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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
La principale formation d'opposition, l'Organisation révolutionnaire macédonnienne-Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE), dirigée par Nikola Gruevski, a remporté les élections législatives qui se sont déroulées le 5 juillet, recueillant 32,5% des suffrages et 55 des 120 sièges de la Sobranie, Chambre unique du Parlement (+27 sièges par rapport aux dernières élections législatives du 15 septembre 2002). La formation libérale s'impose dans cinq des six circonscriptions que compte le pays. Le parti majoritaire au sein de la coalition gouvernementale sortante, l'Union sociale-démocrate (SDSM), dirigé par le Premier ministre sortant, Vlado Buckovski, obtient 23,3% des voix et 33 sièges (- 10). Le Nouveau Parti social-démocrate (NSDP), formation de gauche créée à partir d'une scission de l'Union sociale-démocrate et du Parti libéral-démocrate et dirigée par Tito Petkovski, obtient 8 sièges. Il est suivi des ultranationalistes du VMRO-NARODNA, branche dissidente du VMRO-DPMNE, qui remporte 7 sièges.
Les formations albanophones obtiennent 24 sièges au total ; 13 pour l'Union démocratique pour l'intégration (DUI-BDI), dirigée par Ali Ahmeti et membre de la coalition gouvernementale sortante (- 3), et 11 pour le Parti démocratique albanais (PDA-PDSh), dirigé par Arben Xhaferi (+ 4). Les Albanophones se sont peu mobilisés, seuls 40% d'entre eux s'e sont rendus aux urnes.
La participation a été faible : 53,2%, soit 17,3 points de moins que lors du dernier scrutin du 15 septembre 2002. Le début des congés d'été peut, en partie, expliquer cette désaffection des urnes. Le Président de la République, Branko Crvenkovski (SDSM), avait pourtant exhorté ses compatriotes à accomplir leur devoir civique. « Ces élections ont une plus grande importance que de simplement déterminer qui dirigera le pays dans les années à venir. La Macédoine doit prouver sa capacité et son potentiel démocratique à reprendre le processus d'intégration dans l'Union européenne et dans l'OTAN » avait-il déclaré lors d'une allocution télévisée la veille du scrutin. « Je m'attends à ce que le pays montre sa capacité démocratique à passer les tests les plus importants et à se rapprocher de l'Union européenne et de l'OTAN » avait affirmé le Premier ministre, Vlado Buckovski. Le pays devait en effet, par ces élections législatives, faire la preuve du bon fonctionnement de la démocratie dans le pays afin de renforcer la crédibilité de sa candidature à l'Union européenne.
« Les Macédoniens ont prouvé leur maturité et fait le bon choix » a déclaré Nikola Gruevski, leader du VMRO-DPMNE à l'annonce des résultats. Il a promis que son futur gouvernement sera celui de tous les Macédoniens. Pour obtenir la majorité au Parlement, le VMRO-DPMNE devra cependant faire alliance avec l'une des deux formations représentant la communauté albanophone du pays (25 % de la population). Si certains analystes politiques s'attendent à ce que la formation victorieuse s'allie avec l'Union démocratique pour l'intégration (DUI-BDI), partenaire de la coalition gouvernementale sortante, d'autres penchent plutôt pour un rapprochement du VMRO-DPMNE avec le Parti démocratique des Albanais (PDA-PDSh), partenaire traditionnel de la formation. Prévoyant que la tâche serait difficile, Nikola Gruevski a affirmé que « la Macédoine avancerait pas après pas » et prédit « que le pays ne resterait pas longtemps l'un des plus pauvres et des plus corrompus d'Europe ».
« Les forces de l'opposition ont obtenu la plus grande quantité des voix et du soutien des citoyens. J'ai félicité leur dirigeant Nikola Gruevski pour sa victoire mais la Macédoine est le principal vainqueur de ce scrutin dans la mesure où les citoyens ont montré qu'ils pouvaient voter lors d'élections honnêtes et libres » a déclaré lors d'une intervention télévisée le Premier ministre sortant, Vlado Buckovski, qui a reconnu sa défaite. « Nous désirons indiquer aux Macédoniens que nous serons au Parlement pour continuer à travailler afin que la Macédoine intègre au plus vite l'Union européenne» a-t-il ajouté.
L'échec de l'Union sociale-démocrate s'explique, en grande partie, par les mauvais résultats économiques du pays. « La situation économique n'a jamais été si mauvaise dans l'histoire de la Macédoine » a répété le leader du VMRO-DPMNE, Nikola Gruevski, durant toute la campagne électorale. Le taux de chômage de la République des Balkans s'élève en effet à 36% et le salaire moyen n'atteint que 250 euro ; le PIB par habitant s'établit à 1 800 euro. La situation socioéconomique du pays a constitué le thème central de la campagne électorale.
Si les semaines précédant le scrutin ont été émaillées de nombreux incidents (explosions de grenades, destruction de bâtiments, violences entre adversaires politiques), le scrutin s'est en revanche déroulé pacifiquement sans qu'aucun incident grave ne soit signalé. « Nous pouvons dire que les élections législatives se sont déroulées dans une atmosphère libre, honnête et démocratique, quelques très petits problèmes mis à part » a affirmé Zoran Tanevski, l'un des responsables de la Commission nationale électorale.
A l'issue du scrutin, la Macédoine a été félicitée par la communauté internationale. L'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) a déclaré dans un communiqué que les élections législatives s'étaient déroulées de manière « largement démocratique », relevant tout de même quelques « cas isolés d'irrégularités sérieuses ». « Alors que les élections législatives se sont largement déroulées selon les normes internationales pour des élections démocratiques, la violence et l'intimidation ont jeté une ombre sur la campagne électorale » a rappelé l'organisation européenne.
« Je salue le processus électoral qui s'est déroulé sans trouble, qui marque une nouvelle étape dans la consolidation de la démocratie dans le pays. Le taux de participation élevé et les déclarations des dirigeants des différents partis ont constitué des signaux importants de la maturité politique du pays » a déclaré le Commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn. « Je regrette qu'il y ait eu dans certaines villes des incidents pendant la campagne électorale et le jour du vote. Des enquêtes doivent être conduites sur ces incidents et les coupables doivent être punis » a-t-il ajouté, concluant : « La Commission européenne est complètement déterminée à soutenir la Macédoine sur sa route vers l'Union européenne ».
Enfin, Nevlut Cavusoglu, chef de la délégation parlementaire du Conseil de l'Europe, a souligné : « Le 5 juillet, les Macédoniens pouvaient décider de l'orientation politique de leur pays d'une manière dans l'ensemble démocratique et ils l'ont fait ». « Les cas d'irrégularités sérieuses mais isolées ne devraient pas occulter le progrès démocratique réalisé. Nous regrettons que pour certains, la violence et la manipulation restent des moyens acceptables pour arriver à leurs fins » a-t-il ajouté. 493 observateurs internationaux et 6 200 Macédoniens ont surveillé le déroulement du scrutin.
Agé de trente-cinq ans, Nikola Gruevski devrait donc être le prochain Premier ministre. L'homme, ancien boxeur amateur et acteur de théâtre, a occupé le poste de ministre des Finances dans le gouvernement dirigé par Ljubco Georgievski (1998-2002). Leader depuis un an de l'Organisation révolutionnaire-Parti démocratique pour l'unité nationale (VMRO-DPMNE), il a travaillé comme conseiller économique du gouvernement serbe pour les privatisations après la défaite de sa formation aux dernières élections législatives du 15 septembre 2002 (lors de son passage au ministère des Finances, Nikola Gruevski avait été l'artisan des privatisations en Macédoine). Jugé plus nationaliste que son prédécesseur, le futur Chef du gouvernement devrait cependant veiller à ce que ses décisions comme ses actions soient en conformité avec les normes européennes, l'adhésion à l'Union européenne constituant en effet une priorité absolue pour l'ensemble de la classe politique du pays comme pour les citoyens.
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