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Corinne Deloy,
Rodolphe Laffranque
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Corinne Deloy

Rodolphe Laffranque
La désignation du candidat pour le premier tour de l'élection présidentielle du 28 août prochain par les cinq formations politiques du Parlement engagées dans la désignation d'un candidat à l'élection présidentielle par le Parlement - Res Publica (Res), le Parti de la réforme (ER), l'Union pour la patrie (I), le Parti du centre (EK) et le Parti social-démocrate (SDE)- devait avoir lieu le 3 août dernier. Ce même jour cependant, le Parti du centre a envoyé une lettre aux quatre autres formations du Riigikogu, Chambre unique du Parlement, pour leur demander plus de temps pour faire leur choix entre les deux personnalités en lice, la formation d'Edgar Savisaar souhaitant que la désignation du candidat soit remise au 14 août. La réunion des formations politiques représentées au Parlement a alors été ajournée au 10 août.
Le 10 août, quatre des partis du Riigikogu -Res Publica, le Parti de la réforme, l'Union pour la patrie et le Parti social-démocrate- ont désigné la vice-présidente du Parlement, l'astrophysicienne Ene Ergma (Res), comme candidate pour le premier tour du scrutin présidentiel. « Nous avons choisi Ene Ergma parce qu'elle nous paraît plus susceptible d'obtenir le soutien de la plupart des formations politiques du Parlement » a souligné Taavi Veskimagi, président de Res Publica.
« Mettre Ene Ergma en avant plutôt que le vrai favori Tomaas Hendrik Ilves est une tentative pour éviter la réélection d'Arnold Rüütel » analyse le politologue de l'université de Tartu, Rein Toomla. Commentant sa désignation, Ene Ergma a déclaré que cela lui rappelait une ancienne blague selon laquelle les hommes s'effaçaient devant les femmes parce que du temps où ils vivaient dans des cavernes, ils laissaient les femmes les précéder afin de s'assurer qu'il n'y avait pas de prédateur à l'intérieur. La candidate a déclaré ne pas savoir pour l'heure si elle serait candidate devant le collège électoral dans le cas où le Parlement ne parviendrait pas à élire le futur Président de la République.
Si Ene Ergma n'est pas élue au premier tour de scrutin du Parlement, l'actuel député européen Tomaas Hendrik Ilves (SDE) sera candidat au deuxième tour de scrutin. Celui-ci a également déclaré qu'il serait candidat à l'élection par le collège électoral si le Parlement ne parvenait pas à élire le futur Président de la République.
Le 13 août, le Parti du centre a réuni les 130 membres (les dirigeants de la formation, son groupe parlementaire et ses représentants régionaux) de son conseil élargi à Tallinn. Le Président de la République en exercice, Arnold Rüütel, a prononcé un discours à l'issue duquel les membres du Conseil élargi ont choisi leur candidat par un vote secret. 94 personnes ont voté en faveur d'Arnold Rüütel, trois pour Ene Ergma et deux pour Tomaas Hendrik Ilves. « Le Président Arnold Rüütel est un véritable homme d'Etat, il a toujours été calme et a su identifier les risques quand cela a été nécessaire » a déclaré le leader du Parti du centre, Edgar Savisaar.
Concernant le choix du Parti du centre et les critiques dont celui a fait l'objet de la part des autres formations politiques comme de certains commentateurs politiques, Ain Seppik, leader du groupe parlementaire du Parti du centre, a mis en avant le fait que les candidats proposés par sa formation -le président du Parlement, Toomas Varek, le député Enn Eesma (EK) et le président du Conseil municipal de Tartu, Aadu Must (EK)- avaient été rapidement éliminés par les autres partis comme un signe de l'hypocrisie de ces derniers. « Il est particulièrement cynique que le Parti du centre soit celui qui est aujourd'hui blâmé pour l'échec des négociations » a déclaré Ain Seppik.
Le 14 août, l'Union du peuple (KE) et le Parti du centre ont officiellement signé leur accord de coopération stratégique en vue de l'élection présidentielle (soutien des deux formations à Arnold Rüütel) mais également des prochaines élections législatives prévues en mars 2007 (formation d'une alliance électorale entre les deux formations selon laquelle, en cas de victoire, le poste de Premier ministre reviendra au leader de la formation ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages). Les deux partis souhaitent former un « bloc électoral » jusqu'en 2011. Le texte contient de nombreuses promesses électorales : volonté d'un Etat fort, augmentation du seuil le plus bas de l'impôt sur le revenu, restauration d'un impôt sur le revenu plus progressif, augmentation des pensions de retraite, réforme de la santé, etc. Les deux formations se sont dit ouvertes à des négociations avec tout autre parti qui souhaiterait les rejoindre. « Je considère l'accord de coopération entre les deux partis comme quelque chose de remarquable et qui va vers l'avenir et j'espère qu'il contribuera à l'unification de la société estonienne » a déclaré, pour sa part, l'actuel Président de la République candidat à sa propre succession, Arnold Rüütel.
Eiki Nestor, député du Parti social-démocrate, a qualifié l'accord de « piège de propagande ». « Si l'on regarde cet accord, on a l'impression que les partis n'appartiennent pas à l'actuelle coalition gouvernementale » a-t-il souligné. Taavi Veskimagi, président de Res Publica, a affirmé que « l'alliance formée par les deux partis est en complète opposition avec l'Estonie actuelle et tout ce que le pays a réalisé jusqu'à aujourd'hui ». Le président de l'Union pour la patrie, Tonis Lukas, a souligné que l'accord critiquait « l'incompétence et l'inactivité des ministres du Parti du centre et de l'union du peuple qui sont actuellement chargés des salaires des policiers, du personnel médical, des enseignants, etc. ». « L'élection présidentielle est un moment important qui ne doit pas être confondu avec les élections législatives » a-t-il ajouté.
Selon une enquête d'opinion conduite par l'institut Faktum&Ariko, 37% des Estoniens souhaiteraient que Tomaas Hendrik Ilves devienne le prochain Président de la République, contre 27% qui se prononcent en faveur d'Arnold Rüütel et 18% pour Ene Ergma. Le député européen est soutenu par les plus jeunes (âgés de 18 à 34 ans) et les Estoniens tandis que l'actuel Chef de l'Etat est apprécié des plus âgés et des russophones. Enfin, Ene Ergma recueille la majorité de ses voix parmi les femmes et les personnes les plus diplômées. Les Estoniens considèrent néanmoins qu'Arnold Rüütel sera élu pour un deuxième mandat (38%, contre 24% qui anticipent une victoire de Tomaas Hendrik Ilves et 12% d'Ene Ergma).
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