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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Le 21 mai prochain, 470 000 Chypriotes grecs et 1 000 Chypriotes turcs sont appelés aux urnes pour renouveler la Chambre des représentants, Chambre unique du Parlement. 1250 bureaux de vote seront ouverts sur l'île. Les principales formations politiques devraient aider les Chypriotes vivant à l'étranger à rejoindre l'île pour accomplir leur devoir civique en affrétant des vols spéciaux et en proposant des billets d'avion à prix réduit. Le vote est, en effet, obligatoire à Chypre. Ces élections législatives se dérouleront le lendemain du concours Eurovision de la chanson, un programme très populaire sur l'île (86% des Chypriotes l'ont suivi l'an dernier) et qui aura lieu cette année à Athènes. De nombreux Chypriotes, attendus à cette occasion dans la capitale grecque, devront donc regagner leur île pour se rendre aux urnes.
Le système politique
La Constitution de 1960 n'est plus appliquée dans l'île depuis les troubles intercommunautaires de 1963. Depuis juillet 1974, Chypre est traversée par une « ligne verte », contrôlée par les Casques Bleus des Nations Unies, qui divise le pays en deux entités. La partie Nord de l'île est occupée par l'armée turque et s'est autoproclamée République turque de Chypre du Nord, une entité que la Turquie est le seul Etat à reconnaître au niveau international. 195 000 Chypriotes y vivent contre 750 000, dont un tiers de réfugiés du Nord, au Sud de l'île.
A Chypre, le Président de la République est également le Chef du gouvernement. Selon la Constitution, la fonction de Président est réservée à un Chypriote grec quand celle de vice-Président revient à un Chypriote turc (le poste est actuellement vacant). 30% des sièges du gouvernement et du Parlement sont également réservés aux Chypriotes turcs. L'actuel Président de l'île et Chef du gouvernement, Tassos Papadopoulos (Parti démocratique, DIKO), a succédé à Glafcos Cléridès (fondateur en 1976 du Rassemblement démocratique, DISY) dès le premier tour de scrutin le 16 février 2003, recueillant 51,51% des suffrages, contre 38,80% à son rival, Glafcos Cléridès. Le Président de la République est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Chef de l'exécutif, il nomme les ministres du gouvernement qu'il dirige.
Le Parlement est monocaméral. En juillet 1985, il a adopté une loi qui a porté le nombre de sièges de la Chambre des représentants à 80 : 56 d'entre eux (70%) sont élus par les chypriotes grecs et 24 (30%) réservés à la communauté chypriote turque. Ces derniers sont vacants et ne seront donc pas renouvelés le 21 mai prochain. Les candidats au poste de député doivent être âgés d'au moins 35 ans. Une formation politique doit recueillir au minimum 1,8% des suffrages exprimés pour être représentée à la Chambre des représentants
Huit formations politiques sont représentées dans la Vouli antiprosopon/Temsilciler meclisi, (noms grec et turc de la Chambre des représentants) :
- le Parti progressiste des travailleurs (AKEL), originellement communiste, a abandonné une partie de ses idéaux marxistes-léninistes. Dirigé par le président du Parlement Demetris Cristofias, il est le Premier parti du Parlement avec 20 députés ;
- le Rassemblement démocratique (DISY), principal parti d'opposition situé à droite sur l'échiquier politique, dirigé par Nicos Anastasiades, possède 19 élus ;
- le Parti démocratique (DIKO), formation centriste du Président de la République Tassos Papadopoulos, compte 9 députés. Il est la formation pivot puisque le vote de ses membres est toujours nécessaire pour obtenir la majorité ;
- le Mouvement des sociaux démocrates-Union du centre (EDEK), parti social-démocrate présidé par Yiannakis Omirou, compte 4 élus ;
- Nouveaux horizons (NO),1 député ;
- les Démocrates unis (EDI), dirigé par Michalis Papapetrou, compte 1 élu ;
- le Mouvement socialiste du peuple (ADIK), présidé par Dinos Michaelides, 1 député ;
- et le Mouvement écologiste et environnementaliste-Parti vert (KEP), dont Giorgios Perdikis est le secrétaire général, 1 élu.
Trois sièges sont réservés pour les représentants des minorités maronite, catholique romaine et arménienne.
Le Parlement élu, lors des dernières élections législatives du 27 mai 2001, a été dissous le 13 avril dernier et la liste des candidatures pour le scrutin du 21 mai prochain sera close le 3 mai prochain.
La campagne électorale
La question de la réunification, en suspens depuis l'échec du référendum du 24 avril 2004, est au cœur de la campagne électorale. Il y a deux ans, les Chypriotes grecs s'étaient prononcés à 75,83% contre le plan de paix proposé par les Nations Unies en vue de la réunification du pays après 30 ans de divisions et de négociations inabouties entre les deux communautés grecque et turque de l'île, seuls 24,17% de la population avaient approuvé l'initiative onusienne. En revanche, 64,9% des Chypriotes turcs avaient voté « oui » contre 35,1% qui s'y étaient déclarés opposés.
Ce référendum avait divisé l'ensemble des formations politiques. Deux partis politiques sont nés à l'issue de cette consultation populaire : en juillet 2004 est née Démocratie européenne (ED) dont le président est le député Prodomos Prodomou ; en juillet 2005 a été créé le Parti européen (EK), présidé par le député Demetris Syllouris, qui résulte de la fusion de Nouveaux horizons avec d'autres forces politiques. Le 1er mai 2004, seule la République de Chypre a intégré l'Union européenne, la ligne verte, ligne de démarcation séparant les deux entités chypriotes, devenant donc la nouvelle frontière extérieure de l'Union.
Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a adressé, en janvier dernier, une lettre à Tassos Papadopoulos et à Mehmet Ali Talat, leader de la République turque de Chypre du Nord, pour leur faire part de sa volonté de s'engager, de nouveau, dans la résolution du problème chypriote après les élections législatives du 21 mai. Par ailleurs, le Président de la République a fait part de son intention de rencontrer Mehmet Ali Talat à l'occasion de la prochaine réunion du Comité des disparus chypriotes. Cette rencontre sera la première depuis le référendum du 24 avril 2004.
Après avoir été rappelé à l'ordre par la Cour européenne des droits de l'Homme, la Chambre des représentants a adopté, en janvier dernier, un amendement à la Constitution autorisant les Chypriotes turcs (environ mille personnes) qui vivent dans la partie de l'île reconnue par la communauté internationale à voter pour les élections législatives du 21 mai. 270 Chypriotes turcs se sont inscrits sur les listes électorales depuis janvier dernier.
Le 22 septembre 2004, la Cour européenne des droits de l'Homme avait en effet donné raison à Ibrahim Aziz, citoyen chypriote turc vivant dans la zone internationale, qui n'avait pu se rendre aux urnes lors des élections législatives du 27 mai 2001. La Cour européenne avait considéré que la République de Chypre avait violé l'article 3 du premier protocole et l'article 14 de la Convention des droits de l'Homme en n'autorisant pas Ibrahim Aziz à exercer son droit de vote. Cette décision ne s'applique pas aux Chypriotes vivant dans la partie turque de l'île. Un groupe de 78 Chypriotes turcs vivant dans la partie Nord de l'île ont toutefois demandé leur inscription sur les listes électorales et fait acte de candidature pour le scrutin du 21 mai. Après que leurs demandes ont été rejetées par la République de Chypre, ils ont déclaré vouloir porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'Homme.
Le poète Neshe Yashin a créé l'événement en devenant le premier candidat chypriote turc à se porter candidat pour un poste de député. Il se présente sous l'étiquette des Démocrates unis. Si les bulletins de vote sont rédigés en grec, le ministre de l'Intérieur, Andreas Christou, a assuré que des formulaires d'information, publiés en langue turque, seront disponibles dans les trente bureaux de vote qui accueilleront des électeurs Chypriotes turcs.
Quatre enquêtes d'opinion ont été réalisées ces dernières semaines.
Le sondage, effectué entre le 1er et le 10 avril par Sygma TV, crédite le Parti progressiste des travailleurs (AKEL) de 32,4% des suffrages et le Rassemblement démocratique (DISY) de 30,5%. Ces deux formations sont suivies par le Parti démocratique qui recueille 18,3% des voix et le Mouvement des sociaux démocrates-Union du centre avec 7,1%.
Le Parti progressiste des travailleurs est également en tête dans l'enquête d'opinion réalisée à la même époque par l'institut Mega poll. La formation obtient 29% des suffrages, le Rassemblement démocratique 27,3%, le Parti démocratique 16,4% et le Mouvement des sociaux démocrates-Union du centre 6,4%. Selon ce sondage, 44% des personnes interrogées ont une opinion positive de l'action de leur gouvernement, contre 21% qui sont d'un avis contraire. En outre, un quart des Chypriotes (28%) ont une opinion favorable de l'action de l'opposition, soit du Rassemblement démocratique, contre 67% qui ont une opinion inverse.
Une autre enquête, réalisée par CyBC's, crédite le Président de la République et Chef du gouvernement Tassos Papadopoulos de 60% d'opinions positives. Mais l'homme politique le plus populaire de l'île est le leader du Parti progressiste des travailleurs et président du Parlement, Demetris Christofias, qui recueille environ 65% d'opinions favorables dans l'ensemble des sondages.
Enfin, avec 26,7% des voix le Parti progressiste des travailleurs arrive en tête de la dernière enquête d'opinion réalisée par Mega channel, le Rassemblement démocratique en recueille 24,8%, le Parti démocratique 16,3% et le Mouvement des sociaux démocrates-Union du centre 3,9%.
Interrogés sur leurs motivations de vote, les Chypriotes citent en première position le problème de la division de l'île.
La majorité des Chypriotes, 52%, s'attend à une victoire du Parti progressiste des travailleurs lors du scrutin, contre 24% qui voient le Rassemblement démocratique remporter le scrutin. Environ 10% des personnes interrogées se déclarent toujours indécises. 75% des électeurs déclarent qu'ils se rendront aux urnes le 21 mai prochain.
Résultats des élections législatives du 27 mai 2001
Participation : 90,5% (le vote est obligatoire à chypre)

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