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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Le 21 mai prochain, les Chypriotes renouvelleront leur Chambre des représentants lors des premières élections législatives organisées depuis le référendum du 24 avril 2004 sur le plan de paix proposé par les Nations Unies en vue de la réunification du pays après 30 ans de divisions et de négociations inabouties entre les communautés grecque et turque de l'île.
497 personnes représentant onze formations politiques, soit trente-trois de moins que lors du dernier scrutin du 27 mai 2001, sont officiellement candidates à ces élections. Par ailleurs, huit membres des trois minorités représentées à la Chambre des représentants seront également candidats : deux catholiques romains, deux Arméniens et quatre maronites. Le vote est obligatoire à Chypre même si depuis quinze ans, aucun abstentionniste n'a été sanctionné pour ne pas avoir rempli son devoir civique. 30 000 jeunes Chypriotes sont appelés aux urnes pour la première fois le 21 mai prochain.
Seuls six des 56 députés actuellement en poste ne se représenteront pas devant les électeurs dont Vassos Lyssarides, âgé de 85 ans (dont 46 d'activité politique) et qui est l'actuel doyen de la Chambre des représentants. Fondateur de la formation sociale-démocrate, le Mouvement des sociaux démocrates-Union du centre (EDEK), en 1969, Vassos Lyssarides a été l'un des plus farouches opposants au plan de paix proposé par les Nations Unies en vue de la réunification du pays et sur lequel l'ensemble des habitants de l'île avaient été appelés à se prononcer le 24 avril 2004 par référendum. Les Chypriotes grecs s'étaient prononcés à 75,83% contre 24,17% de la population qui avaient approuvé l'initiative onusienne. En revanche, 64,9% des Chypriotes turcs avaient voté « oui » contre 35,1% qui s'y étaient déclarés opposés.
Le vote des électeurs le 21 mai prochain fournira une indication de l'état d'esprit des Chypriotes deux ans après le référendum. A l'issue de ce scrutin, les formations politiques devront décider des façons qu'elles privilégieront pour faire avancer le dossier chypriote à moins qu'elles ne choisissent de laisser les choses en l'état. Les dernières enquêtes d'opinion montrent que les Chypriotes sont encore très nombreux (64%) à accorder leur confiance au Président de la République et Chef du gouvernement, Tassos Papadopoulos (Parti démocratique, DIKO) - à Chypre, le Président de la République possède également le titre et les fonctions de Chef du gouvernement - et qu'ils sont de moins en moins nombreux à exprimer le désir de vivre avec les Chypriotes turcs. Selon cette même enquête d'opinion, 48% des Chypriotes grecs, et 63% des plus jeunes âgés de 18 à 24 ans, déclarent qu'ils préfèrent vivre séparés des chypriotes turcs. Deux ans plus tôt, 67% des personnes interrogées se disaient favorables à la réunification de l'île. Enfin, la moitié des Chypriotes grecs (50%) sont opposés à la reprise du dialogue entre les deux communautés de l'île sur la base du plan de paix proposé par les Nations Unies.
Le président de la Chambre des représentants et secrétaire général du Parti progressiste des travailleurs (AKEL), Demetris Christofias, s'est entretenu récemment avec la vice-présidente de la Commission européenne, Margot Wallström, et le Commissaire chargé de l'élargissement, Olli Rehn, à propos du problème de la division de Chypre. « Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que l'été prochain, juste avant l'évaluation de la Turquie par la Commission européenne en octobre et avant les élections législatives turques prévues à l'automne 2007, était une bonne période pour prendre des initiatives » a t-il déclaré.
Neshe Yashin, qui a créé l'événement en devenant la première Chypriote turque à se porter candidate pour un poste de députée, connaît cependant d'importantes difficultés à mener sa campagne : en effet, de langue maternelle turque, la poétesse, âgée de quarante-sept ans, ne parle que très peu le grec. « Neshe Yashin veut faire passer un message fort » souligne le secrétaire général des Démocrates unis (EDI), formation sous laquelle se présente la poétesse. « Neshe Yashin est le symbole de gens fatigués mais qui rêvent encore et qui ont une vision de la réunification. Son élection serait une révolution dans l'état actuel de statu quo que connaît Chypre». « En invitant des Chypriotes grecs à voter en faveur d'une Chypriote turque, je vois ma candidature comme un challenge contre la montée du nationalisme. Je me bats en faveur d'une île réunifiée » déclare Neshe Yashin. La candidate a volontairement évité certains sujets et prêche en faveur d'une démilitarisation et de nouvelles négociations autour d'une solution fédérale au problème de Chypre. « Aujourd'hui, plus personne ne parle de l'avenir » déplore Neshe Yashin .
A une semaine du scrutin, les enquêtes d'opinion donnent le Parti progressiste des travailleurs vainqueur des élections législatives du 21 mai prochain. La formation majoritaire de la Chambre des représentants serait suivie de près par le Rassemblement démocratique (DISY) et, d'un peu plus loin, du Parti démocratique. Cependant, les sondages montrent que le poids de chacune des deux principales formations politiques de l'île s'amoindrit au fil des scrutins, ce dont bénéficie la formation du Président de la République et Chef du gouvernement Tassos Papadopoulos. En outre, le nombre d'indécis, environ 10% des personnes interrogées, est particulièrement élevé pour ces élections, ce qui rend difficile toute prévision électorale. « Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles la prévision des résultats est aujourd'hui difficile » souligne le politologue Yiannis Mavris, « la première est la façon dont chacune des formations politiques a géré l'après référendum du 24 avril 2004 et la deuxième réside dans le fait que le comportement abstentionniste est de plus en plus toléré : ainsi, lors des élections européennes du 13 juin 2004, les autorités avaient officiellement averti qu'elles ne sanctionneraient pas les personnes qui choisiraient de s'abstenir ». Enfin, le politologue rappelle qu'ont été récemment créées deux nouvelles formations politiques - Démocratie européenne (ED) en juillet 2004 et le Parti européen (EK) en juillet 2005 - pour lesquelles l'on ne dispose pas d'aucune donnée sur lesquelles s'appuyer pour anticiper leurs résultats le 21 mai prochain. « L'intérêt des Chypriotes à l'égard de ces élections législatives est moindre par rapport à ce qu'il était pour les scrutins précédents » conclut Yiannis Mavris.
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