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Élections en Europe
Corinne Deloy
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Le 28 août dernier, Eoghan Murphy (Fine Gael, FG) ministre du Logement, de l'Aménagement du territoire et des Affaires locales, annonçait aux Irlandais qu'ils seraient convoqués aux urnes le 26 octobre pour élire le président de la République.
Un mois et demi plus tôt, le 10 juillet, le chef de l'Etat sortant, Michael D Higgins, avait annoncé son intention d'être candidat à sa succession alors qu'il avait affirmé en 2011 qu'il ne ferait pas plus d'un mandat.
Pour la première fois depuis 1966, un président de la République sortant est contraint d'affronter des adversaires et ne sera donc pas réélu de façon automatique, sans combat électoral, comme cela a été le cas pour plusieurs de ses prédécesseurs. Michael D Higgins est soutenu par le Parti travailliste auquel il appartient, le Fine Gael du Taoiseach (Premier ministre en gaélique) Leo Varadkar et le Fianna Fail (FF). De nombreux partis politiques de la République celtique ne souhaitent pas s'engager dans une campagne électorale onéreuse et ont choisi de ne pas présenter de candidats au scrutin présidentiel du 26 octobre.
Très populaire, le chef de l'Etat sortant a su accompagner ses compatriotes au cours des 7 dernières années qui ont été une période de grand changement pour l'Irlande (acceptation par référendum du mariage entre personnes du même sexe, le 22 mai 2015, et de la libéralisation de l'avortement, le 25 mai 2018). En 2014, il a été le premier président de la République d'Irlande à effectuer une visite d'Etat au Royaume-Uni.
Les candidats en lice
Michael D Higgins sera opposé à 5 candidats :
– Gavin Duffy, 58 ans, indépendant, originaire de Meath, businessman. Il a participé à Dragons' Den (Le Repaire des dragons), émission de téléréalité de la chaîne de télévision RTE ;
– Peter Casey, 60 ans, indépendant, originaire de Derry, fondateur et directeur général de l'entreprise de recrutement mondial Claddagh Resources et connu également pour son rôle dans Dragons' Den ;
– Joan Freeman, indépendante, originaire de Dublin, psychologue. Sénatrice, elle est la fondatrice de la Maison Pieta, organisme de prévention du suicide, en 2006 dont elle a assuré la direction jusqu'en 2014 ;
– Sean Gallagher, indépendant, originaire de Monaghan, businessman et candidat malheureux de la dernière élection présidentielle du 27 octobre 2011. Il avait pris la 2e place du scrutin en recueillant 28,5% des votes de première préférence (39,6% pour Michael D Higgins). Il a également participé à Dragons' Den ;
– Liadh Ni Riada, 51 ans, députée et candidate du Sinn Fein (SF), parti nationaliste de gauche radicale. Ancienne productrice de télévision, elle a été désignée le 16 septembre dernier par le Ard Comhairle (Haut Conseil du parti).
Le Sinn Fein affirme que participer à cette élection est bon pour le pays et pour la démocratie. Il va utiliser la campagne électorale pour mettre l'accent sur la nécessité de l'unification irlandaise et sur le rôle des femmes dans le débat national. "Il existe un appétit pour un changement politique et social dans le pays"a déclaré Mary Lou McDonald, dirigeante du parti.
La fonction présidentielle
Le président de la République d'Irlande est élu au scrutin dit de vote alternatif pour un mandat de 7 ans renouvelable une seule fois. Le poste est accessible à tout citoyen irlandais âgé d'au moins 35 ans. Tout candidat à la magistrature suprême doit obligatoirement obtenir la signature d'un minimum de 20 membres de l'Oireachtas (Parlement) ou bien le soutien d'au moins 4 conseils de comtés ou 4 conseils municipaux. Les anciens chefs de l'Etat (ou le président de la République sortant) sont les seules personnes exemptes de cette obligation. Ils peuvent donc se présenter d'eux-mêmes devant les électeurs, comme le fait le chef de l'Etat sortant Michael D Higgins.
Si le président de la République ne possède en Irlande qu'un pouvoir de représentation, il peut cependant renvoyer un projet de loi à la Cour suprême s'il le juge inconstitutionnel et refuser de dissoudre le Dail Eireann (Chambre des Représentants), chambre basse du Parlement. En effet, d'après la Constitution, le Taoiseach doit démissionner s'il perd l'appui de sa majorité parlementaire. Il peut toutefois demander au Chef de l'Etat de dissoudre la Chambre des Représentants. Ce dernier est alors autorisé à refuser cette demande, auquel cas le Premier ministre est contraint à la démission.
La dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut RED C et publiée dans le journal The Sunday Business Post le 16 septembre dernier donne le président de la République sortant Michael D Higgins large vainqueur du scrutin avec 67% des suffrages. Sean Gallagher prendrait la 2e place avec 15% des voix devant la candidate du Sinn Fein, Liadh Ni Riada, qui recueillerait 7% des suffrages et Gavin Duffy, qui obtiendrait 6% des voix.
Le président de la République qui sera élu le 26 octobre prendra officiellement ses fonctions le 11 novembre prochain en rejoignant le Aras an Uachtarain (nom de la résidence des chefs de l'Etat irlandais).
Le même jour que l'élection présidentielle, les Irlandais seront appelés à se prononcer par référendum sur la suppression de l'infraction de publication ou de déclaration de blasphème dans la Constitution. Pour être définitivement adopté, cet amendement à la Loi fondamentale doit être proposé au Dail Eireann, adopté par les deux chambres du Parlement et approuvé par référendum. Le blasphème est punissable par une amende de 25 000 € en Irlande.
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