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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
La Finlande est depuis 1995, soit deux législatures, gouvernée par une coalition rassemblant cinq formations : trois situées à gauche de l'échiquier politique, Parti social-démocrate (SDP), Alliance des gauches (VAS) et Verts (VIHR) ; une à droite (Rassemblement national, KOK) et la dernière étant le Parti du peuple suédois (SFP). Ce gouvernement est dirigé par l'actuel leader du Parti social-démocrate, Paavo Lipponen.
La Finlande a connu un sévère accès de faiblesse économique en 2001 en raison du ralentissement de l'économie américaine amplifiée par les attentats du 11 septembre. Le taux de croissance du PIB national est ainsi passé de 6,1% en 2000 à 0,6% l'année suivante, une chute d'autant plus fortement ressentie que l'expansion économique des années quatre vingt-dix avait habitué les Finlandais à une amélioration régulière de leur niveau de vie. En 2002, la croissance du PIB devrait atteindre 1,5%. La reprise dépendra néanmoins en grande partie de la relance du commerce international, notamment en matière de télécommunications et d'informatique, secteurs clés de l'économie finlandaise.
Le 16 mars prochain, les Finlandais renouvelleront leur Parlement monocaméral : Eduskunta/Riksdag, que l'on nomme toujours par ses deux noms, en finnois et en suédois, qui constituent les deux langues officielles en Finlande. Les suédophones représentent 5,6% de la population finlandaise, soit trois cent mille personnes vivant principalement le long des côtes (Nyland, Aboland et Osterbotten) et dans les îles Aland. Le pays compte trois cent quatre vingt-cinq communes finnophones et vingt et une suédophones, quarante-deux communes étant bilingues. La réforme de la législation linguistique qui devrait être rapidement votée oblige les fonctionnaires à fournir leurs services dans la langue maternelle de l'usager, soit en finnois et en suédois.
Le système politique finlandais
Le Eduskunta/Riksdag, compte deux cents députés élus pour un mandat de quatre ans au scrutin proportionnel. La Finlande est divisée en quinze circonscriptions, le nombre de députés par circonscription variant de sept à trente-deux. La répartition des sièges dépend du nombre d'habitants de la circonscription. Lors de chaque élection, le nombre de citoyens de chaque circonscription est divisé par la population totale du pays, le résultat obtenu étant ensuite multiplié par 199 afin d'obtenir le nombre de députés par circonscription. Le vote se fait en faveur non pas d'un parti mais d'un candidat. Après le décompte des suffrages, un quotient calculé selon la méthode d'Hondt (division des suffrages exprimés dans une circonscription par le nombre de sièges à pourvoir) est établi. Les listes obtiennent ensuite autant de sièges que le nombre de fois où elles ont recueilli ce quotient électoral. Dans le cas d'une union électorale, l'ordre des candidats est défini par le nombre de suffrages obtenus personnellement par chacun d'eux, le nombre total des voix obtenues par chacune des formations n'étant pas pris en compte.
Les candidats sont désignés par des formations politiques ou par des associations d'électeurs. Pour être présent aux élections, un parti doit être reconnu par le ministère de l'Intérieur ; pour cela, il doit recueillir au minimum cinq mille signatures de citoyens. Quant aux associations d'électeurs, elles doivent compter un minimum de cent membres. La loi électorale finlandaise impose également aux formations politiques d'organiser une élection primaire au sein des partis dans les cas où le nombre de candidats désignés par les sections locales de la formation dépasse le nombre de candidats que celle-ci est autorisée à présenter, soit le nombre de sièges dans chaque circonscription.
Neuf formations politiques sont actuellement représentées au Eduskunta/Riksdag :
le Parti social-démocrate (SPD), formation du Premier ministre Paavo Lipponen, premier parti de Finlande depuis les élections législatives de 1995 ;
le Parti du centre (KESK), successeur du Parti agrarien né en 1906, formation ayant participé à près de la moitié des gouvernements finlandais (trente et un sur soixante-sept) et grand perdant des deux derniers scrutins législatifs ;
le Rassemblement conservateur (KOK), héritier du mouvement nationaliste finlandais du XIXème siècle ;
l'Alliance des gauches (VAS), successeur du Parti communiste finlandais qui fut longtemps l'un des plus puissants d'Europe occidentale, actuellement en perte de vitesse ;
le Parti du peuple suédois (SFP), représentant les intérêts de la minorité suédoise ;
les Verts (VIHR), apparus récemment sur la scène politique (dans les années quatre-vingts) ;
l'Union chrétienne (SKL), formation chrétienne-démocrate représentée au Parlement depuis les années soixante-dix et qui a récemment changé d'appellation pour devenir le Parti chrétien-démocrate ;
les Vrais Finlandais (PS), ex-Parti rural ;
et le Parti de la réforme (REM).
Signalons également qu'en avril 2002, Olavi Maeepaeae a créé, en vue des prochaines élections législatives, "Bleu-Blanc du peuple finlandais", formation d'extrême droite (dénommée d'après les couleurs du drapeau national). Jusqu'alors, la Finlande ne possédait pas de formation extrémiste. Anti-immigration, anti-Union européenne et populiste, le parti est dirigé par une personnalité controversée de la vie politique finlandaise, condamnée par le passé pour des propos racistes envers de jeunes immigrés d'origine éthiopienne.
Le statut particulier des îles Aland
Les îles Aland possèdent une population entièrement suédophone. A l'issue de la première guerre mondiale, alors que la population demandait son rattachement à la Suède, la Société des Nations a décidé que les îles deviendraient une province finlandaise autonome et démilitarisée. La Suède et la Finlande ont signé à cet effet une convention paraphée par huit autres pays européens. A ce jour, les îles Aland constituent une circonscription qui n'élit qu'un seul député au Eduskunta/Riksdag. Elles possèdent leur propre Parlement qui comprend trente et un membres. L'actuelle Assemblée, élue le 17 octobre 1999, est dominée par le Parti du centre d'Aland (AC) et les libéraux d'Aland (LPA) qui détiennent chacun neuf sièges. Le Parti social-démocrate compte trois députés.
La campagne électorale
En 2002, le débat sur l'adhésion de la Finlande à l'OTAN est devenu d'actualité par la volonté de l'Alliance atlantique de se rapprocher de la Russie et par la future intégration en son sein des trois pays baltes voisins. La doctrine officielle de la Finlande est toujours une doctrine de non-alliance militaire en temps de paix et de neutralité en cas de guerre. Fin février 2002, le ministre de la Défense, Jan-Erik Enestam, avait déclaré que la Finlande pourrait décider d'adhérer à l'OTAN après les élections législatives de 2003. Le Premier ministre Paavo Lipponen avait aussitôt tenu à réaffirmer la politique de non-alignement du pays et rappelé qu'il avait promis au Président russe Vladimir Poutine que la Finlande resterait officiellement neutre pendant au moins deux ans encore. Les propos de l'ancien Président de la République Martti Ahtisaari (Parti social-démocrate) au mois de novembre 2002 en faveur de la participation de la Finlande à l'OTAN ont contribué à relancer le débat à quelques semaines des élections législatives.
La question de l'adhésion à l'OTAN divise actuellement le Parti social-démocrate. « C'est moi qui donne la position des sociaux-démocrates » a récemment déclaré Paavo Lipponen, évitant toutefois de se prononcer sur le sujet tout comme la Présidente de la République, Tarja Halonen, qui a souligné, lors de ses vœux le 2 janvier dernier, que la politique de la Finlande devait continuer à se fonder sur une adhésion populaire : « Dans une démocratie, une politique de sécurité crédible se fonde sur le soutien du peuple. La politique actuelle en bénéficie et cela doit continuer à l'avenir ».
L'ensemble des enquêtes d'opinion montrent que la majorité des Finlandais (environ 80%) restent très attachés à la neutralité de leur pays. Le même pourcentage de Finlandais se prononcent en faveur d'un référendum sur le sujet. Les membres du Parti conservateur sont les plus nombreux à se déclarer en faveur d'une adhésion de la Finlande à l'OTAN, les adhérents de l'Alliance verte y étant les plus opposés. « La question de l'adhésion pourrait être évaluée dans le prochain rapport sur la défense de 2004. Il n'est pas dans notre intérêt de nous figer dans une position telle que nous nous interdirions de prendre une décision » a tenu à souligner Paavo Lipponen le 17 février dernier, ajoutant que dans l'actuelle campagne électorale, chaque parti jouait, selon lui, pour de pures raisons électorales, à celui qui sera le plus opposé à l'Alliance atlantique.
Le gouvernement de Paavo Lipponen est régulièrement attaqué sur sa politique de l'emploi. Le Premier ministre avait en effet promis lors des dernières élections législatives du 21 mars 1999 de diviser par deux le taux de chômage. Actuellement, le nombre de personnes sans emploi représentent 9,1% de la population active, soit un chiffre toujours élevé. Aux attaques dont ils sont l'objet, les sociaux-démocrates répondent que les trois cent mille emplois promis ont bien été créés mais que les chiffres avancés par les experts sur l'entrée de quatre-vingt mille personnes sur le marché du travail durant les années 1994-2000 se sont avérés erronés ; en réalité, l'offre de main d'œuvre supplémentaire s'est élevée à cent vingt mille personnes, ce qui expliquerait le maintien d'un taux de chômage élevé. Si ces raisons ne convainquent pas les formations d'opposition, elles semblent convenir aux Finlandais qui, après huit ans de gouvernement dirigé par le Parti social démocrate, se déclarent à 68% satisfaits de la politique menée.
Néanmoins, selon les enquêtes d'opinion, le Parti du centre est actuellement en tête des intentions de vote pour les élections législatives du 16 mars prochain. Dans un sondage réalisé en janvier par l'institut d'opinion Suomen Gallup pour le journal Helsingin Sanomat, la formation est créditée de 24,6% des suffrages contre 23,5% pour le Parti social-démocrate, 20,3% pour le Rassemblement conservateur, 9,6% pour l'Alliance des gauches, 8,8% pour l'Alliance verte, 4,8% pour le Parti du peuple suédois et 4,5% pour le Parti démocrate chrétien.
Comme toujours en Finlande, les trois principales formations se tiennent dans un mouchoir de poche. Satisfaits de leur coalition gouvernementale, les Finlandais choisiront-ils de reconduire les sociaux-démocrates une troisième fois à la tête de l'Etat ou bien décideront-ils que la cure d'opposition du Parti du centre a assez duré et se prononceront-ils en sa faveur ? Réponse le 16 mars prochain.
Rappel des résultats des élections législatives du 21 mars 1999:
Participation : 65,2%
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