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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Six mille trois cent voix séparent le Parti du centre (KESK) du Parti social-démocrate (SPD), c'est donc de justesse que la formation de centre droit s'impose aux élections législatives finlandaises du 16 mars dernier et devient la première formation politique du pays. Victoire à l'arrachée mais victoire tout de même qui permettra à la présidente du parti, Anneli Jäätteenmäki, de devenir selon toute probabilité (la nouvelle Constitution finlandaise chargeant le leader de la formation ayant obtenu le plus grand nombre de voix de l'initiative de former le futur gouvernement) la première femme Premier ministre d'un pays scandinave. Signalons que la Finlande a déjà une Présidente de la République (Tarja Halonen, élue le 6 février 2000) et que le Parlement sortant était également dirigée par une femme.
Après huit ans d'opposition, le Parti du centre retrouve le pouvoir recueillant 24,7% des suffrages exprimés et remportant cinquante cinq sièges au Eduskunta/Riksdag (Parlement finlandais). Mais la défaite est plus qu'honorable pour le Parti social-démocrate qui obtient 24,5% des voix, soit 1,6 point de plus que lors des dernières élections législatives du 21 mars 1999, et gagne deux sièges. Paavo Lipponen peut s'enorgueillir d'être le Premier chef de gouvernement à avoir fait progresser sa formation politique depuis 1983. Le Rassemblement conservateur (KOK) est la première victime de cette bipolarisation politique, remportant 18,5% des suffrages, soit une baisse de 2,5 points par rapport au précédent scrutin législatif de 1999, et perdant six sièges au Parlement. Il pourrait être le grand perdant de ce scrutin, la tradition finlandaise voulant que deux des trois grandes formations s'associent aux dépens de la troisième.
Les deux autres partenaires de la coalition gouvernementale sortante accusent également une baisse de leur électorat : l'Alliance des gauches (VAS) recueille 9,9% des suffrages et perd un siège, le Parti du peuple suédois (SFP) obtient 4,6% des voix et perd trois sièges. Les Verts (VIHR) semblent, en revanche, tirer profit de leur décision en mai 2002 de quitter le gouvernement, après le vote de la construction d'un nouveau réacteur nucléaire, puisqu'ils recueillent 8% des suffrages et gagnent trois sièges. Les Verts sont la formation politique finlandaise la plus féminisée ; en effet, leur groupe parlementaire compte onze femmes pour trois hommes seulement. Signalons enfin que le taux de participation, en baisse régulière depuis vingt ans en Finlande, a été supérieur à celui enregistré lors des élections législatives du 21 mars 1999 : 69,6%, soit 4,4 points de plus. La participation a été particulièrement élevée dans la capitale Helsinki.
Plus de deux mille candidats issus de vingt formations politiques se présentaient aux suffrages des électeurs le 16 mars, dont quatre partis pour la première fois. 25,5% des Finlandais avaient choisi de voter par anticipation entre le 5 et le 11 mars, soit un peu moins que lors des précédentes élections législatives du 21 mars 1999 (26,9%). On notera que ces élections législatives ont été supervisées par quarante observateurs étrangers venus de pays en voie de développement, invités par le ministère des Affaires étrangères.
Dès mercredi débuteront les négociations entre les différentes formations en vue de constituer un gouvernement. « Je vais laisser toutes les alternatives ouvertes » a déclaré Anneli Jäätteenmäki à l'issue de l'annonce des résultats des élections, précisant qu'elle « n'avait rien contre » une alliance avec les sociaux-démocrates. La coalition sortante rassemblant le Parti social-démocrate, l'Alliance des gauches, le Rassemblement conservateur et le Parti du peuple suédois dispose avec cent vingt sièges d'une majorité au Parlement. Néanmoins, la reconduction de cette coalition est très improbable, la victoire du Parti du centre rendant cette formation incontournable dans la formation du futur gouvernement. « L'alliance entre sociaux-démocrates et conservateurs est exclue car elle ne refléterait pas la volonté du peuple » a souligné Anneli Jäätteenmäki.
Dès l'annonce des résultats s'est fait jour l'éventualité d'une coalition entre le Parti du centre et le Parti social-démocrate. Les deux formations pourraient aisément trouver un terrain d'accord et ne seraient nullement obliger de trouver d'autres alliés pour gouverner, disposant ensemble de cent huit des deux cents sièges du Eduskunta/Riksdag, soit la majorité absolue. Si Paavo Lipponen a répété durant la campagne électorale qu'il ne faudrait pas compter sur lui au cas où son parti serait devancé, le Premier ministre sortant pourrait toutefois se montrer plus coopératif dans les jours qui viennent. Enfin, si elle échoue à convaincre le leader social-démocrate, la présidente du Parti du centre pourra toujours faire appel au Rassemblement conservateur pour former une coalition de centre droit à l'image de celle qui a gouverné la Finlande au début des années quatre vingt dix.
En quelques mois, Anneli Jäätteenmäki aura donc conquis son parti et le pays. En juin 2002, elle devint la première femme à occuper la tête du Parti du centre succédant à l'ancien Premier ministre Esko Aho. Neuf mois plus tard, elle s'apprête à devenir la première femme à diriger le gouvernement finlandais. Agée de quarante-huit ans, juriste de formation, Anneli Jäätteenmäki s'est fait connaître comme ministre de la Justice, poste auquel elle fût nommée en 1994 dans le gouvernement dirigé par Esko Aho (1994-1995).
Son rival malheureux Paavo Lipponen a probablement échoué sur son incapacité à faire baisser le taux de chômage qui s'élève à 9,1% et constitue le principal problème économique de la Finlande. « La première chose que je ferais serait de créer des emplois, nous dépensons sept milliards d'euros par an à cause du chômage, et nous pourrions, et nous devons, utiliser cet argent à autre chose. Sinon, nous ne pourrons pas pérenniser notre protection sociale » déclarait Anneli Jäätteenmäki avant les élections législatives. Pour lutter contre le fléau du chômage, le Parti du centre prône la « libération du travail », préconisant la réduction des charges patronales pour aider les entreprises à embaucher.
Personne n'attend, en Finlande, de changements radicaux dans la vie politique future, les programmes des différents partis se recoupant sur de nombreux points. Seule la formation du futur gouvernement reste encore inconnue même si tous les analystes politiques penchent pour une coalition Parti du centre-Parti social démocrate. Le nouveau Parlement finlandais tiendra sa première session le 26 mars prochain.
Résultats des élections législatives du 16 mars 2003:
Participation : 69,6%
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