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Dalia Grybauskaite est réélue à la présidence de la République de Lituanie

Élections en Europe

Corinne Deloy

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26 mai 2014
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Dalia Grybauskaite est réélue à la présidence de la République de Lituanie

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La chef de l'Etat sortante Dalia Grybauskaite, qui se présentait en candidate indépendante mais était soutenue par l'opposition de centre-droit de l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK), le Parti chrétien (KP) et le Mouvement libéral (LRLS), a été réélue à la présidence de la République en Lituanie au 2e tour de scrutin avec 57,87% des suffrages. Elle a battu le député européen et ancien ministre des Finances et des Transports Zigmantas Balcytis (Parti social-démocrate, LSP), soutenu par le Parti du travail (DP), qui a obtenu 40,14% des voix.

Le scrutin avait lieu le même jour que les élections européennes. Les Lituaniens ont donné, au scrutin européen, la victoire au Parti social-démocrate et élu la candidate libérale à l'élection présidentielle.

Dalia Grybauskaite était arrivée largement en tête du 1er tour de l'élection présidentielle du 11 mai, où elle avait recueilli 45,89% des suffrages pour 13,63% à Zigmantas Balcytis.

La participation s'est élevée à 47,31%, soit -4,83 points par rapport au 1er tour du 11 mai.

"Je prends le résultat de cette élection comme un engagement à l'égard de vous tous. Aucun président de la République n'avait jamais été réélu en Lituanie. C'est une victoire historique pour vous tous" a déclaré Dalia Grybauskaite. La présidente sortante a su convaincre ses compatriotes qu'elle était la seule à posséder la carrure d'un véritable chef d'Etat. Celle qui avait choisi le slogan "J'ai confiance dans la Lituanie" pour sa campagne électorale s'est montrée très critique à l'égard de la Russie voisine, à l'heure où les Lituaniens se montrent très inquiets des événements en Ukraine qu'ils qualifient "d'agression russe". Dalia Grybauskaite s'est même déclarée "prête à prendre elle-même les armes pour défendre le pays si la sécurité nationale le nécessitait".

Quelques jours avant le 2e tour, elle avait critiqué le ministre des Finances Rimantas Sadzius (LSP) qui avait affirmé que les fonds de l'Etat pour la défense nationale étaient "pratiquement suffisants". La présidente soutient en effet le projet du gouvernement dirigé par le Premier ministre Algirdas Butkevicius (LSP), qui rassemble le Parti social-démocrate, le Parti du travail (DP), Pour l'ordre et la justice (TT) et l'Action électorale polonaise (LLRA), d'augmenter le budget de la défense pour que celui-ci atteigne 2% du PIB en 2026. Vilnius dépense annuellement 0,8% de son PIB pour sa défense (soit le plus faible pourcentage des pays de l'OTAN). Ce taux devrait atteindre 1% dès 2016.

Zigmantas Balcytis s'était montré beaucoup plus prudent défendant une politique étrangère pragmatique et le dialogue avec Moscou. "Nous devons nouer un dialogue avec la Russie. N'importe quel genre de paix est préférable à une guerre" avait-il souligné.

Avec pour slogan "Une Lituanie au travail, victorieuse et unie", le candidat du parti au pouvoir avait centré sa campagne sur les questions sociales et économiques. "Mon objectif principal sera d'accroître les revenus des Lituaniens et de réduire l'écart entre les riches et les pauvres" a-t-il répété, critiquant le soutien apporté par Dalia Grybauskaite aux mesures prises par le gouvernement d'Andrius Kubilius (Union de la patrie-Conservateurs, TS-LK) (2008-2012) lors de la crise économique internationale : baisses des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite pour soutenir les finances de l'Etat et préserver l'arrimage de la monnaie nationale, le litas, à l'euro.

A quelques mois de rejoindre la zone euro (le gouvernement aimerait que cela ait lieu en janvier 2015), les Lituaniens, inquiets des hausses de prix que pourrait entrainer ce changement de monnaie, ont donc préféré faire confiance à l'expérience de l'ancienne Commissaire européenne au Budget (2004-2009).

Agée de 58 ans, Dalia Grybauskaite est diplômée d'économie de l'université Zdanov de Leningrad et titulaire d'une thèse en économie de l'académie des sciences de Moscou (1988). De 1983 à 1990, elle est secrétaire de l'Académie des sciences et enseigne l'économie au Collège communiste de Vilnius. L'année suivante, elle devient secrétaire aux sciences à l'Institut d'économie et chef de département au ministère des Relations économiques internationales et des Affaires étrangères. En 1991, lorsque la Lituanie recouvre son indépendance, elle sera en charge des négociations de son pays avec Bruxelles avant de devenir ambassadeur auprès de l'Union européenne et ministre plénipotentiaire aux Etats-Unis. Elle rentre en Lituanie en 1999 pour devenir adjointe du ministre des Finances pour les affaires internationales, poste où elle aura la charge de diriger les négociations pour l'adhésion de son pays à l'Union européenne. En 2001, Dalia Grybauskaite est nommée ministre des Finances dans le gouvernement du social-démocrate Algirdas Brazauskas (LSP), que la chef de l'Etat considère comme l'un de ses mentors. En 2004, elle devient Commissaire européenne au Budget et à la Programmation financière. Elle met alors en œuvre la réforme du budget de l'Union, une action dont elle sera récompensée en recevant le titre de commissaire européenne de l'année en 2005. Le 17 mai 2009, elle devient la première femme à être élue à la présidence de la République de Lituanie et la chef de l'Etat la mieux élue de l'histoire du pays. Elle remporte l'élection dès le premier tour de scrutin avec 69,10% des suffrages. Le 25 mai 2014, elle est donc devenue la première chef de l'Etat de Lituanie à être réélue.

Grande sportive, Dalia Grybauskaite est ceinture noire de judo et a été membre de l'équipe nationale lituanienne junior de basket.

Dalia Grybauskaite est réélue à la présidence de la République de Lituanie

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