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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le Parlement tchèque réuni au grand complet (les deux cents membres de la Chambre des Députés et les quatre-vingt un membres du Sénat) dans la Salle espagnole du Château de Prague, construite sous l'Empereur Rodolphe II au début du XVIIème siècle, a procédé mercredi 15 janvier aux trois tours de l'élection présidentielle sans parvenir à désigner le nouveau Président de la République tchèque.
Le Président sortant Vaclav Havel a ouvert la cérémonie par un bref discours dans lequel il a exprimé sa volonté de ne pas quitter complètement la vie publique. « En tant que citoyen qui n'a jamais su se taire quand il s'agissait de thèmes fondamentaux de la vie publique, je ne veux pas, et je ne pourrai pas, quitter complètement l'espace public. Mais pour de bonnes raisons, je me suis ordonné au moins pour un certain temps, une retenue considérable » a t-il déclaré. Les quatre candidats au poste présidentiel se sont ensuite exprimés chacun à leur tour sur la façon dont ils envisageaient la fonction présidentielle.
Les quatre candidats en lice pour le premier tour étaient :
Vaclav Klaus, candidat du Parti démocrate civique (ODS) dont il est le leader depuis sa création en 1991, premier ministre tchécoslovaque des Finances après la chute du régime communiste en décembre 1989 et ex-Premier ministre de la République tchèque de 1993 à 1997 ;
Petr Pithart, candidat présenté par l'Union chrétienne démocrate-Parti tchèque du peuple (KDU-CSL), Premier ministre de Tchécoslovaquie entre 1990 et 1992 et actuel Président du Sénat ;
Jaroslav Bures, candidat du Parti social-démocrate (CSSD), ancien ministre de la Justice ;
Miroslav Krizenecky, candidat du Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM), ancien procureur militaire et actuel avocat.
Lors du premier tour de scrutin, aucun des candidats n'a obtenu la majorité absolue au sein des deux Chambres du Parlement nécessaire pour l'emporter (soit au moins cent un des deux cents députés et au moins quarante et un des quatre-vingt un sénateurs). Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix à la Chambre des Députés, Vaclav Klaus (Parti démocrate civique), et celui ayant obtenu le plus grand nombre de voix au Sénat, Petr Pithart (Union chrétienne démocrate-Parti tchèque du peuple), ont donc été autorisés à se présenter au deuxième tour qui a eu lieu quelques heures plus tard.
Ce premier tour a consacré la défaite attendue de Miroslav Krizenecky, candidat du Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM), et celle de Jaroslav Bures. Le candidat du Parti social-démocrate n'a réuni sur son nom que quarante-six voix, soit à peine plus de la moitié des députés du parti. Il s'est vu reprocher son adhésion à l'ex-Parti communiste de Tchécoslovaquie de 1986 à 1989, son approbation de l'invasion soviétique de 1968 et ses fausses déclarations sur l'aide qu'il aurait apportée aux dissidents de la Charte 77. Le candidat avait rejeté toutes ces accusations mais reconnu (tardivement) avoir été membre de l'ex-Parti communiste par nécessité professionnelle. Ce résultat illustre la défaite de la stratégie du CSSD qui n'a pas réussi à imposer un candidat sur lequel puissent se réunir ses partenaires de la coalition gouvernementale. Jaroslav Bures avait été désigné fin novembre dernier par la direction du parti après consultation des militants.
Le deuxième tour a donc vu s'affronter Vaclav Klaus (ODS) et Peter Pithart (KDU-CSL). Aucun d'entre eux n'ayant obtenu la majorité absolue des voix des députés et des sénateurs présents, un troisième tour s'est donc imposé
Pour être élu au troisième tour, un candidat doit réunir la majorité des voix des députés et sénateurs présents, soit cent quarante et un en cas d'une participation de 100%. Vaclav Klaus est arrivé en tête du scrutin, recueillant cent treize voix, Petr Pithart obtenant quant à lui quatre vingt-quatre suffrages. En dépit de son succès, le candidat du Parti démocrate civique a échoué à obtenir la majorité des voix.
Une nouvelle élection présidentielle sera donc organisée le 24 janvier prochain.
On retiendra de cette première élection présidentielle le mauvais résultat du candidat du Parti social-démocrate qui met en difficulté le Premier ministre Vladimir Spilda. « Il n'y a pas d'unité dans notre parti » a d'ailleurs admis le leader social-démocrate. Disposant déjà d'une courte majorité à la Chambre des Députés, le leader du CSSD est aujourd'hui affaibli par les rivalités qui existent au sein de sa propre formation. De nombreux députés et sénateurs du Parti social-démocrate ont joué la carte Milos Zeman préférant ne pas s'unir autour de Petr Pithart et faire échouer cette première élection pour qu'un nouveau scrutin soit organisé. La majorité des membres du CSSD souhaitent voir Milos Zeman (ancien Premier ministre de 1998 à 2002) succéder à Vaclav Havel. Milos Zeman - qui avait exprimé le souhait de se mettre en retrait de la vie politique - vient d'accepter de se présenter à la magistrature suprême pour la deuxième élection présidentielle du 24 janvier. Les chrétiens-démocrates peuvent également être déçus du résultat de leur candidat Petr Pithart. Celui-ci, donné légèrement favori à la veille du scrutin, n'est pas parvenu à réunir le nombre de voix auquel il aurait pu prétendre. Enfin, Vaclav Klaus (ODS), favori des enquêtes d'opinion en cas d'élection présidentielle au suffrage universel, a encore un long chemin à parcourir pour réaliser son rêve de succéder à son ennemi de toujours Vaclav Havel.
La nouvelle élection verra s'opposer Vaclav Klaus (Parti démocrate civique, ODS) à Milos Zeman (Parti social-démocrate, CSSD). Les chances des deux hommes de remporter ce scrutin sont quasi identiques. Le candidat de l'ODS sera soutenu par l'ensemble des députés et sénateurs de sa formation alors que l'ancien Président devra affronter l'opposition d'une partie du CSSD représentée, entre autres, par le Premier ministre Vladimir Spilda, le président de l'Assemblée nationale, Lubomir Zaoralek, et la ministre de l'Education nationale, Petra Buzkova.
Petr Pithart a finalement renoncé à se présenter à cette deuxième élection devant le refus du CSSD de l'introniser candidat de l'ensemble de la coalition gouvernementale. Conséquence : la Coalition centriste (Union chrétienne démocrate-Parti tchèque du peuple, KDU-CSL, et l'Union de la liberté-Union démocratique, US-DEU) ne choisira pas entre les deux candidats en lice. La désignation du prochain Président de la République tchèque pourrait bien in fine se trouver dans les mains du Parti communiste (KSCM) dont les quarante-quatre voix à la Chambre des Députés seront parmi les plus courtisées le 24 janvier prochain.
Résultats du premier tour de l'élection présidentielle de République tchèque:
Résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle de République tchèque :
Résultats du troisième tour de l'élection présidentielle de République tchèque :
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