Elections législatives en République tchèque 28 et 29 mai 2010

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29 avril 2010
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Elections législatives en République tchèque 28 et 29 mai 2010

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Le 5 février, le Président tchèque Vaclav Klaus annonçait que les prochaines élections législatives se dérouleraient les 28 et 29 mai 2010.

5 053 candidats, dont un quart de femmes, représentant 27 partis politiques sont en lice (soit +1 par rapport au précédent scrutin législatif des 2 et 3 juin 2006), 15 seulement étant présentes dans les 14 régions du pays (22 à Prague).

Ces élections législatives sont primordiales pour les deux "grands" partis politiques– le Parti démocrate-civique (ODS) et le Parti social-démocrate (CSSD) – comme pour leurs leaders, Petr Necas (qui vient de remplacer Mirek Topolanek) et Jiri Paroubek. "L'année 2010 aura une grande importance parce que les élections législatives, comme plus tard les sénatoriales, vont également décider de la représentation des forces avant le scrutin présidentiel de 2013" indique le politologue Petr Just. En effet, un tiers de la Chambre haute tchèque sera renouvelé à l'automne prochain.

Le système politique tchèque

Le Parlement tchèque bicaméral comprend la Chambre des députés et le Sénat. Ce dernier compte 81 membres élus pour 6 ans au scrutin uninominal majoritaire à 2 tours et renouvelables par tiers. Le choix de ce mode de scrutin répond à la volonté des rédacteurs de la Constitution, et notamment à celle de l'ancien Président de la République (1993-2003), Vaclav Havel, de rendre plus aisée l'élection de personnalités indépendantes et solidement établies au sein des circonscriptions. Le Sénat reste toutefois une institution méconnue dans le pays et dont le renouvellement mobilise peu les électeurs.

La Chambre des députés compte 200 députés élus pour 4 ans au scrutin plurinominal de circonscription dans lequel la répartition des voix s'effectue au plus fort reste. Tout parti doit recueillir un minimum de 5% des suffrages exprimés pour pouvoir y être représenté.

5 partis politiques sont actuellement représentés à la Chambre des Députés :

- Le Parti démocrate-civique (ODS), fondé par l'actuel Président, Vaclav Klaus, et dirigé depuis mi-avril par Petr Necas qui a remplacé l'ancien Premier ministre (2006-2009) Mirek Topolanek, compte 81 députés ;

- Le Parti social-démocrate (CSSD), conduit par l'ancien Premier ministre (2005-2006) Jiri Paroubek, possède 74 sièges ;

- Le Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM), héritier du Parti communiste de la République socialiste de Tchécoslovaquie et dernière formation communiste non réformée d'Europe centrale, dirigé par Vojtech Filip, compte 26 députés ;

-L'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple (KDU-CSL), située à droite sur l'échiquier politique et conduite par Cyril Svoboda, possède 13 sièges ;

- Le Parti des Verts (SZ), fondé en 1990 et dirigé par Ondrej Liska, compte 6 députés.

Un Parti démocrate-civique en plein questionnement

Le 20 mars, le leader de l'ODS et candidat au poste de Premier ministre, Mirek Topolanek, a accordé une interview dans laquelle il expliquait les faiblesses -tout au moins leur tendance à "laisser tomber les choses quand une situation devient difficile"- du ministre des Transports Gustav Slamecka par le fait qu'il soit homosexuel et du Premier ministre Jan Fischer par le fait qu'il soit juif. Dans cet entretien, il accusait également les églises de "laver les cerveaux des croyants pour mieux les dominer" et suggérait "d'enfermer les mangeurs de porc-chou-quenelles (plat national tchèque) que sont les électeurs sociaux-démocrates et de leur botter le derrière". Mirek Topolanek s'est excusé par la suite d'avoir tenu de tels propos qui auraient été sortis de leur contexte et mal interprétés. Le 25 mars, il a du cependant abandonner sa candidature comme tête de liste de la 2e ville du pays, Brno et le 12 avril, il a démissionné du poste de leader de l'ODS.

Mirek Topolanek, premier Chef du gouvernement à tomber après un vote de défiance du Parlement en 2009, n'en est pas à sa première bourde entre attaques de journalistes et déclarations vulgaires et controversées. Au printemps 2009, les Tchèques avaient peu apprécié de le découvrir nu et entouré de femmes dans la propriété sarde du Président du Conseil italien Silvio Berlusconi ou d'apprendre que l'été de cette même année, il avait passé des vacances en Toscane accompagné d'industriels et de financiers tchèques. L'ancien Premier ministre (2006-2009) avait annoncé qu'il quitterait ses fonctions si son parti perdait les élections législatives des 28 et 29 mai prochain mais son remplacement était prévu depuis longtemps par un parti rongé par les divisions. Début avril, Petr Necas, n°2 du parti, lui a succédé. Si ce changement de leader peut paraître périlleux à quelques semaines du scrutin, il pourrait, selon le politologue Jiri Pehe, redonner de l'énergie et une meilleure image à l'ODS.

Le Parti démocrate-civique, qui a introduit en 2008 l'impôt à taux unique de 15% pour l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés, s'interroge sur une hausse de celui-ci. L'ODS souhaiterait l'établissement d'un taux unique de TVA (le taux normal est de 19% et le taux réduit de 9%), ce qui contribuerait à augmenter les prix et à alourdir le fardeau pesant sur les plus pauvres. Pour compenser cette augmentation, le parti envisage de revoir le système fiscal et de taxer davantage les plus riches, notamment en augmentant la taxe immobilière. "Les riches doivent participer d'une façon ou d'une autre au sacrifice national alors que les augmentations des taxes et de la TVA affecte les plus pauvres" avait déclaré Mirek Topolanek.

L'ODS prévoit un retour à l'équilibre budgétaire en 2017. "La société tchèque est menacée, comme en 1948 lorsque les communistes ont pris le pouvoir avec la défaite de la liberté. Dans la période post-Deuxième Guerre mondiale, les communistes affirmaient que les spéculateurs et les riches paysans étaient responsables de la misère ; désormais, les populistes disent que les libéraux et le marché sont responsables de la récession. Après la guerre, le salut devait venir de la nationalisation des moyens de production. De nos jours, les amis de l'oppression et de l'irresponsabilité voient la solution dans l'amoncellement des dettes" affirmait Mirek Topolanek, le 24 février dernier lors de la conférence sur les crimes du régime communiste.

Le Parti démocrate-civique apparaît plus divisé et plus incertain de son positionnement et de son avenir que jamais. Le remplacement de Mirek Topolanek n'a pas résolu les problèmes de leadership. L'ODS a été déstabilisée par la création du parti, TOP 09, qui tente d'attirer les électeurs de droite et de se positionner comme une alternative libérale. "Le Parti démocrate-civique n'a pas besoin du Parti social-démocrate pour perdre les élections" affirme l'analyste politique Bohumil Pecinka, qui ajoute que "les manoeuvres actuelles qui se font jour au sein du parti sont la garantie d'un échec tel qu'il n'en a encore jamais connu".

Mi avril, Petr Necas a menacé de cesser de soutenir le gouvernement de Jan Fischer où, à la suite du départ de 3 ministres du Parti des Verts, le Parti social-démocrate est désormais majoritaire. "Il n'y a pas de raison que le Parti démocrate-civique soutienne un gouvernement où Jiri Paroubek a, de fait, la majorité" a-t-il déclaré, demandant que l'ODS obtienne le droit de nommer des ministres aux postes vacants.

Nouveaux venus à droite

Devancé par le Parti social-démocrate dans les enquêtes d'opinion, le Parti démocrate-civique peut-il envisager de gouverner en s'alliant par exemple avec d'autres partis si ses adversaires de gauche ne remportent pas la majorité absolue ? Vers quels partenaires peut-il se tourner ?

En juin 2009, l'ODS, et son leader Mirek Topolanek, ont convaincu l'ancien ministre des Finances, Miroslav Kalousek, leader du KDU-CSL, de quitter son parti pour en fonder un nouveau. 3 des 7 députés centristes ont suivi ce dernier et se sont regroupés dans un mouvement appelé Open Democracy Club, puis TOP 09. Le parti, clairement positionné sur la droite de l'échiquier politique, est dirigé par l'ancien ministre des Affaires étrangères (2007-2009), Karel Schwarzenberg.

TOP 09 prône une politique plus favorable aux entreprises. Il soutient une dérégulation de l'économie et veut réduire les aides sociales et les allocations chômage. "Nous n'offrons pas de nouveaux bénéfices ou des dégrèvements fiscaux et nous ne formulons aucune promesse que nous ne pourrions tenir" a déclaré le fondateur du parti, Miroslav Kalousek.

Soutenu par le Mouvement des maires et des indépendants, TOP 09 est particulièrement apprécié des électeurs traditionnellement proches de l'ODS. "Dans toute l'histoire de la République tchèque, depuis la révolution de velours de 1989, il y a toujours eu une place pour les petits partis politiques sur l'aile droite du spectre politique. Ces partis ont toujours eu la possibilité d'accéder à la Chambre des députés et d'y compléter le grand parti de droite présent depuis le début des années 2000 à savoir le Parti démocrate-civique. Et si l'on s'en tient aux enquêtes d'opinion, il semble que TOP 09 soit en mesure de récolter plus de 5% des suffrages et qu'il pourrait donc jouer ce rôle" analyse le politologue Petr Just.

Fondé en 2001 comme un groupe local et dirigé par l'ancien journaliste Radek John, Affaires publiques (VV) connaît un regain à quelques semaines des élections. Le parti VV mène le combat contre les "dinosaures politiques" (expression qui regroupe aussi bien Jiri Paroubek que Mirek Topolanek) et la corruption. Il a indiqué qu'il ne ferait alliance avec aucun des deux "grands" parti tant que ceux-ci ne se seront pas débarrassés de leurs leaders totalement discrédités. Le parti demande le respect des critères de Maastricht pour l'adoption de l'euro, une réforme du secteur de la santé et du système social tchèque, une augmentation des dépenses en faveur de l'éducation et l'adoption d'une véritable stratégie anti-corruption. Radek John est par ailleurs, selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut STEM mi avril, l'homme politique le plus populaire du pays avec 61% d'opinions positives. Il est suivi par l'ancien ministre des Finances (2002-2004 et 2005-2006) Bohuslav Sobotka (CSSD) qui recueille 50%, Karel Schwarzenberg obtient 43% et le nouveau leader de l'ODS, Petr Necas (40%).

Le Président Vaclav Klaus a mis en garde les électeurs en leur demandant de se méfier de la nouveauté et de réfléchir avant de voter pour un parti nouvellement créé. "La situation est complètement inédite. Jusqu'à récemment, les gens savaient plus ou moins pour qui voter et les préférences partisanes étaient stables. Maintenant tout a changé et la situation est à haut risque" a affirmé le chef de l'Etat.

2010, année du Parti social-démocrate ?

Le Parti social-démocrate a choisi de dénoncer les mesures mises en place durant les trois années où le Parti démocrate-civique a été au pouvoir (2006-2009) : réductions des allocations de sécurité sociale, franchises médicales introduites en janvier 2008 qui obligent les patients à s'acquitter de 30 couronnes lors de chaque consultation (90 couronnes pour une visite chez le médecin en dehors des horaires), 30 couronnes également pour chaque prescription et 60 couronnes pour chaque journée d'hospitalisation. Sont exclus de cette mesure les bébés lorsqu'ils sont encore à la maternité et les enfants de moins de 18 ans qui doivent subir une opération chirurgicale. Le CSSD s'est engagé à annuler ces franchises médicales. La dénonciation de ces mesures lui avait permis de remporter les dernières élections régionales des 17 et 18 octobre 2008.

Le CSSD promet également d'augmenter l'allocation maternité et les remboursements santé perçus par les retraités. Ancien ministre de la Santé (2005-2006), David Rath (CSSD) affirme que les frais médicaux n'ont pas eu les effets escomptés et avertit que si l'ODS remporte les élections, il formera une coalition avec TOP 09 et que les frais médicaux seront alors indexés. Les sociaux-démocrates se sont également engagés à réduire les honoraires de pharmacie et à réintroduire le paiement de l'arrêt maladie dès les trois premiers jours de cessation du travail.

Le CSSD souhaite également diminuer le nombre de compagnies d'assurance santé et les transformer en compagnies publiques et en organisations à but non lucratif. Actuellement, la République tchèque compte 9 compagnies d'assurance, VZP étant la plus importante d'entre elles. Selon David Rath, cette mesure permettrait d'économiser 4 à 5 milliards de couronnes. Le parti a promis de réguler les prix de l'énergie, des télécoms et des services bancaires. Il devrait augmenter les impôts et réintroduire la progressivité de l'impôt sur le revenu et fixer à 38% le taux d'imposition des personnes gagnant plus de 1,2 million de couronnes par an. Le CSSD souhaite également revenir à la progressivité de la taxe sur l'héritage au-delà de 10 millions de couronnes et augmenter l'impôt sur l'alcool et le tabac.

En matière de lutte contre la corruption, les sociaux-démocrates ont promis de renouveler la police financière et de dresser la liste des entreprises suspectées de corruption. Ils ont indiqué qu'ils auront recours aux services de Joseph Wolfinger, ancien directeur adjoint du FBI, et de Steve Pomerantz, ancien chef de l'unité du contreterrorisme au FBI, pour les aider dans leur lutte contre la criminalité financière.

L'actuel ministre de l'Intérieur Martin Pecina conduira la liste du CSSD à Prague. Martin Pecina pourrait d'ailleurs conserver son poste au gouvernement en cas de victoire du CSSD. Outre l'actuel ministre, Jiri Paroubek pourrait s'entourer de l'ancien ministre de la Santé, David Rath, qui retrouverait son poste, de Bohuslav Sobotka qui pourrait prendre en charge les Finances, de Zdenek Skromach, vice-président du Parti depuis 2001 et ancien ministre des Affaires sociales (2002-2006), de Lubomir Zaoralek, ancien porte-parole de la Chambre des députés (2002-2006) qui serait nommé aux Affaires étrangères, de Milan Urban, ancien ministre de l'Industrie et du Commerce, et de Michal Hasek, gouverneur régional de Moravie du Sud. L'économiste Jan Svejnar, ancien conseiller économique du Président Vaclav Havel de 1994 à 2003 et du Premier ministre Vladimir Spilda (CSSD) entre 2002 et 2004 mais aussi candidat malheureux à la Présidence de la République face à Vaclav Klaus en 2008, pourrait être nommé à l'Education. Enfin, Jan Kohout, actuel ministre des Affaires étrangères, pourrait être en charge des Affaires européennes.

"Nous préférons coopérer avec les partis centristes, et tout d'abord avec l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple. C'est ce que les électeurs souhaitent. Une grande partie de nos électeurs ne veulent pas de coalition avec les communistes" répète Jiri Paroubek. Beaucoup de membres du parti sont toutefois opposés à une telle coalition. En mars, Jiri Paroubek affirmait qu'un gouvernement minoritaire constituait la meilleure solution en cas de victoire du CSSD.

Vojtech Filip (KSCM) répète que le CSSD s'apprête à former une coalition avec l'ODS comme c'est déjà le cas dans plusieurs régions. Mirek Topolanek n'a de cesse de dénoncer le fait que les sociaux-démocrates vont gouverner avec les communistes et rappelle que les électeurs n'auront aucun moyen de refuser cette coopération après les élections. Enfin, Jiri Paroubek affirme que si la gauche (CSSD et KSCM) n'obtient pas la majorité, son parti sera en mesure de former le prochain gouvernement. En bref, à un mois du scrutin, tout semble possible : de l'alliance du CSSD avec le KSCM à une grande coalition alliant CSSD et ODS.

Le Parti social-démocrate et le Parti communiste de Bohème et Moravie sont à la fois des alliés qui ont chacun besoin l'un de l'autre et des rivaux qui se menacent l'un l'autre. Vojtech Filip a contribué à rendre le KSCM plus pragmatique, à lui donner une légitimité et à le rapprocher du CSSD, cherchant résolument à le faire sortir de l'ostracisme dont il est victime depuis la révolution de velours de 1989. Jiri Paroubek a mené une politique inverse depuis 2006, année où il a pris la tête du CSSD. Il n'empêche que l'espace entre les deux partis s'est rétréci au fil des années.

Jiri Paroubek a cependant davantage besoin du KSCM que le leader communiste du CSSD. Le KSCM devrait cependant se montrer exigeant (et exercer une pression permanente) en échange de son soutien à un gouvernement social-démocrate minoritaire. Rapelons que les sociaux-démocrates se sont engagés en 1995 à ne pas coopérer au niveau national avec le KSCM par la résolution de Bohumin, nom de la ville dans laquelle se tenait le congrès du CSSD.

S'il répète qu'il n'aura pas besoin du Parti communiste de Bohème et Moravie, Jiri Paroubek n'a jamais clairement exclu toute coopération avec le KSCM. "Je préfèrerais un gouvernement de centre gauche, un gouvernement minoritaire est une autre solution possible. Je ne compte pas sur les communistes pour le gouvernement" a-t-il déclaré, sans préciser toutefois quels pourraient atteindre les soutiens d'un éventuel gouvernement minoritaire... Les analystes politiques ne semblent pas croire à la formation d'une grande coalition droite-gauche, difficile à imaginer au sortir d'un an d'un gouvernement dirigé par des experts apolitiques.

Un nouveau parti est apparu sur la gauche de l'échiquier politique. L'ancien Premier ministre (1998-2002) Milos Zeman, qui s'était retiré en 2003 après son échec à l'élection présidentielle où il avait été battu par Vaclav Klaus, a fondé en octobre dernier le Parti des droits du citoyen (SPO). "Je ne voulais pas être candidat mais on m'a accusé de lâcheté, j'ai donc décidé de me présenter" a-t-il déclaré sans désigner officiellement Jiri Paroubek auquel il sera opposé dans la circonscription de Usti nad Labem. Martin Bursik, ancien leader du parti des Verts et ancien ministre de l'Environnement de 2007 à 2009, et Petr Gandalovic (CSSD) seront également candidats dans cette circonscription. Milos Zeman veut abolir la résolution gouvernementale de 1991 qui a instauré des limites à l'extraction du charbon dans cette ancienne région minière très affectée par le chômage. Le Parti des droits du citoyen se déclare également en faveur de la démocratie directe et opposé aux franchises médicales.

Les autres partis

Membres des coalitions gouvernementales dirigées par Mirek Topolanek, puis par Jan Fischer, le Parti des Verts a annoncé, le 22 mars dernier, qu'il retirait son soutien au gouvernement de Jan Fischer. Il a perdu le contrôle du ministère de l'Environnement, dont Jan Dusik était en charge, désormais placé sous la tutelle du ministère de l'Agriculture. A la suite de ce dessaisissement, deux autres ministres verts, dont Michael Kocab, en charge des Droits de l'homme, ont démissionné de leurs fonctions.

Le Parti des Verts bénéficie pour les élections législatives du soutien de l'ancien Président Vaclav Havel, comme de celui de nombreuses personnalités du monde de la culture : le mécène des arts Meda Mladkova, l'acteur Tomas Hanak ou d'anciens dissidents et écrivains comme Ivan Klima et Ludvik Vaculik.

Le leader du parti, Ondrej Liska, est candidat à Prague. Jirina Siklova, sociologue, journaliste et ancienne dissidente, se présente à Hradec Kralove et Frantisek Pelc en Bohême du centre.

Mais le Parti des Verts souffre de son image de parti divisé où deux camps s'affrontent sans que leurs disputes ne parviennent à déboucher sur un accord ou sur des solutions claires. Le parti manque d'un leader capable de réunir ses troupes et de les convaincre de la nécessité de parvenir au compromis, seule façon de peser sur les décisions politiques. Point positif : l'image d'honnêteté des Verts, véritable atout dans un pays où la corruption est encore très présente. Ainsi, le quotidien Mlada fronta Dnes a tenté de piéger les partis politiques en proposant à chacune d'entre eux un million de couronnes contre une modification de la loi sur la loterie nationale. Le représentant du Parti des Verts a été le seul à refuser ce marché.

L'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple, en dépit du départ d'une partie importante de ses membres partis fonder TOP 09, pourrait maintenir son nombre de sièges à la Chambre des députés. Le KDU-CSL bénéficie d'un soutien important dans les régions les plus agricoles. Son leader, Cyril Svoboda, a déclaré dit qu'il démissionnerait si le parti ne parvenait pas à entrer au Parlement.

A l'extrême droite, le Parti des travailleurs (DS) de Tomas Vandas, dissous en février dernier pour menaces sur la démocratie et extrémisme (il s'agit du premier cas de dissolution d'un parti politique en République tchèque depuis 1989), sera présent aux élections législatives allié au Parti des travailleurs de la justice sociale (DSSS). Il promeut des idées homophobes et racistes et une idéologie proche du national-socialisme. 4 de ses membres – Tomas Vandas, les présidents du parti Jiri Stepanek et Petr Kotab et le rédacteur en chef du journal du parti, Martin Zbeda – viennent d'être mis en examen pour promotion du néo-nazisme et discours de haine envers un groupe de personnes lors du meeting que le parti avait organisé à Brno en mai 2009.

Le parti Souveraineté, fondé par l'ancienne députée européenne (non inscrite) opposée au traité de Lisbonne, Jana Bobosikova, sera présent à ce scrutin. L'avocate Klara Slamova sera sa candidate à Prague. Ancienne membre du Parti civique-démocrate, elle s'est déclarée déçue par l'ODS qui, selon elle, a dévié de son programme initial, et par l'arrogance de certains de ses leaders.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut CVVM et publiée le 21 avril, le Parti social-démocrate arriverait en tête du scrutin avec 30% des suffrages devant le Parti démocrate-civique qui recueillerait 22,5% des voix. Suivraient le Parti communiste de Bohème et Moravie qui obtiendrait 13% des suffrages, TOP 09 avec 11,5% des voix et Affaires publiques, 9%. L'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple et le Parti des Verts ne passeraient pas le seuil des 5% des suffrages leur permettant d'être représentés à la Chambre des députés. Les dernières semaines ont montré un affaissement du soutien aux deux "grands" partis et une montée des "petits" partis.

Le Parti social-démocrate sera peut-être affecté par la démission du président de la Chambre des députés, Miloslav Vlcek (CSSD), qui a reconnu avoir enfreint la loi en remboursant en espèces un emprunt d'un million de couronnes effectué auprès de son ancien assistant (en République tchèque, tout transfert d'espèces supérieur à 500 000 couronnes est illégal).

Au vu des mouvements de ces derniers mois, et notamment de l'émergence de nouveaux partis, la composition du prochain gouvernement risque de rester incertaine y compris après l'annonce des résultats. Le Premier ministre sortant, Jan Fischer, qui a accepté le 21 avril dernier de prendre le 1er septembre prochain la vice-présidence de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), a déclaré qu'il se maintiendrait à son poste si les partis politiques ne parvenaient pas à former un nouveau gouvernement rapidement.

Source : Site internet électoral tchèque (http://www.volby.cz/pls/ps2006/ps )

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