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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Le Parti social-démocrate arrive largement en tête des élections législatives suédoises du 15 septembre, le SAP mené par Göran Persson obtenant à lui seul 40% des suffrages. Pour la première fois depuis la guerre, un parti gouvernemental sortant progresse en voix lors d'un scrutin législatif. Aux baisses d'impôts promises par les partis de l'opposition, les Suédois ont donc préféré la défense de leur système de protection sociale.
Si le rapport gauche-droite est resté stable par rapport à ce qu'il était il y a quatre ans (les forces de gauche gagnant un siège supplémentaire au Riksdag), les rapports de forces à l'intérieur des deux blocs ont eux beaucoup évolué. Au sein de la gauche, le SAP gagne 3,4% par rapport à son résultat de 1998 et treize sièges supplémentaires, alors que Les Verts ne progressent que de 0,1% et obtiennent dix-sept sièges (+ 1) avec 4,6% des voix. Le Parti de la gauche enregistre une baisse importante, perdant un tiers de ses électeurs, - 3,6%, soit treize sièges de moins qu'en 1998. Les sociaux-démocrates peuvent donc s'enorgueillir d'être les véritables vainqueurs de ces élections.
Sans majorité absolue au Parlement, Göran Persson reconduira certainement un gouvernement, s'appuyant sur le soutien des écologistes et du Parti de la gauche, voire des partis de l'opposition sur certains sujets européens comme, par exemple, l'adoption de l'Euro. Après l'annonce des résultats, les écologistes appelaient à une « coopération élargie » avec le SAP, conditionnant leur soutien à l'obtention de portefeuilles ministériels, une éventualité que le Premier ministre a rejetée tout au long de la campagne électorale. « Je mène campagne pour la reconduction d'un projet social-démocrate, pas pour la formation d'un gouvernement de coalition » déclarait Göran Persson il y a quelques jours. D'importantes divergences existent au sein des forces de gauche suédoises, principalement dans les domaines économique et social et surtout autour de l'agenda européen (le Parti de la gauche comme Les Verts sont eurosceptiques et hostiles à l'abandon de la couronne suédoise pour l'Euro). Le Premier ministre rencontrera dans les prochains jours les différents chefs de partis avant de former son gouvernement.
De leur côté, les partis conservateurs ont reconnu leur échec. Pour le Parti du rassemblement modéré, il s'agit d'une lourde défaite. Celui-ci perd un tiers de ses électeurs et vingt-sept de ses sièges au Parlement, recueillant 15,1%, soit 7,8% de moins qu'en 1998, son plus mauvais résultat depuis des décennies. Dès l'annonce des résultats, son chef de file Bo Lundgren, dont la personnalité, et particulièrement le manque de charisme, ont été largement mis en cause au cours de la campagne, a pourtant affirmé sa volonté de se maintenir à la tête du parti en dépit de ce très mauvais résultat. Les Libéraux réalisent la percée annoncée par toutes les enquêtes d'opinion (13,4% contre 4,7% en 1998), gagnent trente et un sièges au Parlement et deviennent la troisième formation politique de Suède, juste derrière le Parti modéré. Le Parti du centre enregistre une légère hausse, passant de 5,1% à 6,2% et gagne quatre sièges. Enfin, les Chrétiens-démocrates passent sous la barre des 10%, et avec 9,1% contre 11,8% il y a quatre ans, perdent neuf députés. Le taux de participation, en baisse de 2,4% par rapport aux dernières élections, est le plus faible enregistré depuis les années cinquante.
La victoire de Göran Persson, 53 ans, Premier ministre depuis 1996, relance le débat de l'entrée de la Suède dans la zone euro. Le référendum prévu sur la monnaie unique devrait se dérouler au printemps ou à l'automne 2003, le Premier ministre devant réunir avant la fin de cette année les différents chefs de partis afin de fixer la date du vote et l'intitulé de la question qui sera effectivement posée aux Suédois. Selon les derniers sondages, une majorité d'entre eux seraient favorables à l'adoption de l'euro. La Suède pourrait faire son entrée dans la zone euro au 1er janvier 2005. Göran Persson devra toutefois convaincre non seulement la majorité de ses compatriotes mais également ses soutiens du Parti de la gauche et des Verts ainsi que de nombreux membres de sa propre formation encore réfractaires à l'Union économique et monétaire. Le Premier ministre a rappelé que son gouvernement n'hésiterait pas à s'appuyer sur les partis de droite sur les questions précises concernant l'Union européenne.
Outre les trois cent quarante-neuf membres du Riksdag, les Suédois élisaient également le 15 septembre leurs représentants locaux (conseils municipaux et généraux). Les partis d'opposition enregistrent de nombreuses défaites dans des villes et régions symboliques, les forces de gauche s'emparant même de la capitale Stockholm. « Ne les laissez pas faire en Suède ce qu'ils ont fait à Stockholm » répétait le Premier ministre lors de la campagne. Au pouvoir dans la capitale depuis quatre ans, la coalition de droite avait mis en place un programme de privatisations des services publics (transports, ramassage des déchets, etc.) s'accompagnant d'une baisse des impôts locaux. Les habitants de Stockholm ont mis fin à cette expérience dimanche et accordé cinquante-deux sièges aux trois partis de gauche contre quarante-neuf à la majorité de droite sortante. Le scrutin municipal a également été marqué par la progression des partis xénophobes. Cinq formations ont recueilli cinquante-sept mandats dans vingt-trois conseils municipaux, essentiellement dans le Sud du pays. Les Démocrates de Suède (SD), principale formation d'extrême droite, remportent trente-quatre sièges contre huit en 1998. Les Démocrates nationaux, branche dissidente des Démocrates de Suède, obtiennent deux mandats dans la banlieue de Stockholm. Ces partis confirment leur influence au niveau local où ils sont d'ailleurs présents depuis une dizaine d'années.
Résultats des élections législatives du 15 septembre 2002:
Participation : 79%

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