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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Selon les premiers résultats portant sur 68,60% des bureaux de vote, Adrian Nastase, Premier ministre en titre et candidat de l'Union du Parti social-démocrate et du Parti humaniste roumain (PSD-PUR), est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle roumaine, recueillant 40,24% des suffrages et devançant de quatre points son principal adversaire, le maire de Bucarest, Traian Basescu, candidat de l'Alliance Justice et vérité (DA), qui obtient 33,89% des voix. « J'ai voté aujourd'hui en faveur d'une idée simple : une Roumanie sans pauvreté » a souligné le Premier ministre après avoir déposé son bulletin dans l'urne. De son côté, le leader de l'opposition s'est déclaré confiant. « L'Alliance arrachera la Roumanie des mains de la mafia et la remettra aux mains des Roumains » a t-il affirmé après avoir voté, ajoutant qu'il serait « un Président fort et qui aime son peuple ». Cornéliu Vadim Tudor, candidat du Parti de la grande Roumanie (PRM), est arrivé en troisième position avec 12,6% des suffrages, soit en net recul par rapport au premier tour de la précédente élection présidentielle du 26 novembre 2000 où le candidat d'extrême droite avait recueilli 28,34% des voix et avait atteint le deuxième tour. Son abandon de la rhétorique nationaliste au profit de celle sur la lutte contre la corruption (Cornéliu Vadim Tudor promettait dans son programme électoral « d'éradiquer la mafia de Roumanie en quarante-huit heures » en cas de victoire) au moment où Traian Basescu s'emparait de ce discours de façon plus crédible n'a pas réussi au leader populiste qui a perdu la place de leader de l'opposition qui avait été la sienne lors de la précédente élection présidentielle de 2000.
Le Parti social-démocrate (PSD-PUR) est également arrivé en tête aux élections législatives et sénatoriales, recueillant, au scrutin législatif, 35,95% des suffrages, contre 31,44% à l'Alliance Justice et vérité. Aux élections sénatoriales, le PSD obtient 36,45% des voix, contre 31,72% à l'Alliance Justice et vérité. Comme au scrutin présidentiel, le Parti de la grande Roumanie arrive en troisième position obtenant 12,9% des suffrages aux élections législatives et 13,1% aux sénatoriales, l'Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR) est la seule autre formation à passer la barre des 5% nécessaires pour être représenté au Parlement et recueille 6,1% des voix au scrutin législatif et 6,2% aux sénatoriales. Si le parti hongrois s'est déclaré prêt à s'allier avec la formation arrivant en tête du scrutin, son nombre de sièges devrait cependant être insuffisant pour permettre au Parti social-démocrate d'obtenir une majorité au Parlement. Aucune formation n'étant en mesure d'obtenir la majorité à elle seule, le prochain gouvernement sera donc issu d'une coalition. Pour l'heure, le Parti social-démocrate s'est refusé à exclure une éventuelle alliance avec le Parti de la grande Roumanie avec lequel, rappelons-le, il a gouverné le pays entre 1992 et 1996. Le PSD pourrait cependant avoir du mal à justifier une telle alliance devant l'Union européenne. De son côté, l'Alliance Justice et vérité a, par avance, rejeté tout accord avec la formation d'extrême droite « même si cela peut signifier que l'Alliance doit rester dans l'opposition ». « Une alliance avec le PRM est exclue » a déclaré Ionut Popescu, porte-parole de l'Alliance. « Mais nous comptons toujours sur une alliance avec l'Union démocratique des Magyars de Roumanie » a t-il ajouté. « Nous ne pensons pas que le leader du Parti de la grande Roumanie peut être démocrate et la Roumanie a un besoin désespéré de démocratie » avait déclaré mi-novembre Traian Basescu durant sa campagne électorale. L'absence de majorité au Parlement a permis au candidat de l'opposition de nier la défaite de sa formation aux élections législatives. « La bataille pour la Roumanie se livrera au deuxième tour de la présidentielle car aucun parti n'a obtenu plus de 50% des voix » a t-il déclaré.
Les formations de l'opposition -le Parti démocrate (PD) et le Parti national libéral (PNL) regroupés dans l'Alliance Justice et vérité- ont également accusé le pouvoir de fraudes électorales qui auraient affecté les résultats d'environ 5%. Elles ont demandé au Bureau électoral central d'ouvrir une enquête. « La Roumanie a le droit d'avoir des élections justes et d'être dirigée par les vrais gagnants du scrutin », a souligné le candidat de l'opposition, Traian Basescu, ajoutant que sa formation demanderait l'accès aux listes électorales afin d'identifier les fraudeurs qui ont voté à plusieurs reprises. « Alors que le processus démocratique semble se consolider en Roumanie, le risque du vote multiple dans n'importe quel bureau de vote du pays sur fond de suspension des cartes d'électeurs soulève des questions sur le scrutin de dimanche » a déclaré pour sa part l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un communiqué rendu public lundi matin. Les électeurs roumains ont en effet été appelés à voter sur simple présentation de leur carte d'identité, les cartes d'électeurs ayant été déclarées invalides avant les élections. Le chef de la délégation de l'OSCE, Gerald Mitchell, a d'ailleurs regretté que les autorités roumaines n'aient pas été en mesure de « fournir des explications concernant leur décision de supprimer ces cartes censées éviter des fraudes ». La principale association roumaine de défense des droits civiques, Pro démocratia, qui avait déployé plusieurs milliers d'observateurs dans le pays pour ce scrutin, a pour sa part annoncé le retrait de tous ses observateurs pour le deuxième tour de l'élection présidentielle en raison des « nombreuses fraudes enregistrées ». L'association a indiqué avoir été « submergée de plaintes portant sur des irrégularités ». Celles-ci incluent le transport d'électeurs en bus dans plusieurs bureaux de vote, l'utilisation d'urnes mobiles, la disparition de centaines de bulletins de vote ou encore l'existence de listes électorales permettant de voter à plusieurs reprises. « Nous avons décidé de retirer nos observateurs du deuxième tour de l'élection présidentielle pour protester contre les failles du système roumain » a déclaré le président de Pro démocratia, Cristian Parvulescu.
« Le scrutin est beaucoup plus serré que ce que l'on aurait pu penser » a affirmé Cristian Preda, politologue de l'Université de Bucarest. Les électeurs de Cornéliu Vadim Tudor joueront donc un rôle décisif lors du deuxième tour de l'élection présidentielle qui se déroulera le 12 décembre prochain et qui verra s'affronter le Premier ministre, Adrian Nastase, et le maire de Bucarest, Traian Basescu. Le leader d'extrême droite a annoncé qu'il ferait part de sa position au milieu de cette semaine. « Nous ne nous prononcerons sur une éventuelle alliance avec l'une ou l'autre des deux formations arrivées en tête qu'après les résultats définitifs du scrutin » a déclaré l'un des vice-présidents du Parti de la grande Roumanie, Cornéliu Ciontu, ajoutant que son parti pourrait également « ne donner aucune consigne de vote à ses électeurs ».
« Il sera très difficile de former le nouveau gouvernement et, pour la première fois de son histoire depuis la chute du régime communiste en décembre 1989, la Roumanie pourrait connaître une législature écourtée et, d'ici quelque temps, des élections législatives anticipées » a déclaré le politologue Florin Petria. Le pays a pourtant fortement besoin que son futur gouvernement soit rapidement mis en place afin de conclure d'ici quelques semaines ses négociations d'adhésion avec l'Union européenne, l'adhésion de la Roumanie au sein des Vingt-cinq, qui, selon toute probabilité, interviendra en janvier 2007, devant être officiellement entérinée lors du Conseil européen qui se tiendra à Bruxelles les 16 et 17 décembre prochain.
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