04/02/2008 - Résultats - 2ème tour
Le Président de la République sortant Boris Tadic (Parti démocrate, DS) a été réélu à la tête de l'Etat en recueillant 51,16% des suffrages contre 47,18% à son adversaire Tomislav Nikolic (Parti radical, SRS). Il s'agit du troisième échec consécutif du leader ultranationaliste à une élection présidentielle après les scrutins de 2000 et 2004. La participation s'est élevée à 67,6%, soit + 6,6 points par rapport au 1er tour le 20 janvier dernier. Cette forte participation semble donc avoir profité au Président sortant.
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Les élections sont finies et je peux vous annoncer que nous les avons gagnées tous ensemble" a déclaré Boris Tadic à l'annonce des résultats. "
C'est une victoire de la démocratie serbe Nous sommes une démocratie européenne. Notre pays a montré à l'Europe qu'il est une grande démocratie" a-t-il ajouté.
L'Union européenne a très vite réagi à la réélection du Président sortant qu'elle avait implicitement soutenu. "
Le peuple serbe a confirmé son soutien à l'orientation démocratique et européenne de leur pays. Et l'Union européenne réaffirme son engagement envers la Serbie" a indiqué la présidence slovène de l'UE.
Le Chef de l'Etat sortant avait qualifié le 2e tour de l'élection présidentielle, de "
référendum" sur le rapprochement de la Serbie avec l'Union européenne. "
Le 3 février, nous aurons une sorte de référendum sur la voie que la Serbie doit prendre. La Serbie devra choisir entre s'engager sur le chemin du progrès ou un retour en arrière. Un vote en faveur de Tomislav Nikolic remiserait aux oubliettes tout ce qui a été accompli depuis 2000, détruisant tout espoir d'investissements et de développement de nos emplois, et nous ramènerait aux années de doutes. Je m'attends à ce que les électeurs choisissent la poursuite des réformes entamées en octobre 2000" avait t-il indiqué.
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Boris Tadic a gagné, je lui présente mes félicitations" a déclaré Tomislav Nikolic qui a très tôt reconnu sa défaite et appelé "tout le monde à garder son calme". "
Nous demandons à la Russie de continuer d'aider la Serbie comme elle l'a fait jusqu'à présent. Et à l'Union européenne qu'elle arrête son chantage vis-à-vis de la Serbie, qu'elle ne nous impose pas des conditions impossibles. Nous sommes prêts à intégrer l'Union européenne mais il y a des conditions qu'aucune autorité ne peut accepter. Et par conséquent que celui qui a gagné cette élection ne peut pas accepter non plus " a-t-il souligné. Tout au long de sa campagne, Tomislav Nikolic a défendu un rapprochement entre Belgrade et Moscou ; la Russie, qualifiée par lui de partenaire stratégique plus proche et plus fiable que l'Union européenne, étant le seul pays qui soutient la Serbie dans son refus d'accepter l'indépendance du Kosovo.
Le Président de la République réélu aura donc pour première tâche de réagir à la proclamation probable par les autorités du Kosovo de l'indépendance de cette province. Boris Tadic a plusieurs fois affirmé qu'il souhaitait dissocier le problème du Kosovo de la perspective de l'entrée de la Serbie dans l'Union européenne et veut obtenir des Serbes qu'ils acceptent la sécession de la province afin de ne pas hypothéquer l'avenir des relations de la Serbie avec l'Union européenne. Les autorités kosovares ont affirmé qu'en cas de victoire de Boris Tadic, elles attendraient quelques semaines, selon le souhait de l'Union européenne, pour proclamer leur indépendance.
La coalition gouvernementale, dirigée par Vojislav Kostunica (Parti démocratique de Serbie DSS) et qui, outre le DSS, rassemble le Parti démocrate et G17+ de Mladjan Dinkic, déjà très instable, sort un peu plus ébranlée de cette élection présidentielle même si aucun n'a véritablement intérêt à la chute du gouvernement. Reprochant au Chef de l'Etat de ne pas avoir renoncé à tout accord de coopération avec l'Union européenne si Bruxelles déploie au Kosovo, comme elle a l'intention de le faire prochainement, une mission civile destinée à encadrer l'indépendance, le Premier ministre a refusé de soutenir publiquement Boris Tadic pour le 2e tour de scrutin. Après sa victoire remportée sans l'aide de Vojislav Kostunica, Boris Tadic est donc devenu le véritable homme fort de Serbie.
Agé de 50 ans et psychologue de formation, Boris Tadic est entré en politique au milieu des années 1990 en s'opposant au régime de Slobodan Milosevic. Après la chute de ce dernier en octobre 2000, il devient ministre des Télécommunications, puis de la Défense. En 2004, il finit par s'imposer à la tête du Parti démocrate après une longue période de lutte pour la succession du Premier ministre, Zoran Djindjic, assassiné le 12 mars 2003. Le 27 juin 2004, Boris Tadic est élu à la Présidence de la République avec 53,7% des suffrages, contre 45% à Tomislav Nikolic.
Les Serbes ont donc confirmé par cette élection historique organisée à quelques jours de l'indépendance du Kosovo qu'ils avaient commencé à tourner la page de l'époque Slobodan Milosevic. Un peu plus de sept ans après la chute du dictateur et alors que l'entité qui constituait la Yougoslavie a complètement éclaté, les Serbes ont encore un long chemin à parcourir pour sortir de leur marasme économique, démocratiser leur pays et, enfin, se réconcilier avec eux-mêmes et avec leurs plus proches voisins.
Boris Tadic mise sur l'Union européenne pour l'aider à convaincre les Serbes des efforts qu'ils ont encore à fournir. Le Président Boris Tadic a d'ailleurs promis à ses compatriotes que son pays obtiendrait le statut de candidat officiel à l'adhésion à l'Union dès la fin de cette année.
Rappel des résultats des 1er et 2e tours de l'élection présidentielle des 20 janvier et 3 février 2008 en Serbie
Participation : 61% (premier tour) et 67,6% (deuxième tour)