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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Près de sept millions de Suédois sont appelés aux urnes le 17 septembre prochain pour renouveler l'ensemble de leurs représentants : nationaux (les 349 membres du Riksdag, Chambre unique du Parlement) mais aussi locaux (conseils d'administration et assemblées locales des 20 comtés et conseils municipaux des 290 municipalités du royaume). Ce calendrier électoral, qui fait coïncider les élections locales et nationales, entraîne traditionnellement une forte participation au scrutin et la prédominance des thèmes de politique nationale dans la campagne électorale. Gouvernée par les sociaux-démocrates (SAP) depuis 1994 –l'actuel Premier ministre, Göran Persson, est en poste depuis 1996- et durant 64 des 73 dernières années, la Suède pourrait cependant basculer vers la droite, les forces de l'opposition, unies pour la première fois, et le Parti social-démocrate au pouvoir, accusant une certaine usure du pouvoir, faisant pratiquement jeu égal dans toutes les enquêtes d'opinion.
Le système politique
La Suède est divisée en 29 circonscriptions électorales, chacune élisant en moyenne 11 représentants au Riksdag. La plus vaste de ces circonscriptions est celle de la capitale Stockholm qui élit 38 parlementaires. Pour accomplir leur devoir civique, les électeurs suédois peuvent se rendre aux urnes le jour de l'élection mais également voter par correspondance dans tous les bureaux de poste du pays durant les 18 jours qui précèdent le jour du scrutin.
Le mode de scrutin est proportionnel, les votes étant répartis selon la méthode modifiée de Sainte Lagüe avec un premier diviseur de 1,4. 310 sièges sont répartis entre les 29 circonscriptions, les 39 autres, appelés compensatoires, étant attribués aux différents partis en vue de leur assurer la représentativité la plus exacte possible au niveau national. Les candidats, élus à ces sièges compensatoires, le sont dans les circonscriptions où leur parti bénéficie du plus fort reste. Pour prendre part à la distribution de ces sièges, un parti doit avoir obtenu 4% des suffrages exprimés au niveau national ou 12% au sein d'une circonscription donnée.
Depuis les élections de 1998, les électeurs ont, en plus de voter pour un parti, la possibilité d'effectuer un vote préférentiel en faveur de l'un des candidats figurant sur les listes qui leur sont proposées par les partis et, par conséquent, de peser davantage sur l'attribution des sièges aux différentes formations. Lors du dépouillement, on détermine tout d'abord le nombre de sièges obtenus par chaque parti avant de déclarer élus les candidats de chaque liste ayant obtenu le plus grand nombre de voix sur leurs noms. Néanmoins, pour être élu selon ce système de vote préférentiel, un candidat doit avoir obtenu au moins 8% des suffrages recueillis par son parti dans une circonscription.
6,8 millions de Suédois, dont 116 000 vivant à l'étranger, voteront pour le scrutin législatif et 7 millions aux élections locales. Pour ces dernières, outre les Suédois, sont autorisés à voter les citoyens de l'Union européenne, les Norvégiens et les Islandais vivant dans le royaume et les personnes possédant la nationalité d'un autre Etat mais enregistrées comme résidentes en Suède depuis au moins trois années consécutives (soit 330 000 personnes).
Un nouveau découpage électoral a été effectué pour ces élections, donnant un siège supplémentaire au Riksdag aux comtés de Stockholm et d'Uppsala (les comtés d'Ostergötlands et de Västmanlands perdent chacun un siège).
Sept formations politiques sont actuellement représentées au Riksdag :
- le Parti social-démocrate (SAP), formation du Premier ministre Göran Persson, largement majoritaire et dominant la vie politique depuis de nombreuses années, compte 144 élus ;
- le Parti du rassemblement modéré (M), principal parti d'opposition dirigé par Fredrik Reinfeldt, situé à droite de l'échiquier politique, possède 55 députés ;
- le Parti du peuple-Les Libéraux (FpL), formation d'opposition de tendance social-libérale dont le leader est Lars Leijonborg. Devenu le troisième parti du pays en réalisant une véritable percée lors des dernières élections législatives du 15 septembre 2002 (plus 8,7 points), le FpL possède 48 députés ;
- le Parti chrétien-démocrate (KD), formation conservatrice créée en 1964 et dirigée par Göran Hägglund, possède 33 députés. Le parti a considérablement chuté dans les enquêtes d'opinion depuis le départ de son ancien leader Alf Svensson ;
- le Parti de la gauche (Vp), ex-Parti communiste dont le leader est Lars Ohly. Opposé à l'Union européenne, il compte 30 élus ;
- le Parti du centre (C), ex-Parti agrarien dirigé par Maud Olofsson et situé à droite sur l'échiquier politique. La formation, qui a récemment opté pour une orientation plus libérale, compte 22 élus ;
- le Parti de l'environnement-Les Verts (MP), formation politique de gauche créée en 1981 et fortement eurosceptique. Représentée par ses deux porte-parole, Peter Eriksson et Maria Wetterstrand, les Verts comptent 17 élus.
Ne disposant pas de la majorité absolue au Parlement, le Premier ministre Göran Persson s'appuie pour gouverner sur le soutien des écologistes et du Parti de la gauche. Lors des dernières élections du 15 septembre 2002, le Parti social-démocrate a nettement devancé ses rivaux de droite, progressant même en voix (+ 3,4%), une première pour une formation gouvernementale depuis la guerre. En revanche, les Verts s'étaient tout juste maintenus et le Parti de la gauche avait enregistré une baisse importante (- 3,6%).
Les « grandes » formations pourraient toutefois être malmenées lors des prochaines élections législatives par de nombreux petits partis de formation récente ou plus ancienne mais qui sont nombreux à avoir décidé de participer au scrutin du 17 septembre prochain. Ainsi, la Liste de Juin (J) présentera des candidats. Forte de son succès aux dernières élections européennes du 13 juin 2004 (14,4% des suffrages, trois des dix-neuf sièges au Parlement européen), cette formation eurosceptique propose de renforcer le nucléaire, de développer les référendums, de stopper l'intégration européenne de la Suède, de privatiser le système de santé, de rendre obligatoire un test de langue pour acquérir la nationalité suédoise et, enfin, de consacrer l'aide au développement en priorité aux régions défavorisées situées à l'Est de la mer Baltique. Autre formation qui pourrait menacer plus directement les forces de gauche, Initiative féministe (FI), parti créé en septembre 2005 par l'ancienne leader du Parti de la gauche, Gudrun Schyman. La formation demande, entre autres, l'établissement de nouvelles lois contre le viol, la fin de la différence de salaires entre hommes et femmes et la réduction des inégalités dans le congé parental. Les Démocrates suédois (SD), formation d'extrême droite, prône une réduction de l'immigration et le démantèlement de l'Union européenne. Implanté notamment dans le Sud du pays (9% des suffrages et 4 sièges au Conseil municipal de Kavlinge il y a quatre ans), le parti a beaucoup fait pour devenir respectable, remplaçant son ancien logo (une main portant une torche) par une anémone bleue.
Enfin, deux formations représentées au niveau local, le Parti de la santé (SVP), qui se bat pour une augmentation des prestations santé, et le Parti des intérêts des retraités suédois (SPI), dirigé par Brynolf Wendt, qui demande que l'argent consacré à l'aide internationale soit consacré à un relèvement des pensions de retraite ainsi qu'à l'établissement de lois plus sévères contre l'immigration, pourraient, selon les enquêtes d'opinion, créer la surprise lors des élections législatives du 17 septembre. « L'émergence de ces nouveaux partis remet en question la politique des blocs. Ils signent la fin de l'antagonisme gauche-droite » analyse Göran von Sydow, professeur de sciences politiques de l'université de Stockholm. « Depuis 2002, on assiste à une baisse de l'identification à un parti donné, en Suède où un cinquième de l'électorat ne sait pas pour qui voter » souligne Karl Magnus Johansson.
Les enjeux du scrutin
Le Parti chrétien-démocrate, le Parti du centre, le Parti du peuple-Les Libéraux (FpL) conduits par le dynamique et charismatique Lars Leijonberg et le Parti du rassemblement modéré, se sont regroupés, le 31 août 2004 à Högfors, village où vit la leader du Parti du centre, Maud Olofsson, en une coalition appelée L'Alliance pour la Suède, une première dans l'histoire du pays. Les quatre formations présentent un programme commun pour les élections législatives du 17 septembre même si chacune possède également son propre programme. Par ailleurs, les quatre partis semblent s'être mis d'accord sur le fait qu'en cas de victoire de L'Alliance le 17 septembre prochain, le leader de la formation ayant remporté le plus grand nombre de voix, devienne le futur Premier ministre.
Sous la conduite de son leader Fredrik Reinfeldt, le Parti du rassemblement modéré a abandonné son programme de coupes dans les dépenses sociales et de réduction d'impôts. Il prône désormais la défense de l'Etat providence (appelé Folkhemmet, la maison du peuple), auquel les Suédois sont très attachés, et promet la création de nouveaux emplois. Lors des dernières élections du 15 septembre 2002, les Suédois avait préféré la défense de leur système de protection sociale aux baisses d'impôts promises par les partis de l'opposition et le Parti du rassemblement modéré avait enregistré une sévère défaite, recueillant 15,1% des suffrages, son plus mauvais résultat depuis des décennies et perdant un tiers de ses électeurs et 27 de ses sièges au Parlement.
Fortement ébranlé dans la première moitié des années quatre-vingt dix (les finances publiques accusaient alors un déficit de 12% du PIB et le taux de chômage s'élevait à 9% de la population active), le modèle suédois a su parfaitement s'adapter aux évolutions mondiales en se teintant d'une forte dose de libéralisme et en s'imposant d'importantes réformes structurelles pour assainir ses finances publiques. La Suède, pays qui n'a jamais procédé à aucune nationalisation industrielle, a ainsi été l'un des premiers Etats européens (après le Royaume-Uni) à déréglementer ses marchés financiers et de nombreux secteurs économiques comme les transports, l'électricité. Les secteurs de l'éducation et de la santé ont également été ouverts aux entreprises privées. Par ailleurs, le maintien d'un Etat Providence puissant et de solides services publics n'ont pas empêché le royaume de procéder à des baisses d'impôts (l'impôt sur les sociétés de 28% est l'un des plus bas de l'Union européenne), à un plafonnement des dépenses publiques, à des coupes sévères dans les dépenses sociales, à une réforme du régime des retraites avec la création de fonds de pension complétant la partie (50%) assurée par la répartition et à l'instauration d'une grande flexibilité de l'emploi en contrepartie de laquelle les syndicats, qui regroupent environ 80% des salariés du pays, ont obtenu le développement de la formation professionnelle.
L'objectif premier des sociaux-démocrates, alliés au Parti de la gauche et au Parti de l'environnement-Les Verts pour le scrutin législatif, reste d'obtenir un gouvernement majoritaire à l'issue des élections législatives du 17 septembre. Le Parti de la gauche et les Verts demandent ouvertement à participer, en cas de victoire des forces de gauche, au prochain gouvernement.
Le Premier ministre, Göran Persson, peut s'enorgueillir de son bilan. Entre 1995 et 2005, la productivité s'est accrue dans le royaume de 2,5% par an et le PIB a connu une croissance de 3% ces deux dernières années. Le pays vient d'enregistrer au deuxième trimestre 2006 sa plus forte croissance depuis six ans : 5,6%. Les exportations sont également en forte hausse (+ 7% par an depuis quatre ans). Enfin, l'inflation est, depuis trois ans, inférieure à 1% et la dette publique est tombée en 2005 en dessous des 50% du PIB pour la première fois depuis dix ans. Le taux d'imposition suédois est le plus élevé d'Europe. Il s'élève à 51,4%, soit dix points au-dessus de la moyenne communautaire et le plus élevée du monde avec celui du Danemark. Les Suédois bénéficient d'un Etat providence généreux et de programmes sociaux performants et vivent dans l'une des sociétés les plus égalitaires de la planète. Ses bons résultats socioéconomiques et l'histoire suédoise (le royaume a toujours été un pays d'exportation) font que les Suédois sont, parmi les Européens, les plus nombreux après leurs voisins danois à considérer la mondialisation comme « une bonne opportunité pour les entreprises nationales grâce à l'ouverture des marchés » (Enquête Eurobaromètre spécial, février-mars 2006).
L'économie, et plus particulièrement le chômage, devraient être les thèmes majeurs de la campagne électorale, un nombre de plus en plus important de Suédois exprimant, en dépit de la bonne santé de l'économie, des inquiétudes croissantes quant à l'évolution du marché du travail. Les sociaux-démocrates refusent de considérer que la Suède connaît un problème de chômage et répètent que le système fonctionne bien et qu'ils ont pour projet de relever les prestations de santé. Pourtant, selon l'office des statistiques suédoises, seulement un Suédois sur trois en âge de travailler (âgé de 16 à 64 ans) possède un emploi. En outre, le chômage des jeunes serait l'un des plus élevés au sein de l'Union européenne. « Le gouvernement n'a pas été capable d'agir sur le problème le plus important pour un gouvernement social-démocrate, à savoir le chômage. Depuis 2003, discours après discours, le Premier ministre n'a cessé de répéter que l'économie allait de mieux en mieux et que le nombre d'emplois allait augmenter, mais rien n'est advenu et beaucoup de jeunes n'ont pas trouvé leur place sur le marché du travail » souligne Henrik Brors, analyste politique pour le quotidien Dagens Nyheter. De fait, Göran Persson a certainement été quelque peu empêché d'agir par ses alliés verts et du Parti de la gauche, défavorables à une plus grande flexibilité et opposés à toute réduction des impôts sur les bénéfices des sociétés.
En cas de victoire le 17 septembre, le gouvernement promet la création de 55 000 emplois en 2006 et en 2007, principalement dans le secteur public, et la poursuite du programme « Plus Jobs » qu'il a lancé pour agir sur l'emploi et qui subventionne les employeurs du secteur public qui emploient des salariés au chômage depuis plus de deux ans. Récemment, Göran Persson a présenté un projet qui obligerait les employeurs à offrir un contrat à plein temps aux personnes ayant travaillé à temps partiel dans leur entreprise pour une période d'au moins trois ans. Le Parti de la gauche et les Verts ont demandé que les petites entreprises soient exemptées de cette obligation. L'Alliance a rejeté cette proposition qui émane des syndicats du secteur public. La Fonction publique suédoise compte, en effet, un grand nombre de travailleurs temporaires.
Göran Persson a également promis d'augmenter les subventions en faveur des personnes bénéficiaires de pensions maladie et des retraités et d'investir plus d'argent dans l'aide sociale à domicile. Cette mesures sont estimées à environ un milliard de couronnes, soit 108 millions d'euro, ce qui exclut, selon les dires du Premier ministre lui-même, toute baisse des impôts. Le Premier ministre répète que l'arrivée de L'Alliance au pouvoir ferait monter le taux de chômage et affecterait durement les personnes bénéficiant de pensions maladie. Göran Persson dénonce la nouvelle orientation du Parti du rassemblement modéré et affirme que si la formation accède au pouvoir, elle mènera sa politique traditionnelle qui consiste à baisser les impôts et qui conduit in fine à un accroissement du fossé entre les riches et les pauvres, une politique que le Premier ministre qualifie de « programme américain ».
De son côté, L'Alliance propose d'accroître l'offre de travail en créant un meilleur environnement pour les entreprises et en exonérant d'impôts les personnes disposant des plus bas revenus. Le Parti du centre propose, de son côté, la création d'un contrat spécifique pour les moins de 26 ans, à l'image du contrat première embauche (CPE) proposé l'hiver dernier par le gouvernement français, autorisant les employeurs à se séparer d'eux plus aisément durant les deux premières années de leur embauche. Le Parti de la gauche et les Verts sont très critiques envers cette mesure qui, selon eux, mettrait les jeunes salariés en insécurité permanente.
Le leader du Parti du rassemblement modéré, Fredrik Reinfeldt, a, de fait, « social-démocratisé » sa formation, mettant désormais en avant l'importance des services publics et ne promettant plus que de modestes baisses d'impôts. Dans le programme du parti figure néanmoins une baisse des allocations chômage ainsi que la période durant laquelle celles-ci seront versées. « Les forces de droite veulent qu'il existe une différence réelle entre l'argent que reçoivent les personnes qui travaillent et celui que perçoivent ceux qui restent à la maison de façon à motiver les gens à chercher du travail. Telle est la différence majeure existant entre la droite et la gauche à ces élections législatives » affirme Henrik Brors, analyste politique pour le quotidien Dagens Nyheter. Le Parti du rassemblement modéré est vu par de plus en plus de Suédois comme une véritable alternative au Parti social-démocrate qui, pour la première fois, ne menacerait pas l'Etat providence. Les réalisations des sociaux-démocrates comme la qualité de vie dont bénéficie la population sont devenues des choses quasi-naturelles aux yeux de nombreux Suédois. La majeure partie d'entre eux ne les associe plus à une formation spécifique mais à la Suède elle-même. Aucun parti ne proposant de remettre en cause l'Etat providence, Göran Persson doit donc désormais convaincre les Suédois non pas que le modèle social-démocrate est bon pour la Suède mais que le Parti social-démocrate est le seul à pouvoir garantir le bon fonctionnement du système. Mais les sociaux-démocrates semblent avoir des difficultés à proposer de nouvelles idées et la personnalité originale de Göran Persson n'exerce plus sur les Suédois la séduction d'antan. « Ces élections législatives pourraient marquer la fin du gouvernement minoritaire des sociaux-démocrates (le dernier gouvernement majoritaire date de 1981 en Suède). Un gouvernement de coalition avec les Verts est une hypothèse envisageable. Ou bien L'Alliance peut gagner. Avec L'Alliance, les électeurs ont moins de raison de ne pas voter pour les partis de droite par rapport aux précédents regroupements des formations non sociales-démocrates et les gens peuvent être tentés par un changement qui n'aurait pas de conséquences dramatiques » analyse Peter Esaiasson, politologue à l'université de Göteborg.
Les idées du Parti social-démocrate semblent en effet démodées. Sa domination sur l'ensemble de la société est finalement devenue un handicap et la formation doit faire face à des accusations de corruption de plus en plus nombreuses contre certains de ses responsables. Ainsi, la révélation par la presse du montant de la généreuse pension perçue par Anitra Steen, l'épouse du Premier ministre, dirigeante du monopole d'Etat des détaillants d'alcool, Systembolaget a suscité un tollé dans le pays. De même, le 14 août dernier s'est ouvert le procès pour corruption d'Ilmar Reepalu, chef de l'exécutif de la municipalité de la troisième ville du pays, Malmö. Celui-ci est accusé d'avoir accepté d'un homme d'affaires un safari en Afrique pour lui et son épouse d'une valeur de 63 000 couronnes. Le leader social-démocrate déclare que ce safari était un cadeau d'anniversaire de l'entrepreneur qui est également son ami. Enfin, le Premier ministre a été récemment mis en cause pour n'avoir pas respecté la législation sur l'environnement lors de l'agrandissement de sa somptueuse maison de campagne. L'existence même de cette résidence lui a été reprochée. En effet, traditionnellement en Suède, les leaders sociaux-démocrates (par exemple, Olof Palme et Ingvar Carlsson) vivent dans de petites maisons, partageant le quotidien de la majorité de la population.
Durant la dernière législature, le gouvernement de Göran Persson a dû faire face à des moments difficiles. Ainsi, fin 2004, il a été accusé de réagir tardivement et faiblement à la crise engendrée par le tsunami qui a dévasté une partie de l'Asie du Sud-Est le 26 décembre 2004. Il avait fallu plusieurs jours pour que la Suède parvienne à se mobiliser alors que 20 000 Suédois se trouvaient dans la région, notamment en Thaïlande, au moment de la catastrophe dans laquelle 543 ressortissants avaient trouvé la mort. La ministre des Affaires étrangères, Laila Freivalds, qui avait admis avoir assisté à une représentation théâtrale le soir du drame, a été la cible de nombreuses critiques et a fini par démissionner le 21 mars dernier. La ministre de la Santé, Ylva Johansson était elle partie en vacances juste après l'annonce de la catastrophe donnant du gouvernement une image d'arrogance et d'égoïsme. En janvier 2005, une commission indépendante avait été chargée de faire la lumière sur les réactions du gouvernement. « Je suis le premier à regretter que nous n'ayons pas mesuré l'ampleur de la catastrophe » avait par la suite déclaré le Premier ministre.
Göran Persson a également essuyé durant sa législature un échec lors du référendum sur la monnaie unique qui s'est tenu le 14 septembre 2003, un scrutin entaché par l'assassinat quatre jours plus tôt de la ministre des Affaires étrangères, Anna Lindh. Favorable à l'adoption de l'euro, le Premier ministre s'était vu désavoué par les électeurs qui, à 56,1%, avaient choisi de dire « non » à l'entrée de leur pays dans l'Union économique et monétaire. Göran Persson s'était vu reprocher d'avoir lancé sa campagne trop tardivement et de ne pas avoir su prendre la véritable mesure du scepticisme des Suédois vis-à-vis de l'Union européenne et de l'euro. Le Premier ministre, qui avait multiplié les déclarations maladroites au cours de la campagne électorale, n'avait également pas su gérer les divisions existant au sein de sa majorité (le Parti de la gauche et les Verts étaient opposés à l'adoption de l'euro), y compris dans sa propre formation et dans son gouvernement et qui l'avaient obligé à rappeler à l'ordre quelques uns de ses ministres d'une façon abrupte qui avait déplu à la population. Cet échec néanmoins peut également être imputé aux formations de l'opposition qui, à l'exception du Parti du centre, s'étaient toutes déclarées en faveur du « oui ».
La dernière enquête d'opinion, réalisée par l'institut Skop et publiée par le journal Dagens Nyheter, donne les forces de L'Alliance gagnantes avec 49,1% des suffrages, contre 47% pour le Parti social-démocrate et ses alliés des verts et du Parti de la gauche. Un autre sondage, réalisé par l'institut Sifo et publié le 10 août par le quotidien Svenska Dagbladet, place l'opposition à 50,5% des voix, contre 46,1% pour les forces actuellement au pouvoir. Pour la première fois également, dans une enquête conduite par l'institut Sifo et publiée dans le Dagens Industri le 14 août, 47% des Suédois déclarent accorder leur confiance au leader du parti du rassemblement modéré, Fredrik Reinfeldt, contre 39% qui se prononcent en faveur de l'actuel Premier ministre, Göran Persson.
Pour l'heure, à un mois des élections législatives, droite et gauche se tiennent dans un mouchoir de poche mais environ 20% des suédois se déclarent encore indécis.
Rappel des résultats des élections législatives du 15 septembre 2002
Participation 79%

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