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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
1,7 million de Slovènes voteront le 11 novembre prochain pour désigner leur prochain président de la République. Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue lors du 1er tour de scrutin, un 2e tour sera organisé le 2 décembre. La campagne officielle a débuté le 12 octobre et s'achèvera le 9 novembre, soit l'avant-veille du 1er tour.
Longtemps meilleure élève des douze Etats membres entrés dans l'Union européenne au XXIe siècle, la Slovénie a été très affectée par la crise financière internationale, notamment en raison de sa dépendance aux capitaux étrangers et aux exportations. Le gouvernement précédent (2008-2011) de Borut Pahor (Parti social-démocrate, SD) comme l'actuel, dirigé par Janez Jansa (Parti démocrate, SDS), ont tous deux pris des mesures d'austérité pour tenter de relancer l'économie. La note du pays a été dégradée par les agences de notation ; les banques sont en grande difficulté ; le taux de chômage atteint 11,7% de la population active (chiffre de juillet dernier) et beaucoup d'analystes estiment que Ljubljana pourrait être la sixième capitale européenne à devoir recourir à l'aide internationale. Le Premier ministre Janez Jansa a évoqué la possibilité d'un "scénario à la grecque". Une enquête d'opinion publiée par le quotidien Delo le 24 septembre dernier a révélé que 42% des Slovènes pensaient que leur pays serait contraint d'avoir recours à l'aide internationale.
La Slovénie est également secouée par plusieurs scandales : le 5 septembre dernier, le P-DG de l'une des plus grandes entreprises du pays a été accusé de fraude ; l'ancien député Pavel Rupar (SDS) a été condamné en septembre à un an de prison et 40 000 € d'amende pour abus de pouvoir à l'époque où il était maire de Trzic en 2004 ; le maire de Ljubljana et leader du principal parti d'opposition, Slovénie positive (PS), Zoran Jankovic, a été mis en cause avec ses deux fils, Jure et Damijan, dans une affaire financière (à hauteur de 10 millions €) concernant la construction du complexe sportif de Stozice inauguré en août 2010 dans la capitale. Enfin, le Premier ministre Janez Jansa a été mis en accusation pour fausses accusations et diffamation dans le cadre de l'affaire Patria dans laquelle il est déjà soupçonné de corruption. Il est accusé d'avoir reçu de l'homme d'affaires autrichien Walter Wolf, environ 900 000 € de pots-de-vin en faveur de son parti lors de l'achat en 2006 (il était à l'époque Premier ministre) de 135 véhicules blindés par le ministère de la Défense pour un montant de 278 millions € au fabricant Patria, société détenue à 73% par l'Etat finlandais (EADS détient 27% de la compagnie). Même l'église catholique est touchée, affectée par plusieurs scandales financiers et sexuels.
La fonction présidentielle
Le chef de l'Etat est élu en Slovénie au suffrage universel direct et au système majoritaire (à deux tours) pour un mandat de 5 ans, renouvelable une fois. La fonction présidentielle est essentiellement honorifique. Le président de la République est le commandant en chef des forces armées, il peut intervenir si le Drzavni Zbor (Assemblée nationale), chambre basse du parlement, est empêchée de se réunir et déclarer l'état d'urgence et la mobilisation de l'armée. Ses décisions doivent cependant être ratifiées par le parlement dès que celui-ci peut de nouveau siéger. Le chef de l'Etat nomme certains hauts fonctionnaires de l'Etat et les ambassadeurs et possède le droit de grâce.
Tout candidat à l'élection présidentielle doit être âgé de 18 ans minimum et obtenir le soutien d'au moins 10 députés ou de 5 000 électeurs ou encore d'un parti politique, qui doit avoir reçu le soutien de 3 députés et de 3 000 électeurs.
Depuis l'indépendance du pays le 25 juin 1991, les présidents de la République de Slovénie ont tous été issus des forces de gauche.

A plusieurs reprises, certains partis ont tenté –en vain – d'élargir les fonctions ou le mode d'élection du président de la République. Ainsi, Zares (Réel) avait émis le souhait que le chef de l'Etat soit autorisé à convoquer des élections législatives partielles et à dissoudre le parlement ; Nouvelle Slovénie (NSi) avait proposé que le président de la République soit élu de façon indirecte par la majorité des deux tiers du Drzavni Zbor.
Les candidats déclarés
13 personnes se sont déclarées intéressées par une candidature à la fonction présidentielle. Parmi celles-ci, seules 3 ont déposé leur demande de façon officielle à ce jour :
– Danilo Türk, 55 ans, chef de l'Etat sortant, soutenu par Slovénie positive (PS), principal parti d'opposition du pays, et par le Parti démocratique des retraités (DeSUS) dirigé par Karl Erjavec ;
– Milan Zver, 50 ans, député européen, ancien ministre de l'Education et des Sports (2004-2008), soutenu par le Parti démocrate (SDS) du Premier ministre Janez Jansa et Nouvelle Slovénie-Parti populaire chrétien (NSi-KLS) de Ljudmila Novak ;
– Borut Pahor, 49 ans, ancien Premier ministre, soutenu par le Parti social-démocrate (SD) et par la Liste des citoyens (DL) de Gregor Virant, membre du gouvernement actuel.
Parmi ces 3 candidats, Milan Zver est le seul à se présenter aux suffrages des Slovènes avec le soutien de députés. Les deux autres ont préféré s'appuyer sur les électeurs plutôt que sur les partis politiques : Danilo Türk a présenté 13 000 signatures d'électeurs et Borut Pahor, 4 453.
Les candidats à l'élection présidentielle ont jusqu'au 17 octobre pour se déclarer. La liste officielle des candidats sera rendue publique le 26 octobre prochain.
Les débuts de la campagne présidentielle
Le chef de l'Etat sortant Danilo Türk a lancé sa campagne le 12 octobre dernier à Ljubljana. Il se veut un candidat indépendant et s'appuie sur son bilan à la tête du pays. Son adversaire Milan Zver le qualifie cependant de "candidat de l'extrême gauche" en raison du soutien de Slovénie positive dont il bénéficie. Danilo Türk a indiqué que, selon lui, le rôle du chef de l'Etat était d'être capable de conseiller au mieux les personnes qui en ont le plus besoin, à savoir actuellement le gouvernement. Il a choisi le slogan "Pour le bien commun" pour sa campagne électorale.
Milan Zver a reçu le 12 octobre le soutien du président du Parti populaire européen (PPE), Wilfried Martens. "L'élection présidentielle doit être le moment du changement. Le pays a besoin d'un chef de l'Etat capable d'unir les Slovènes" a déclaré Wilfried Martens.
Le candidat du Parti démocrate et de Nouvelle Slovénie-Parti populaire chrétien reproche au président de la République sortant de s'être opposé à l'inscription de la règle d'or (limitation du déficit public du pays) dans la Constitution slovène, à la flexibilité du marché du travail, à la réforme des retraites et à l'austérité.
Milan Zver mène campagne avec le slogan "Un président qui voit plus loin". S'il était élu à la tête de la Slovénie le 11 novembre ou le 2 décembre prochain, il serait le premier chef de l'Etat à ne pas être un ancien membre du Parti communiste, un fait sur lequel il met l'accent pour se présenter comme "le seul choix possible pour que le pays achève sa transition".
Borut Pahor en appelle à "l'unité nationale" pour mettre en œuvre les réformes structurelles de façon à "surmonter la pire crise économique depuis la Deuxième guerre mondiale". Il fait un parallèle entre la situation actuelle et le moment où la Slovénie a regagné son indépendance en 1991, "fenêtre d'opportunité étroite que nous avons réussi à franchir en restant unis". Il se présente comme le candidat du centre-gauche pour mieux se différencier du président de la République sortant Danilo Türk.
Selon la dernière enquête d'opinion publiée par le quotidien Delo le 1er octobre dernier, Danilo Türk devrait arriver en tête du 1er tour de l'élection présidentielle le 11 novembre prochain avec 54% des suffrages. Il devancerait le social-démocrate Borut Pahor qui recueillerait 30% des voix et le député européen Milan Zver qui obtiendrait 13% des suffrages. Les sondages de 2e tour donnent Danilo Türk gagnant, avec 52% des voix devant Borut Pahor et 60% face à Milan Zver.
Grand favori à un mois du scrutin, le président de la République sortant se souviendra certainement que telle était la position d'Alojz Peterle durant toute la campagne de la dernière élection présidentielle des 21 octobre et 11 novembre 2007 avant que celui-ci ne soir largement battu (68,03%) par Danilo Türk lors du 2e tour.
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