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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Les ultranationalistes du Parti radical serbe (SRS) sont arrivés en tête des élections législatives qui se sont déroulées en Serbie le 21 janvier. Ils ont recueilli 28,7% des suffrages (+ 1,1 point par rapport aux dernières élections législatives du 28 décembre 2003). Le SRS devance les deux principales formations démocrates pro-européennes, le Parti démocrate (DS) du Président de la République Boris Tadic qui a obtenu 22,9% des voix (+ 10,3 points) et le Parti démocratique serbe (DSS), formation du Premier ministre sortant, Vojislav Kostunica, qui a recueilli 16,7% des suffrages (- 1 point).
Seuls trois autres partis ont atteint le seuil de 5% de voix obligatoire pour être représenté à l'Assemblée nationale, Chambre unique du Parlement. Il s'agit de G17 Plus, formation membre de la coalition gouvernementale sortante et dirigée par le ministre des Finances, Mladjan Dinkic, qui a recueilli 6,8% des suffrages (- 4,7 points), du Parti socialiste de Serbie (SPS), formation de l'ancien Président de la République Slobodan Milosevic, conduite par Ivica Dacic 5,9% (- 1,7 point), et, enfin, du Parti libéral-démocrate (LDP) de Cedomir Jovanovic, 5,3%.
La participation s'est élevée à 62% (+ 3,3 points par rapport aux élections législatives du 28 décembre 2003).
« Bien que nous ayons eu contre nous les partis du Premier ministre et du Président de la République et leurs campagnes brutales, nous avons montré notre force, nous avons gagné comme nous nous y attendions Le Parti radical est le vainqueur mais nous n'aurons pas l'opportunité de former le gouvernement » a déclaré, après l'annonce des premiers résultats, le président par intérim du Parti radical serbe, Tomislav Nikolic (la formation est toujours officiellement dirigée par Vojislav Seselj, ancien vice-Premier ministre de Slobodan Milosevic, emprisonné à La Haye depuis sa reddition en février 2003, inculpé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye). « Nous allons maintenant voir comment ces deux formations, le Parti démocrate et le Parti démocratique serbe, vont essayer de s'unir » a-t-il ajouté.
Les forces démocrates sont, en effet, condamnées à s'entendre si elles veulent empêcher les ultranationalistes d'accéder au pouvoir. N'obtenant pas, ensemble, la majorité absolue nécessaire pour gouverner, elles pourraient envisager une alliance avec G17 Plus pour parvenir à former une majorité parlementaire.
Le Premier ministre sortant se retrouve donc en position d'arbitre. Plusieurs fois appelé par le Parti démocrate (DS) à s'engager à ne pas gouverner avec le Parti radical serbe, Vojislav Kostunica avait toujours refusé de répondre à ces sollicitations et de dire avec qui il envisageait de gouverner après le scrutin. En outre, il avait clairement déclaré tout au long de la campagne électorale qu'il souhaitait rester à son poste dans le cas où sa formation gouvernerait avec le Parti démocrate.
Le Président de la République Boris Tadic s'est félicité du résultat des formations démocrates. « Ensemble, les partis pro-européens ont remporté les deux tiers des sièges du Parlement. C'est un signal extrêmement important envoyé par la Serbie à l'Europe et au monde entier » a-t-il déclaré, ajoutant « Le Parti démocrate a pris une position de leader au sein du bloc démocratique et commencera des négociations pour former une coalition en demandant le poste de Premier ministre. Nous sommes prêts à une coalition avec le Parti démocratique serbe. Nous sommes le parti de la main tendue ».
« Nous sommes ouverts et attendons de tous les partis qu'ils soient responsables » lui a répondu Vojislav Kostunica, tout en se félicitant également du résultat obtenu par sa formation. « En ce qui concerne le gouvernement c'est au Président de la République de trouver un homme qui représente la majorité parlementaire » a-t-il précisé.
Ces élections législatives ont été très suivies par la communauté internationale, alors que l'envoyé spécial des Nations unies pour le Kosovo, Martti Ahtisaari, doit remettre au groupe de contact (Allemagne, Etats-Unis, France, Italie, Russie et Royaume-Uni) son rapport sur le futur statut du Kosovo le 26 janvier prochain. La Chancelière allemande, Angela Merkel, dont le pays occupe depuis le 1er janvier la présidence de l'Union européenne, a exprimé, le 21 janvier, le souhait que « les forces démocratiques sortent renforcées du scrutin ». De son côté, le Président russe, Vladimir Poutine, a annoncé que Moscou rejetterait l'indépendance du Kosovo si la Serbie s'y opposait.
L'avenir du Kosovo oppose nettement les deux camps. « Le Kosovo appartient à la Serbie et c'est ce que n'importe quel politicien serbe dira aujourd'hui et demain. J'attends un principe: ce qu'ils donnent au Kosovo, ils doivent le donner à la Krajina et à la Républika Sperska (entité serbe de Bosnie-Herzégovine) » a souligné Tomislav Nikolic. De leur côté, Boris Tadic et Vojislav Kostunica se disent prêts à accepter une large autonomie du Kosovo.
Les ministres des Affaires étrangères des 27 Etats de l'Union européenne se réunissent le 22 janvier pour, entre autres, analyser les résultats de ces élections législatives. « J'espère beaucoup qu'un gouvernement avec des forces pro-européennes et démocratiques pourra être formé. La majorité issue des élections est une majorité qui est pour les forces démocratiques » a déclaré avant la réunion le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité de l'Union européenne, Javier Solana.
Résultats des élections législatives en Serbie du 22 janvier 2007
Participation : 62%

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