Elections législatives en Finlande, le point à une semaine du scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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9 mars 2007
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Elections législatives en Finlande, le point à une semaine du scrutin

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Le 18 mars prochain, les Finlandais renouvelleront les 200 membres de l'Eduskunta/Riksdag (nom finnois et suédois du Parlement). 2004 candidats (dont 60% d'hommes et 40% de femmes) issus de 18 formations politiques se présentent aux suffrages des électeurs pour ces élections législatives. Les listes du Parti social-démocrate (SPD) sont proches de la parité : 49,1% de candidates et 50,9% de candidats. Les Verts (VIHR), exemplaires sur ce sujet, présentent 52% de femmes : l'âge moyen de ses candidats est de 40 ans.

Le vote par anticipation est possible du 7 au 13 mars prochains dans 862 bureaux de vote situés dans des bureaux de poste, des bibliothèques, des mairies, mais également des centres commerciaux, des hôpitaux et des prisons.

Selon les enquêtes d'opinion, 30 à 40 députés devraient perdre leur siège. Les statistiques électorales montrent que, depuis 40 ans, environ un quart des parlementaires candidats à leur réélection ne conservent pas leur siège, chaque scrutin législatif amenant environ un tiers de nouveaux députés. Lors des dernières élections du 16 mars 2003, ce nombre s'est élevé à 62. Les candidats présents depuis plusieurs décennies dans la vie politique et ayant déjà occupé de hautes fonctions à la tête de l'Etat comme, par exemple, les anciens ministres Erkki Tuomioja, Pertti Salolainen, Paavo Väyrynen et Cales Andersson ou l'ancien médiateur du Parlement européen, Jacob Söderman, sont très présents dans la campagne.

Le Parti social-démocrate espère obtenir, le 18 mars, sa première victoire aux îles Aland avec l'élection de Barbro Sundback, actuelle présidente du Parlement de l'archipel. Aucun social-démocrate ou aucune femme n'a jamais remporté l'unique siège de député de la circonscription des îles Aland. Barbro Sundback affronte Magnus Lundberg (KESK), Roger Eriksson (Parti libéral d'Aland, LPA) et Elisabeth Naucler (candidate indépendante).

Les formations actuellement au pouvoir, le Parti social-démocrate et le Parti du centre (KESK), sont les favoris du scrutin du 18 mars prochain et l'ensemble des enquêtes d'opinion prévoient la reconduction de l'actuelle coalition gouvernementale (celle-ci comprend, outre le SPD et le KESK, le Parti du peuple suédois, SFP). Au fil de la campagne, des tensions sont néanmoins apparues entre ces deux partis comme entre eux et la principale formation d'opposition, le Rassemblement conservateur (KOK).

Le président du groupe parlementaire du Parti du centre, Timo Kalli, a mis en garde les électeurs contre une éventuelle « gauchisation » de la Finlande si le leader du Parti social-démocrate, Eero Heinäluoma, était désigné au poste de Premier ministre. « Les récentes déclarations de Eero Heinäluoma nous rappelle le Parti social-démocrate des années 70 lorsque celui-ci pensait résoudre tous les problèmes en augmentant les dépenses de l'Etat » a-t-il souligné. Le Parti du centre a accusé le SPD, par la voix de son secrétaire général, Jarmo Korhonen, de souhaiter un retour de la coalition arc-en-ciel (SPD-KOK-Verts-Alliance des gauches, VAS, et SFP) au pouvoir durant la précédente législature. Des propos qui ont eu le don d'irriter le Rassemblement conservateur qui n'y voit qu'une façon pour les deux formations au pouvoir de cacher le fait qu'elles se sont concertées, d'ores et déjà, sur la formation du prochain gouvernement. Les deux partis, situés à droite, convoitent tous deux un partenariat avec le Parti social-démocrate, aucun d'entre eux n'évoquant la possibilité d'un gouvernement de droite, une perspective que les sociaux-démocrates n'hésitent pas à mettre en avant pour mobiliser leurs électeurs.

Lors de la séance de clôture des travaux du Parlement, Timo Kalli et son homologue au Parti social-démocrate, Jouni Backman, se sont félicités de la bonne coopération de leurs formations au gouvernement durant les quatre dernières années. « Nous possédons une bonne base, il nous est facile de continuer ensemble dans un futur gouvernement » a déclaré Timo Kalli. Ces propos ont fait violemment réagir Jyrki Häkämies, président du groupe parlementaire du Rassemblement conservateur, qui a déclaré : « C'est une nouveauté que de constater d'office que les élections seront une simple formalité pour le futur gouvernement de coalition entre sociaux-démocrates et centristes ». Le Rassemblement conservateur se présente comme le seul parti du changement et appelle tous les Finlandais qui désirent une autre politique à le soutenir.

Tous les partis promettent des diminutions fiscales et une hausse des dépenses publiques. Les trois principales formations (Parti social-démocrate, Parti du centre et Rassemblement conservateur) proposent une baisse des impôts sur les pensions de retraites, sur l'emploi, sur les droits de succession et une augmentation des allocations familiales. Le Parti du centre et le Parti social-démocrate souhaitent également augmenter les emplois dans le secteur des services aux personnes âgées, ainsi que les crédits destinés aux infrastructures de transport.

Du côté des « petites » formations, l'Alliance des gauches a centré sa campagne électorale sur l'emploi. Le parti critique la politique fiscale du gouvernement qui a favorisé les riches, tandis que l'emploi n'a pas augmenté autant que la croissance économique l'aurait permis. Le programme du Parti chrétien-démocrate (SKL) est centré sur la politique familiale, les personnes âgées et les jeunes. Sans surprise, les Verts mettent l'accent sur l'environnement. « Le gouvernement a eu quatre ans pour agir. Maintenant, juste avant les élections législatives, il se réveille et parle d'énergie et des problèmes climatiques » souligne Iiris Kivimaki. Enfin, les Vrais Finlandais (PS) se battent pour une nouvelle politique de l'immigration et une approche plus critique de l'Union européenne.

De façon inhabituelle, le thème de l'adhésion à l'OTAN, serpent de mer de la vie politique, n'est pas très présent dans cette campagne électorale. Le Rassemblement conservateur est favorable à l'adhésion de la Finlande à l'Alliance atlantique, mais souhaite que la question soit in fine tranchée par la population ; le Parti du centre et le Parti social-démocrate se disent ouverts à une discussion sur l'OTAN. Le Parti du peuple suédois, jusque là favorable à l'adhésion, semble désormais plus en retrait ; les Verts, l'Alliance des gauches, le Parti chrétien-démocrate et les Vrais Finlandais y sont opposés.

Selon une enquête d'opinion, réalisée par l'institut Suomen Gallup en novembre 2006 et publiée par le Helsingin Sanomat, la majorité de la population est opposée à l'entrée du pays dans l'OTAN (59%, + 4points en un an). L'engagement de la Finlande dans des conflits qui ne concerneraient pas directement le pays constitue la raison principale de ce refus. Beaucoup des personnes interrogées s'élèvent contre l'augmentation des dépenses militaires que l'appartenance à l'OTAN impliquerait ; d'autres mettent en avant le fait que l'appartenance à l'Union européenne constitue une garantie suffisante de la sécurité du pays. Les sympathisants du Rassemblement conservateur sont les plus nombreux à être favorables à une adhésion de la Finlande à l'Alliance atlantique (53%, - 6 points par rapport à 2005). Les plus jeunes y sont, en revanche, les plus réfractaires : 70% des personnes âgées de 15 à 24 ans s'opposent à l'entrée du pays dans l'OTAN (+ 12 points en un an). Une majorité de la population souhaite que cette question soit soumise à référendum.

Une enquête d'opinion, menée auprès des candidats aux élections législatives, a révélé que trois quarts (70%) défendent la neutralité de la Finlande. Néanmoins, la moitié des candidats se déclarent favorables à une hausse du budget de la défense, un chiffre en forte augmentation par rapport à celui enregistré à la veille du scrutin législatif du 16 mars 2003. La grande majorité des candidats du Rassemblement conservateur se prononcent pour l'adhésion du pays à l'OTAN (82%), tandis que 80% des centristes et des sociaux-démocrates y sont opposés comme 90% des candidats verts ou issus de l'Alliance des gauches.

Les eurodéputés finlandais ont exprimé le souhait que l'Europe soit plus présente dans la campagne électorale. « Les éventuels Premiers ministres devraient au moins se prononcer sur ce sujet » a déclaré Piia-Noora Kauppi (KOK). « Les députés croient trop souvent que les sujets sur l'Union européenne ne les concernent pas » a renchéri Riitta Myller (SPD). Les trois principales formations partagent des vues similaires sur le traité constitutionnel, l'avenir de l'élargissement et l'importance de l'Union européenne. La question européenne a été abordée lors du débat télévisé du 1er mars dernier qui a réuni le Premier ministre Matti Vanhanen, le leader du Parti social-démocrate Eero Heinäluoma et celui du Rassemblement conservateur, Jyrki Katainen et qui a été animé par Jorma Olilla, ancien PDG de Nokia et actuel président de la Délégation de la vie économique (EVA). Amenés à citer lors de cette émission, la partie du monde avec laquelle la Finlande doit développer ses relations, Matti Vanhanen a désigné l'Asie, Eero Heinäluoma, l'Afrique et Jyrki Katainen, les Etats-Unis.

De son côté, l'Organisation centrale des syndicats (SAK), l'une des trois centrales syndicales du pays, a lancé une campagne contre l'abstention électorale. On notera que le syndicat a décidé de ne pas prendre position pour les élections législatives du 18 mars prochain, déclarant que l'objectif de sa campagne en faveur de la participation était « d'avoir au Parlement des députés qui comprennent la cause des salariés ».

La dernière enquête d'opinion, réalisée par l'institut Taloustutkimus pour la chaîne de télévision YLE, crédite le Parti du centre de la majorité des suffrages : 24,6%, contre 22,13% pour le Parti social-démocrate et 21,9% pour le Rassemblement conservateur. Cette dernière formation est cependant en hausse par rapport au précédent sondage de l'institut (+ 1,6 point) tandis que le SPD enregistre un recul (- 1,5 point), le Parti du centre restant stable. Les enquêtes d'opinion montrent également que les Finlandais souhaitent de façon majoritaire que Matti Vanhanen soit reconduit dans ses fonctions de Premier ministre. Le leader du Parti du centre a exprimé sa confiance dans sa formation en vue des élections législatives du 18 mars : « J'ai l'impression que les trois partis de l'actuel gouvernement obtiendront de bons résultats. Cela nous permettrait de réunir les conditions nécessaires pour continuer notre travail ensemble et nous mettre d'accord sur un nouveau programme ». Pour le Premier ministre, la position du Parti du centre, qu'il souhaite voir devenir la première formation de Finlande, constitue le véritable enjeu du scrutin.

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