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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Après trois mandats socialistes, Costas Caramanlis peut s'enorgueillir d'être celui par qui la Nouvelle démocratie (ND) retrouve enfin le pouvoir, onze ans après le gouvernement de Constantin Mitsotakis (1989-1993) et trente ans après celui de son oncle Constantin Caramanlis (1974-1980). C'est en 1961 que la Grèce a vu s'affronter George Papandréou et Constantin Caramanlis, respectivement grand-père et oncle des actuels leaders des deux principales formations politiques grecques. Quarante-trois ans plus tard, le petit Costas, comme l'appellent les Grecs, signe une nouvelle victoire de la dynastie Caramanlis sur celle des Papandréou, deux familles qui dominent la scène politique du pays depuis des décennies.
« Cette victoire est un grand honneur » a déclaré le leader de la Nouvelle démocratie à l'issue de l'annonce des résultats des élections. Agé de quarante-sept ans, Costas Caramanlis a donc réussi à se poser en véritable alternative crédible aux socialistes. Elu président de la Nouvelle démocratie avant tout sur son nom, le neveu de Constantin Caramanlis est parvenu à asseoir son autorité en menant depuis 1997 un travail de fond pour la rénovation de sa formation qu'il a contribué à unifier et à pacifier. Contrairement au précédent leader de la Nouvelle démocratie, Miltiadis Evert, Costas Caramanlis a fait le choix de positionner son parti au centre, excluant les personnalités les plus extrémistes, tel George Karatzaferis, le principal représentant du courant d'extrême droite au sein du parti. Sous sa présidence, la Nouvelle démocratie enregistre lors des élections législatives du 9 avril 2000 son meilleur résultat depuis dix ans, recueillant 42,73% des suffrages et s'inclinant devant le PASOK de seulement soixante-dix mille voix. Souffrant d'un manque d'image, sans expérience gouvernementale ni succès professionnels notables, l'avocat Costas Caramanlis deviendra prochainement le plus jeune Premier ministre grec de l'après guerre.
Le leader de la Nouvelle démocratie s'est fixé comme priorité la construction d'une « nouvelle relation Etat-citoyen », la baisse du chômage de 3% dans les quatre années à venir et une convergence des salaires et des pensions de retraite avec la moyenne communautaire (les salaires sont inférieurs de 40% en Grèce à ce qu'ils sont en moyenne dans l'Union européenne). Il a également promis de mettre fin à ce qu'il qualifie de « système PASOK ». « Puisqu'il existe des fonds, des capacités et des opportunités, ce qui est nécessaire, c'est une nouvelle politique économique, une nouvelle façon de voir les choses, une nouvelle gouvernance où l'économie ne sera pas un jeu truqué pour la minorité au pouvoir mais un jeu avec des règles communes stables pour tous, connues d'avance, transparentes et sûres » a t-il déclaré. Costas Caramanlis a également promis de renforcer les budgets de la sécurité sociale, de l'éducation et de la santé, de baisser les taxes et de mettre en place des incitations à la création de nouvelles entreprises par des allègements fiscaux et une simplification des procédures. La privatisation des grandes entreprises nationales et la réduction du nombre des fonctionnaires figurent aussi dans son programme.
Le miracle Papandréou n'aura donc pas eu lieu et l'usure du pouvoir aura eu finalement raison du PASOK, les Grecs estimant que le vrai changement était plus sûr avec un nouveau gouvernement que s'il était mené par une formation au pouvoir depuis onze ans. Le pari du « petit Georges » et du Premier ministre sortant Costas Simitis était cependant délicat. En effet, il n'est pas forcément aisé d'incarner le changement en portant un nom qui a marqué durant des années la politique grecque et les couleurs d'une formation usée par près de vingt ans de pouvoir (le PASOK gouverne la Grèce depuis 1981, avec une interruption de 1989 à 1993). Les Grecs ont décidé de mettre un coup d'arrêt à la politique du PASOK et montré leur mécontentement devant les dysfonctionnements de la société, la mainmise du parti social-démocrate sur l'Etat, le clientélisme et la corruption, qui, en dépit de leur diminution sous les deux mandats de Costas Simitis, n'ont pas complètement disparu. Courageux et lui aussi à l'origine de la rénovation de son parti, George Papandréou n'a pas convaincu ses compatriotes qu'il pouvait être l'acteur d'un véritable renouvellement. Reconnaissant sa défaite à l'issue de l'annonce des premiers résultats, il a adressé à son rival « tous ses vœux de succès pour le bien de la Grèce ».
Dans un pays où le vote par procuration n'existe pas, trois cent cinquante mille Grecs se sont rendus aux urnes pour voter dans leur circonscription d'origine alors qu'une loi les autorise désormais à accomplir leur devoir de citoyen depuis leur lieu de résidence. Seules cent quarante et un mille personnes ont souhaité bénéficier de cette nouvelle loi. Dans les grandes villes, celles-ci ont donc pu, pour la première fois, voter pour leur circonscription d'origine sur leur lieu de résidence dans des bureaux électoraux spéciaux. Cinquante mille Grecs de l'étranger ont également fait le déplacement pour ces élections législatives.
Le nouveau Premier ministre est un Européen convaincu qui devrait poursuivre l'ancrage de son pays au sein de l'Union ainsi que la normalisation des relations avec la Turquie. Mais ce sont la réunification de Chypre et l'achèvement des travaux pour les Jeux olympiques d'Athènes qui se tiendront du 13 au 29 août prochains qui constitueront les premiers dossiers auxquels devra s'atteler Costas Caramanlis. La Nouvelle démocratie, qui a promis qu'elle travaillerait avec les actuels responsables de la préparation des Jeux, devra notamment rattraper le retard qui a été pris dans les travaux. « Ces Jeux olympiques seront les plus beaux et les plus sûrs. A cette occasion, la Grèce va montrer au monde qu'elle est une véritable nation moderne » a assuré le futur Premier ministre dimanche soir.
Résultats des élections législatives grecques du 7 mars 2004:

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