Parti social-démocrate (SD) du Premier ministre sortant Borut Pahor qui enregistre un net recul : il a recueilli 10,50% des suffrages et remporté 10 sièges (-19). Il est suivi de la Liste des citoyens-Gregor Virant, autre nouveau parti, qui a obtenu 8,42% des voix et 8 sièges.

Viennent ensuite le Parti démocratique des retraités (DeSUS) de Karl Erjavec avec 6,97% des suffrages et 6 sièges (-1), le Parti populaire (SLS) dirigé par Radovan Zerjav (6,9% des voix, +1). Enfin, Nouvelle Slovénie-Parti populaire chrétien (NSi-KLS) de Ljudmila Novak, fait son retour au Parlement avec 4,79% des suffrages (4 sièges).

Obtenant 1,8% des voix, le parti d'extrême droite du Parti national (SNS) dirigé par Zmago Jelincic Plemeniti quitte le Drzavni Zbor (-5) de même que Zares (Réel, Z), de Gregor Golobic 0,65% des suffrages (-9) et le Parti libéral-démocrate (LDS), dirigée par Katarina Kresal 1,46% des voix (- 5).

La participation s'est élevée à 64,69%, soit -1,59 point que le taux enregistré lors des précédentes élections législatives du 21 septembre 2008. Le centre de Ljubljana a été la circonscription la plus mobilisée (70,55%), celle de Maribor la plus abstentionniste (59,15%).

"Les résultats montrent que les citoyens veulent un Etat différent, ils ont eu Janez Jansa, Borut Pahor, maintenant ils veulent un Etat démocratique mais efficace, le respect et la considération. Les citoyens ont voté pour une nouvelle Slovénie, une Slovénie qui réussira, qui sera solidaire et sociale" a déclaré Zoran Jankovic à l'annonce des résultats. "Janez Jansa et Borut Pahor ont déjà eu l'opportunité de montrer qui ils étaient et ce qu'ils étaient capables de faire. Notre pays a désormais besoin d'un homme d'affaires" a t-il répété durant sa campagne. Le leader de Slovénie positive qui a transformé Ljubljana qu'il affirme gérer comme une entreprise durant son premier mandat, entend gérer le pays de la même façon. "A la fin de la législature, la Slovénie renouera avec une croissance de 4%" a-t-il affirmé.

Ce scrutin a révélé la défiance des Slovènes, qui ont fortement participé au scrutin, envers les partis politiques établis. Les électeurs ont fait le choix de parier sur un entrepreneur doté d'un bon bilan à la tête de sa ville. Ils ont rejeté le Parti démocrate, favori de la campagne, qui n'est pas parvenu à les convaincre qu'il avait les capacités de redresser le pays. Selon de nombreux analystes, Janez Jansa a payé son opposition farouche au cours des 3 dernières années et son ton agressif durant cette campagne électorale. Il a certainement été affecté par la tenue du procès Patria dans lequel il comparaît. L'ancien Premier ministre (2004-2008) est en effet accusé d'avoir reçu de l'homme d'affaires autrichien Walter 135 véhicules blindés par le ministère de la Défense pour un montant de 278 millions € au fabricant Patria, détenu à 73% par l'Etat finlandais (EADS détient 27% de l'entreprise). Cette transaction, rendue obligatoire par l'entrée de la Slovénie dans l'OTAN en 2004, représentait le plus gros contrat militaire jamais signé par la Slovénie.

Zoran Jankovic doit désormais trouver des partenaires avec lesquels former une coalition gouvernementale. "Je peux coopérer avec tout le monde à l'exception de Janez Jansa" a-t-il déclaré. Le Premier ministre sortant Borut Pahor a d'ores et déjà indiqué que son parti était prêt à débuter des négociations. "Nous sommes ouverts au dialogue. Nous devons penser à l'avenir du pays" a-t-il déclaré.

Les analystes politiques sont nombreux à anticiper une coalition de gauche réunissant Slovénie positive, le Parti social-démocrate et la Liste des citoyens-Gregor Virant. Ce dernier, ancien ministre (2004-2008) de l'Administration du gouvernement dirigé par Janez Jansa, s'est dit ouvert au dialogue mais a posé ses conditions pour participer au prochain gouvernement : les ministères de l'Intérieur et de la Justice ne devront pas détenus par des membres de Slovénie positive. Le leader du Parti démocratique des retraités, Karl Erjavec, s'est également déclaré prêt à participer à un gouvernement dirigé par Zoran Jankovic tout comme le Parti populaire.

"La formation du gouvernement va être difficile. Zoran Jankovic devra négocier avec l'ensemble des petits partis du Parlement et les différences entre les uns et les autres sont grandes" a déclaré Tanja Staric, journaliste au quotidien Delo.

"La fragmentation du Parlement laisse peu de chances de voir émerger la large coalition gouvernementale dont la Slovénie a besoin. J'espère me tromper mais je ne le pense pas. Je ne pense pas que le prochain gouvernement ira au bout de son mandat de quatre ans. Le pays peut s'attendre à de nouvelles élections anticipées" a indiqué Janez Jansa.

Agé de 59 ans, Zoran Jankovic est né en Serbie. Il est arrivé en Slovénie, d'où sa mère était originaire, à l'âge de 11 ans. Diplômé en économie de l'université de Ljubljana, il a débuté sa carrière comme directeur de Mercator Investa en 1984 avant de fonder sa propre entreprise, Electa. Il a dirigé la chaîne de supermarchés Mercator de 1997 à 2005 et est considéré comme l'un des hommes les plus riches de Slovénie. Ancien membre du Parti démocrate, il décide, en 2006, de se présenter comme candidat indépendant dans la ville de Ljubljana après avoir été, selon ses propres termes, "lâché" par le Premier ministre de l'époque Janez Jansa. Il s'impose dans la capitale slovène avec 63,03% des suffrages et remporte 23 des 45 sièges du conseil municipal. Quatre ans plus tard, Zoran Jankovic est réélu dès le 1er tour. Avec le slogan Dela (Ça marche !), le maire sortant a fait campagne sur son bilan de 4 ans : modernisation du système de transports, construction de nouveaux ponts, construction de 3 000 appartements et du complexe sportif de Stozice.

La première tâche du nouveau gouvernement sera de présenter un plan de réduction de la dette publique pour que la Slovénie puisse se maintenir sur les marchés financiers. Il devra également s'atteler à une réforme des retraites, une exigence de la Commission européenne dans un pays ou l'âge légal est parmi les plus bas d'Europe (57 ans pour les femmes et 58 ans pour les hommes). Zoran Jankovic a d'ores et déjà annoncé vouloir relever la TVA de un point (21%), une mesure à laquelle s'opposent plusieurs de ses éventuels partenaires au sein du gouvernement.

Source : Site internet des élections slovènes

(http://volitve.gov.si/dz2011/en/rezultati/rezultati_slo.html )

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