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Borut Pahor (Parti social-démocrate, SD) s'est imposé au 2e tour de l'élection présidentielle le 2 décembre en Slovénie. L'ancien Premier ministre (2008-2011) a recueilli 67,44% des suffrages et largement devancé le chef de l'Etat sortant, Danilo Türk, qui a obtenu 32,56%. La participation a été la plus faible depuis l'indépendance du pays en 1991 : le 2 décembre, elle a atteint 41,95%, soit -16,51 points par rapport au 2e tour de l'élection présidentielle du 11 novembre 2007. Elle s'était élevée à 48,24% lors du 1er tour le 11 novembre dernier.

"Cette victoire est le début d'un nouvel espoir, de nouveaux temps" a déclaré Borut Pahor. Il a appelé à "la confiance mutuelle, le respect et la tolérance", ajoutant "Aussi importantes que soient nos différences, ce qui nous unit est plus fort". Il s'est fixé pour objectif de "rassembler la majorité de droite et l'opposition de gauche d'un pays en pleine crise économique et sociale pour remettre la Slovénie sur le chemin de la croissance".
L'ancien Premier ministre a apporté son soutien aux réformes d'austérité du gouvernement de Janez Jansa (Parti démocrate, SDS) : "Nous ne pouvons plus perdre de temps à spéculer sur d'autres solutions alternatives. Nous devons collaborer sans délai avec le gouvernement sur les décisions qui doivent être prises". "Je ne suis pas l'avocat du gouvernement mais, comme futur président de la République, je pense qu'il est de mon devoir de ne pas le critiquer" a souligné Borut Pahor, qui a mis en garde sur le fait que "la chute du gouvernement amènerait une situation de chaos".
Si le président de la République n'a, en Slovénie, qu'un pouvoir honorifique, le pays, qui traverse une grave crise, devrait toutefois tirer profit d'une collaboration entre le chef de l'Etat et le Premier ministre. "La victoire de Borut Pahor est un bon signal pour les marchés financiers internationaux car il a mis en œuvre certaines réformes lorsqu'il était Premier ministre et qu'il soutient la politique d'austérité du gouvernement de Janez Jansa" souligne Matevz Tomsic du département des études sociales de Nova Gorica.
L'entre-deux tours de l'élection présidentielle a été marqué par la colère d'une partie de la population. En effet, la Slovénie, après avoir longtemps été la meilleure élève des 12 Etats membres entrés dans l'Union européenne au XXIe siècle, est désormais très affectée par la crise économique. La note du pays a été dégradée par les agences de notation l'été dernier notamment à cause de la fragilité de son système bancaire (le gouvernement envisage d'ailleurs de vendre les parts que l'Etat détient (25%) dans la plus grande banque du pays, Nova Ljubljanska Banka). Le taux de chômage atteint 11,6% de la population active et beaucoup d'analystes estiment que Ljubljana pourrait être la 6e capitale européenne à devoir recourir à l'aide internationale. Le Premier ministre Janez Jansa dont le gouvernement a pris de nombreuses mesures d'austérité (baisse des salaires de la fonction publique, des pensions de retraite et de certaines allocations sociales) dans l'objectif de relancer l'économie de réduire le déficit budgétaire – qui s'élevait à 6,4% en 2011 – à 4,2% du PIB en 2012 et à 3% l'année suivante, a évoqué la possibilité d'un "scénario à la grecque" il y a quelques semaines. La Slovénie est entrée en récession le 30 novembre, enregistrant un 2e recul consécutif de son PIB (- 0,6% au 3e trimestre). L'Union européenne prévoit une récession de 2,3% en 2012 et de 1,6% en 2013 dans le pays.
La Slovénie est également secouée par plusieurs scandales de corruption (condamnation de Pavel Rupar, P-DG de l'une des grandes entreprises du pays, à un an de prison et 40 000 € d'amende pour abus de pouvoir ; mise en cause du maire de Ljubljana et leader du principal parti d'opposition, Slovénie positive (PS), Zoran Jankovic, et de ses deux fils, Jure et Damijan, dans une affaire financière (à hauteur de 10 millions €) concernant la construction du complexe sportif de Stozice inauguré en août 2010 dans la capitale).
30 000 personnes ont manifesté contre l'austérité économique le 17 novembre dernier à l'appel des syndicats avec pour slogan "Nous voulons vivre, pas survivre". Plus de 50 000 sont dans les rues de Ljubljana le 30 novembre pour exprimer leur mécontentement à l'égard des élites politiques aux cris de Gotov je (ça suffit) ou Gotovi so! (ils sont finis). A Maribor, le 26 novembre, 6 000 manifestants ont demandé la démission du maire Franc Kangler (Parti populaire, SLS) soupçonné de corruption. D'autres rassemblements ont eu lieu à Koper, Nova Gorica et Novo Mesto.
Le retour de Borut Pahor
Agé de 49 ans, Borut Pahor est originaire de Postojna. Diplômé de sociologie, de sciences politiques et de journalisme de l'université de Ljubljana, il adhère à la Liste unie des sociaux-démocrates (ZLSD) en 1993 après avoir été membre de la Ligue des communistes de Slovénie. Il devient président du parti en 1997, réélu en 2001 et en 2005, année où il en modifie le nom en Parti social-démocrate (SD). Il a été remplacé à la tête du parti en juin dernier par Igor Luksic qui l'a devancé de seulement 10 voix.
Elu député une première fois en 1990, Borut Pahor sera réélu deux ans plus tard puis de nouveau en 1996 et en 2000. En 2004, il est élu au Parlement européen
Après la victoire du SD aux élections législatives du 21 septembre 2008, Borut Pahor devient Premier ministre. Sa coalition gouvernementale, formée avec Zares (Z), le Parti libéral-démocrate (LDS) et le Parti démocratique des retraités (DeSUS), se délite cependant au fur et à mesure des réformes engagées et de ses échecs à 4 référendums organisés en 2011 (sur l'introduction d'un nouveau contrat de travail pour les chômeurs, les étudiants et les retraités ; l'allongement de la durée du travail ; la modification du financement des retraites renforcement des mesures contre le travail illégal et la modification de la loi sur l'ouverture des archives des services secrets). Le 21 septembre 2011, le parlement slovène rejette la motion de confiance présentée par le gouvernement minoritaire de Borut Pahor, entraînant des élections législatives anticipées auxquelles les sociaux-démocrates enregistrent une sévère défaite (10% des suffrages).
Avec l'élection présidentielle des 11 novembre et 2 décembre, Borut Pahor signe donc un retour aussi inattendu que triomphant.
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