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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Le 10 mai prochain, le plus ancien Premier ministre d'Europe, David Oddsson, se présentera devant les électeurs islandais pour la quatrième fois consécutive. Ile du Nord injustement méconnue, l'Islande - Etat libéral où l'Etat-providence est puissant - connaît une croissance exceptionnelle depuis plusieurs années (plus de 4% entre 1995 et 1999, 3,1% en 2002). Le budget de l'Etat est largement excédentaire, les investissements publics en forte expansion, le chômage est inexistant (1,4% en 2002), une situation de surchauffe qui a d'ailleurs conduit à une inflation élevée (6,3% en 2001) et à un important déficit de la balance courante (7,9% en 2001). L'économie du pays dépend essentiellement de la mer, l'industrie de la pêche employant 12% de la population active et représentant 15% du PIB et 50% des exportations.
Le système politique islandais
L'Islande possède le plus vieux Parlement du monde. L'Althing a, en effet, été fondé en 930 regroupant à l'époque une assemblée législative et un tribunal. A la fin du XIIème siècle, ses fonctions se réduisent et l'Althing devient une simple cour de justice qui sera supprimée en 1800. L'Althing sera rétabli comme assemblée consultative en 1843 par le roi du Danemark.
L'Althing actuel, unique Chambre du Parlement islandais depuis la disparition de la Chambre haute en 1991, compte soixante-trois membres élus pour une durée ne pouvant excéder quatre ans. L'Islande est divisée en huit circonscriptions, la capitale Reykjavik représentant plus du tiers du pays. Soixante-deux sièges sont divisés en deux catégories (le soixante-troisième, appelé le vagabond, est attribué selon une méthode prenant en compte les résultats globaux des partis et la répartition entre circonscriptions et formations politiques) :
- cinquante-quatre sièges sont répartis entre les huit circonscriptions, la répartition des huit sièges restants étant déterminée avant chaque élection en fonction du nombre d'électeurs inscrits au scrutin précédent.
- cinquante des soixante-deux parlementaires sont élus à la proportionnelle selon la formule du plus fort reste après l'élimination des petites formations n'atteignant pas les deux tiers du quota fixé au niveau de la circonscription. Les douze derniers, appelés sièges de péréquation, sont attribués, selon une méthode complexe se déroulant en trois étapes, aux partis sous représentés (mais qui doivent impérativement avoir recueilli au moins 5% des suffrages) et à des candidats non élus lors de la première répartition.
Cinq formations politiques sont représentées à l'Althing :
le Parti de l'indépendance (SSF), formation conservatrice du Premier ministre David Oddsson ;
le Parti de l'alliance (SF), formation sociale-démocrate, née en janvier 1999 de la fusion du Parti social-démocrate, de l'Alliance du peuple et du Parti des femmes ;
le Parti du progrès (FSF), parti libéral, longtemps deuxième formation politique du pays et membre de la coalition gouvernementale (SSF-FSF) depuis 1995 ;
l'Alliance rouge -Les Verts (VG), rassemblant une partie des militants de l'Alliance du peuple ayant refusé la fusion avec le Parti social-démocrate ;
le Parti libéral (FF), petite formation libérale.
Le Président de la République est élu tous les quatre ans lors d'une élection à un tour au suffrage universel direct. Il dispose de peu de pouvoirs. L'actuel Président est Olafur Ragnar Grimsson (Parti de l'alliance), élu le 29 juin 1996 et qui a entamé son deuxième mandat en 2000 sans avoir eu à le remettre en jeu auprès des électeurs faute de candidat décidé à se présenter contre lui.
Les enjeux électoraux
L'Islande fait exception à la règle qui veut que les pays du Nord de l'Europe soient traditionnellement des terres sociales-démocrates. Le Parti de l'indépendance (SSF), formation conservatrice, domine la scène politique. Le parti a exercé le pouvoir (en coalition avec d'autres formations) durant quarante-quatre des cinquante-huit dernières années. Son leader, David Oddsson, est, depuis 1991, Premier ministre d'un gouvernement de coalition avec le Parti du progrès (FSF). Des divergences sont apparues récemment entre le leader du Parti de l'indépendance et Halldor Asgrimsson, ministre des Affaires étrangères et leader du Parti du progrès, à propos de l'Union européenne. Alors que le Premier ministre est opposé à l'intégration européenne de l'Islande, Halldor Asgrimsson pense que l'avenir de l'Espace économique européen (EEE) est fortement compromis et souhaite mettre la question de l'adhésion, sous conditions, de l'Islande à l'Union européenne au cœur du débat politique.
Mais la concurrente la plus sérieuse de David Oddsson s'appelle Ingibjörg Solrun Gisladottir, membre du Parti de l'alliance (SF), démissionnaire de ses fonctions de maire de Reykjavik le 1er février dernier à la suite des pressions exercées par ses partenaires du Parti du Progrès au Conseil municipal qui l'ont sommée de choisir entre ses responsabilités municipales et sa campagne électorale pour les élections législatives. La candidate sociale-démocrate est ouvertement pro-européenne.
La bataille fait rage entre les deux leaders et les deux principales formations politiques du pays.
Le 15 avril dernier, David Oddsson a fermement déclaré qu'aucune alliance n'était envisageable entre son parti et le Parti de l'alliance. Il a décrit les dernières années de pouvoir social-démocrate (durant les années quatre-vingts) comme « catastrophiques et ayant amené à une inflation record et à des hausses d'impôts ». Les enquêtes d'opinion plaçaient, au début de l'année, le Parti de l'alliance en tête des intentions de vote, devançant de quelques points le Parti de l'indépendance. Celui-ci, crédité de 44,5% des suffrages en novembre 2002 contre 25,1% au Parti de l'alliance, obtenait 36,4% des intentions de vote en janvier 2003 contre 39,7% à son principal rival. Actuellement, les deux formations sont quasiment à égalité. Selon le dernier sondage réalisé, début avril, par le quotidien Frettabladid, le Parti de l'indépendance recueillerait 31,3% des suffrages contre 31,1% au Parti de l'alliance. Le Parti libéral (FF) obtiendrait 10,5% des voix, le Parti du progrès (FSF) 8,9% et l'Alliance rouge-Les Verts 8%. Le Parti libéral pourrait donc remplacer le Parti du progrès au sein d'une éventuelle coalition gouvernementale conduite par le Parti de l'indépendance.
David Oddsson peut certes afficher un bon bilan de ses quatre dernières années de pouvoir mais les électeurs islandais pourraient également manifester un désir de changement. En effet, si les deux principales formations politiques se tiennent dans un mouchoir de poche, la candidate du principal parti d'opposition, le Parti de l'alliance, Ingibjörg Solrun Gisladottir, devance, pour le poste de Premier ministre, David Oddsson dans toutes les enquêtes d'opinion.
Rappel des résultats des élections législatives du 8 mai 1999 :
Participation : 84,1%

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