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Corinne Deloy,
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Le jour où leurs voisins espagnols se prononceront par référendum sur la Constitution européenne, les Portugais seront appelés aux urnes pour renouveler leur Parlement.
Le Président de la République du Portugal, Jorge Fernando Branco de Sampaio (Parti socialiste, PS), avait en effet engagé le 30 novembre dernier une procédure de dissolution du Parlement. Par la convocation d'élections législatives anticipées, le Président de la République avait mis un terme à la crise interne qui agitait le gouvernement dirigé par Pedro Santana Lopes (Parti social-démocrate, PSD) qui avait succédé le 9 juillet dernier à José Manuel Durao Barroso, nommé Président de la Commission européenne le 29 juin lors du Conseil européen extraordinaire de Bruxelles. « Le gouvernement présentait alors une image de totale incohérence et d'un manque complet d'organisation » souligne Pedro Magalhaes, professeur de sciences politiques à l'Institut des Sciences sociales de l'université de Lisbonne. La campagne électorale pour les élections législatives a débuté le 6 février et prendra fin le 18 février.
Le 3 février dernier lors du débat télévisé opposant les têtes de file des deux principales formations politiques du pays, José Socrates, leader du Parti socialiste, a attaqué son adversaire social-démocrate sur la situation économique du pays que 95% des Portugais estiment « mauvaise », soit le nombre le plus élevé parmi les vingt-cinq Etats membres de l'Union européenne. « J'ai connu des gouvernements incompétents pour gérer les crises économiques mais je n'ai jamais vu un gouvernement détruire autant d'emplois en si peu de temps » a déclaré José Socrates. « Les gouvernements sont habituellement jugés sur quatre ans alors que je suis jugé après seulement quatre mois de pouvoir » lui a répondu le Premier ministre.
Pedro Santana Lopes a tenté à plusieurs reprises d'entraîner le candidat socialiste sur le terrain, glissant dans ce pays très catholique, du mariage homosexuel, sujet qui, depuis l'adoption par l'Espagne d'une loi autorisant l'union entre deux personnes du même sexe, est au cœur du débat public. « Nous devons attendre qu'il y ait un consensus social, c'est pourquoi le programme du Parti socialiste ne prévoit rien sur le mariage entre deux personnes du même sexe et l'adoption d'enfants par des couples homosexuels » a déclaré José Socrates. « La maturation sociale n'est pas suffisante pour donner une bonne réponse à ces questions. Il faut laisser le débat faire son chemin. Mettre ces questions au centre du débat politique apparaît comme une tromperie » a ajouté le leader socialiste. Le 29 janvier dernier, le Premier ministre s'était déclaré opposé au mariage homosexuel et à l'adoption d'enfants par les couples de même sexe. Il avait également demandé aux candidats des autres formations de s'exprimer publiquement sur ce sujet précis. Lors du débat télévisé, Pedro Santana Lopes a estimé que cette question devait être soumise à référendum.
Selon l'ensemble des enquêtes d'opinion, le Parti socialiste devrait s'imposer lors de ces élections législatives anticipées. Le dernier sondage, réalisé les 7 et 8 février par l'institut d'opinion Aximage et publié le 11 février dernier par le quotidien Correio da Manha, crédite le Parti socialiste de 44,7% des suffrages, contre 27,4% pour le Parti social-démocrate, soit 17,3 points d'avance pour la formation de l'opposition. La Coalition démocratique unitaire (CDU) recueillerait 7,1% des voix, le Parti Populaire (CDS/PP) membre de la coalition gouvernementale, 6,4%, et le Bloc des gauches (BE) obtiendrait 4,8% des voix.
Les formations de gauche sont toutes en progression par rapport à la dernière enquête d'opinion de ce même institut (datant de la semaine précédente), les partis de droite enregistrant tous un recul.
Un tiers des Portugais pensent s'abstenir le 20 février prochain (35,1%) et 6,4% se déclarent encore indécis. Ces résultats, s'ils étaient confirmés, permettraient aux socialistes d'obtenir la majorité absolue des sièges au Parlement. Si la victoire de l'opposition semble acquise, la question demeure de savoir si le Parti socialiste pourra gouverner seul ou s'il devra faire former une coalition avec l'une des « petites » formations de gauche.
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